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Chant sixième.
C'est ici que tomba l'élite de nos braves!
C'est ici que mon frère est mort pour son pays,
Mort, à la fleur des ans, sous le plomb des Bataves,
La tête emportée en débris.
O celui-là, du moins, n'a pas jeté ses armes,
N'a pas abandonné son poste périlleux:
Inébranlable, et sourd au fracas des alarmes,
Il est tombé sans peur et sans cligner les yeux.
C'est bien. Il a rempli sa tâche,
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Et nul, mon père, ne dira:
‘Ton fils Antoine fut un lâche.’
C'est bien. Gloire à qui le suivra!
Gloire? non, non; pitié, pitié pour tous ces hommes
Pour qui le don d'un sabre est un bienfait du Ciel,
Qui, l'oeil tout flamboyant, répondent: nous y sommes,
Quand du tambour, ils entendent l'appel;
Plongent dans les combats comme au fond d'une orgie,
Et de retour au camp sous un drapeau vainqueur
Jettent de longs regards sur la plaine rougie
Où, sous le feu, s'exalta leur valeur;
Puis tombent, égarés, sur un lit de souffrance,
Et meurent dans leur sang en se plaignant tout haut,
Que le vieux général qui guida leur vaillance
Toujours, au camp, les ramène trop tôt.
Guerriers! Pour le bonheur du monde
Vous ne pouvez plus rien. Non, vos chefs ne sont plus
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Les symboles vivans du Verbe qui féconde.
Place donc à d'autres Élus!
Place! L'humanité ne veut plus de la guerre,
Et du sein de vos rangs troués par le canon,
Ne s'élancera plus au faite de la terre
En vain reclouez-vous le char de la Vengeance,
Dans la tranchée, en vain, rougissent les boulets,
S'ajuste la cuirasse, et s'aiguise la lance,
Et frémit le chien des mousquets.
Dieu ne permettra point que votre main parjure
Brise l'agraffe d'or de la riche ceinture
Que lui-même a nouée autour des flancs sauvages
De la terre souffrante et livrée aux ravages
Pour calmer ses douleurs, pour amortir ses haines,
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Et pour transmettre au sang qui coule dans ses veines
Jetez donc là le glaive et ce sombre plumage
Qui déjà tombe et mue au souffle de la Paix,
Et jonchera bientôt de son bariolage
L'anti-chambre du grand palais.
Guerriers! je vous le dis: l'homme est las de la guerre.
Le sang versé par vous sera du sang perdu
Quelque pur qu'il puisse être.... Aussi le tien, mon frère,
Fut-il vainement répandu,
Et ne fera-t-il pas, au fond de nos vallées,
Disparaître et périr l'herbe aux sucs vénimeux,
Ni pousser, dans nos champs, des gerbes étoilées,
Et pourtant je ne puis te plaindre;
Je ne regrette point ta mort,
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Et je sens, chaque jour, s'éteindre
Ma tendre pitié pour ton sort.
Échappé, grand et pur, d'un combat trop funeste, (8)
On aurait fait de toi ce qu'on a fait de nous,
On t'aurait vendu, frère, en masse avec le reste,
A notre vieux Maître en courroux;
Tandis que, maintenant, loin d'un peuple d'esclaves,
Tu dors, enveloppé de ton grand manteau bleu,
Tu dors, heureux et libre, et cher à tous les braves,
Au sein paternel de ton Dieu!
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