Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 77] [p. 77] L'heure mauvaise Depuis ces temps troublés d'adieux et de retours Et de soudaine lassitude D'être celui qui va, cerné de solitude, Mes jours toujours plus lourds s'en vontroulant leur cours. J'avais foi dans ma tête; elle était ma hantise. Et mon entêtement - haine et splendeur - vermeil, Où s'allumait l'intérieur soleil, Dardait contre le bloc de roc de la bêtise. [pagina 78] [p. 78] De vivre ainsi hautement, j'avais Muette joie à me sentir et seul et triste, Ne croyant plus qu'à ma perdurance d'artiste Et à l'oeuvre que je rêvais. Celle qui se levait tranquille et douce et bonne Et s'en allait par de simples chemins, Vers les foyers humains, Où l'on pardonne. Ah! comme il fut plombant ce soir d'opacité, Quand mon âme minée infiniment de doutes, En tout à coup d'arbre à terre barra mes routes Et lézarda, craquement noir, ma volonté. A tout jamais mortes, mes fermetés brandies! Mespoings? flasques; mes yeux? fanés; mes orgueils? serfs; Mon sang coulait péniblement jusqu'à mes nerfs Et comme des suçoirs gluaient mes maladies. Et maintenant que je m'en vais vers le hasard... Dites, le voeu qu'en un lointain de sépulture, Comme un marbre brûlé de gloire et de torture, Rouge éternellement se crispera mon art! (1887) Vorige Volgende