La Belgique sanglante
(1915)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekend
[pagina 7]
| |
[pagina 9]
| |
DédicaceCelui qui composa ce livre où la haine ne se dissimule point, était jadis un vivant pacifique. Il admirait bien des peuples; il en aimait quelques-uns. Parmi ceux-là se rangeait l'Allemagne. N'était-elle pas féconde, travailleuse, entreprenante, audacieuse et organisée mieux qu'aucune autre nation? N'offrait-elle point à ceux qui la visitaient l'impression de la sécurité dans la force? Ne regardait-elle point avec les yeux les plus aigus et les plus ardents qui fussent, l'avenir? La Guerre survint. L'Allemagne parut autre, immédiatement. Sa force se fit injuste, fourbe, féroce. Elle n'eut plus d'autre orgueil que celui d'une tyrannie | |
[pagina 10]
| |
méthodique. Elle devint le fléau dont il faut se défendre afin que la vie haute ne périsse point sur la terre. Pour l'auteur de ce livre, aucune désillusion ne fut plus grande ni plus soudaine. Elle le frappa au point qu'il ne se crut plus le même homme. Pourtant comme en cet état de haine où il se trouve, sa conscience lui semble comme diminuée, il dédie avec émotion, ces pages à l'homme qu'il fut autrefois.
ÉMILE VERHAEREN
Saint-Cloud, le 19 Avril 1915. |
|