d'avocats et de procureurs, de l'envie blafarde. La foi, la justice et la vertu se sont réfugiées dans les champs.
La cour royale est condamnée tout autant que la ville. La couronne et la pourpre sont des symboles de la perfidie, de l'envie et de la flatterie.
Les profits matériels de la vie de campagne sont hautement appréciés. La louange des mets non achetés au marché, mais qu'on a cultivés soi-m^eme, est chantée sur tous les tons. C'est encore une des idées qui ont été vulgarisées de la même façon, par la seconde Epode d'Horace.
L'amitié, ou plutôt l'accueil hospitalier d'amis d'un haut niveau culturel constitue un des thèmes obligatoires de cette littérature. Le besoin d'activité culturelle se démontre constamment. Les autobiographes révèlent leurs préférences littéraires et scientifiques tandis que les panégyristes glorifient leurs patrons comme d'importants poètes. De nombreux poèmes ont été écrits dans un style érudit et montrent un emploi abondant de l'arsenal de la mythologie et de l'histoire classiques. L'antiquité d'une part, l'Ancien et le Nouveau Testament d'autre part, offrent toute une suite de sages et de personnes illustres qui ont préféré la vie à la campagne à celle de la ville; ils ont, pour ainsi dire, canonisé la matière.
L'amour n'est pas, comme dans la littérature pastorale, l'aspiration à la main de la jeune fille, mais c'est l'amour conjugal d'une femme qui est mère de familie en même temps que camarade et assistante de son mari: elle sait gouverner et diriger la ‘maison de campagne’.
Nous avons ici des distinctions bien accusées entre la poésie pastorale et le genre qui nous occupe et qui, du reste, bien qu'il soit proche parent de la pastorale, ne connaît pas par exemple la fainéantise, les noms de bergers, le temps invariablement serein.
Un des auteurs de poèmes de maison de campagne, Wellekens, a fait preuve d' une claire conscience de l'affinité des deux genres littéraires, mais en même temps des différences considérables qui les séparent. Et bien qu'il y ait plusieurs poètes qui ont contribué à chaque catégorie, on ne voit presque nulle part des confusions.
Les ouvrages néerlandais sont caractérisés par leur orientation religieuse. Le poète regarde la nature comme une révélation divine. Pourvu qu'on ait l'intelligence d'ouvrir le livre de la nature, on y trouve les intentions de Dieu qui nous y enseigne sans paroles comment nous pourrons acquérir le salut éternel, mais aussi comment nous devons élever nos enfants: somme toute, nous y trouvons la vie saine et sage.
Les phénomènes de la nature sont interprétés comme des emblèmes: la nature est un don de Dieu à l'homme et par conséquent celui-ci a non seulement le droit, mais encore l'obligation de jouir des mets non achetés.