Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 17] [p. 17] Vénus ardente En ce soir de couleurs, en ce soir de parfums, Voici grandir l'orgueil d'un puissant crépuscule Plein de flambeaux cachés et de miroirs défunts. Un chêne avec colère, à l'horizon, s'accule Et, foudroyé, redresse encor ses poings au ciel. Le cadavre du jour flotte sur les pâtures Et, parmi le couchant éclaboussé de fiel, Planent de noirs corbeaux dans l'er des pourritures. Et le cerveau, certes morne et lassé, soudain S'éveille en ces heures de fastueux silence Et resonge son rêve infiniment lointain, [pagina 18] [p. 18] Où la vie allumait sa rouge violence Et, comme un grand brasier, brûlait la volonté. Et le désir jappant et la ferveur torride Ressuscitent le coeur mollassement dompté, Et voici que renaît Vénus fauve et splendide, Guerrière encor, comme aux siècles païens et clairs, Qui l'adoraient en des fêtes tumultueuses, Tandis qu'elle dressait, comme un pavois, ses chairs, Pâle, le cou dardé, les narines fougueuses. (1886) Vorige Volgende