Verzamelde gedichten(1968)–Victor E. van Vriesland– Auteursrechtelijk beschermd Vorige Volgende [pagina 247] [p. 247] Commentaire au crépuscule La cloche tinte. Déjà se lève, incrédule, L'ironique lune, mince plaque d'étain. Se souvient-elle de nos longs conciliabules: Des mots dits en route, des regards, du chemin? Pâle confidente des premiers entretiens, Lune, et toi, Mort, greffier des ultimes répliques, Échangez vos rôles anciens et incertains: Espoir et désespoir deviennent identiques. Raille, à ces coeurs trop flous opposant le mépris, La basse complaisance humaine, esprit sévère; Pourtant ton jugement trop juste ne surgit Que d'un rêve imprécis où tu ne te vois guère. Pusillanime peur, prétexte maladroit! Le mal qui me confond est un heureux miracle, Lequel, pour compromettre un amour sans émoi, N'en écarte pas moins comme un dernier obstacle. Au mot d'ordre imminent d'une mort gouailleuse Je saurai désormais répondre sans effroi: Ce sera la conclusion silencieuse, Qui me rapprochera davantage de toi. La cloche tinte, et c'est déjà le soir qui vient, S'avançant doucement vers la maison déserte; Ainsi ma vie où ta chère image s'éteint De silence et d'oubli bientôt sera couverte. Je ne regrette plus cette jeunesse avide Et tant de mouvement qui n'aboutit à rien: [pagina 248] [p. 248] Audace, amour, souci, tout rente dans le vide Que le sage entrevoit sans crainte et sans entrain. Me noyant dans des flots de chair, hagard, qui crie Au secours, tel encor je me revois de loin. Aujourd'hui j'assiste à ce naufrage, et le nie, Les yeux secs, le coeur froid, immobile témoin. L'oeuvre de chair jamais de rien n'est responsable, Ainsi l'homme parlant tout haut sans le savoir. La faiblesse demande un pardon préalable Qui soit au désir du désordre un repoussoir. Mes amours, en somme, n'ont été que mon ombre, Où je me suis retrouvé douloureusement; J'ai voulu que l'on m'arrachât ce rêve sombre, Le plus tenace, le plus mien, le plus tuant. La seule force véritable est le réel - Quand tu m'as aperçu j'étais pourri de songes -; Trop tard, hélas, m'a pénétré son dur appel, Réveillant à la fin le remords qui me ronge. Ce soir, les cloches, les parfums, tout me rappelle Ces sentiers jadis longtemps gravis par nous deux. Tu t'arrêtais parfois cueillant des gentianelles, Puis la vague clarté de ton corsage bleu Retraversait, lente, la brune solennelle. Vorige Volgende