Avx Lectevrs.
CEvx qui ne me cognoissent point bien, auront (peut estre) estrange, ou, mauuaise opinion de moy, pource que celuy qui n'est pas François, ains Flamen, & de Langue, & de naissance, ait osé entreprendre de faire des Colloques, & autres choses en langage François, & penseront quelques vns, que ie le face, ou, pour ambition de gloire, ou, d'argent, ou bien, par enuie, pour anichiler le labeur d'autruy, & exalter le mien seul. Mais que toutes ces opinions soyent faulses, appert bien, parce que ie me sens sens tellement incoupable de tels crimes, que ie ne crain point le mesdire, ni le blasmer de personne du monde: Voire, ie say bien, & ne doute nullement, que les François natifs, & ceux qui ont bon iugement, ne prendront iamais en mauuaise part, ce que i'ay fait iusques à l'heure presente. Pource que ie n'ay rien composé, si non ce, à quoy les François naturels, & gents doctes, ne voudroient employer leur tems, car ce n'est que chose, seruant aux apprentifs, & enfants, ou ieunes gents, ausquels i'essaye de donner vn desir & esguillon d'amour, qui les incite & induise à lire Liures & Autheurs, qui escriuent plus doctement, & desquels ils peuuent puiser la totale parfection de ceste langue Françoise. Mais quand bien i'y pense comment seroit il poßible, que les Francois, ou gents de bon entendement, ou sain iugement, conceussent autre opinion que bonne de moy, attendu, que lon voit bien, que ie ne cerche autre chose, que de recommander & faire fleurir leur langage, entre Gents d'estrange Nation, m'offrant de le leur monstrer, d'vne telle facilité, qu'il n'est quasi poßible de plus, & par ce mesme moyen, ne fay que purifier & faciliter ce que parauant, sembloit à d'aucuns (& principalement aux Hauts Alemans) fort difficile, confuz & malaisé à entendre & apprendre. Ce que i'en dis, n'est pas par coniecture, ou (comme on dit en commun Prouerbe, Ie n'en iuge point, comme l' Aueugle des couleurs) car i'ay esté le premier, qui ait monstré la Langue Francoise aux Hauts Alemans, & à mon aduis, il n'y à Nation en toute l' Europe, à qui il soit plus difficile d'enseigner ceste Langue (pour la grande difference qu'il-y-a, entre le vray Haut Aleman, & le naif Francois) qu'à ceux la: Toutes-fois mon entreprise m'est assez bien succedée, car (parlant sans vanterie) I'ay heureusement miz en effect, ce que plusieurs pardeuant moy, n'ont iamais seu mener à bonne Fin. &c.