Le théâtre villageois en Flandre. Deel 2
(1881)–Edmond Vander Straeten– AuteursrechtvrijCaprycke.Des Ghesellen de rhétorique reçoivent du magistrat, en 1451, une indemnisation de six livres parisis, pour l'exhibition, à la Pentecôte, du mystère de Passie. Cette représentation a lieu, avec la coopération de laïcs, dans l'église paroissiale, au retour de la procession. En 1458 et 1477, l'ommegang est rehaussé d'ébattements divers. En 1517, 1520 et 1530, des pièces se jouent, à la Fête-Dieu, devant le scepenhuuse. Des zweerdspelers s'y mêlent probablement, car, d'après les comptes d'Assenede, des danseurs de ce genre sont signalés, en cette dernière localité, en 1519, comme venant de Caprycke; ils y donnent des séances extrêmement goûtées des habitants, et reçoivent, de ce chef, une gratification de deux livres douze sous parisisGa naar voetnoot(1). En 1539, des amateurs participent à un concours de poésie, à Thielt; l'un deux résout les deux questions proposées. Les rhétoriciens célèbrent, par des représentations spéciales, les bienfaits de la paix, en 1480 et 1526, et les joyeusetés de la | |
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CAPRYCKE.
Blason des Berkenisten. (Confrères du Bouleau). 1539 | |
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fète communale sont marquées, grâce à eux, par des ébattements qui attirent, chaque fois, un nombreux concours de spectateurs. Les écoliers, Jonghens, se produisent à partir de 1480. Une nouvelle association: De heere vanden Droghen met zynen ghezellen, prend part, en 1523 et 1527, aux divertissements du mardi-gras, et donne des représentations devant l'hôtel communal. Les rhétoriciens interviennent dans les réjouissances de l'Épiphanie. Leur répertoire se compose jusqu'ici de quatre pièces exclusivement religieuses: Den Kercgang van onser Liever Vrauwen, joué en 1499, à la Purification; 't Spel van Maria Magdelena, datant du 15 août 1536; 't Leven van Joseph, exhibé en 1538; et de Oude ende jonghe Tobias, donné, à la Pentecôte de 1577. Un seul facteur de la gilde nous est connu, à savoir Pierre Moens, prêtre, dont les oeuvres sont couronnées, en 1485, à Eecloo, où se donne un grand concours de tir à l'arc. Une farce en vers, due à Moens, y obtient un si grand succès, que le magistrat d'Eecloo juge opportun de décerner à l'auteur une coupe d'argent. L'écrivain en fait don à la société de Saint-Sébastien, en se contentant d'une somme de neuf livres douze escalins. Au concours de tir organisé à Bruges, en 1535, les rhétoriciens sont moins heureux: ils y exhibent, sans provoquer d'enthousiasme, une pièce emblématique suivie d'une farce. Quatre ans après, a lieu le célèbre landjuweel de Gand, où la Chambre de Caprycke lutte, comme on a vuGa naar voetnoot(1), avec les principales associations du pays. Nous nouons ici connaissance avec son titre: de Caprycsche BerkenistenGa naar voetnoot(2), et avec son blason gravé ci-contre, figurant: au-dessus, les armes de la commune; au-dessous, entourée de quelques arbres, la Vierge avec le glaive dans le coeur; et, dans le coin inférieur, un coeur, avec le monosyllabe: Al, répété six fois, sorte de jeu de mots, sur la devise: Zes al in 't herte. Pour la solution de la première question: Welc den mensche stervende, meesten troost es? les Berkenisten produisent | |
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une pièce: Over de ontfermicheyd Godts mits hope, où interviennent, on le sait, neuf personnages: Dwase Joncheyt, vierighe Lust, de Mensche, Gheloove, der sonden Voetsele, Consciencie, salighe Leeringhe, Redene et Hope, le tout est en dialogues. En voici un spécimen peu séduisant: Gheloove.
Volght my stautelic, mag ic u ontrent zyn,
Niemant en mag u hinderen op der aerden,
Deze lantaerne es dwoort Gods vul waerden,
Dat niemant gheloove hebbende, ghebreict,
Daer af dat Psalmista in zynen saulter spreict.
Och Heere, u woordt dat elcken doet verzoeten,
Es een lantaerne an myn voeten,
Die elcken bevrydt, dat hy niet qualic en gat,
En neimt daer den stoc dat ghy te vaster staet,
Die heedt betrauwen op God, dats u bevolen,
Houddg u daeranne, ghy en mueght niet dolen,
Want 't gheloove zal altyts azen...
Daer en zyn maer twee weghen te gane,
Den eenen die leedt ter eeuwygher doot,
En den anderen in Abrahams schoot,
Ziet dat ghy noch ter rechter hant met doleure,
Noch ter slyncker hant en keert, gaet effen deure,
Zo werdy Gode langhs zo ghenamere...
Och mensche, ziet dat ghy wandelt met lichte,
In den dach, dat ghy u niet en offendiert,
Ziet dat ghy u met 't gheloove zo regeirt,
Dat uwen stoc uuten handen niet en valle,
Wacht u van qwaen raedt, en van dien ghescalle,
Want ic duchte zy zouden u bedrieghen int hende.
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Redene.
Dus, goe heeren van Ghendt, vrienden verheven,
Neimt ditte in danke, ons sticht vermaen,
Want tes al tot God en tuwer eeren ghedaen,
Ooc der rhetorycken niet te spyte,
Zes al int therte, Alst past by apetyte,
God beware ons allen van 't s vyants twisten,
Dat bidden wy, Caprycsche Berkenisten.
Le dialogue entre le Péché et l'Homme est vif et pittoresque. Nous vantons par-dessus tout le prologue, dont la forme s'écarte complétement de toutes les pièces de ce genre parvenues jusqu'à nous:
Dwaze Joncheyt.
Slaepty, hau nichte?
Vierighe Lust.
Wat schuylter couzyn?
Dwaze Joncheyt.
Wel aen, wel aen.
Vierighe Lust.
Moeten wy te wercke gaen?
Dwaze Joncheyt.
Springt uut als de lichte.
Vierighe Lust.
Comt ghi int voorschyn.
Dwaze Joncheyt.
Slaepty, hau nichte?
Vierighe Lust.
Wat schuylter, couzyn?
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La réponse du Refereindicht: la supériorité de la femme sur l'homme, offre, au Referein in 't amoureuse, ces vers caractéristiques: Helas ic hebbe zo menigh waerf ghezeten
Met den ryngh inde handt van huerer dueren,
De mueren ghecust, tcalck daer uut ghebeten,
Van berrender liefden doerlick ghecreten,
Zelden gheweist zonder eenigh treuren;
Dat heift my dagelicx moeten ghebueren,
Om haer die mydlichaem gheheel duer laeyt.
Ick bidd'u Venus waerdt my deze dolueren,
Och moght icze spreken, ic waer ghepaeyt.
Les Berkenisten arrivent à Gand en compagnie nombreuse, assistés du magistrat de la commune, et renforcés de plusieurs chevaux richement caparaçonnés. A l'époque de la grande fraternisation, ils se contentent d'aller montrer dans les communes voisines leur talent de la scène. Ainsi, en 1460, nous les voyons donner une farce à Maldegem, le jour de la Pentecôte. Les confrères de Maldegem, leur rendent la visite. En 1458, les confrères d'Eecloo viennent organiser à Caprycke une ‘belle’ représentation. Ceux de Maldegem, ayant leur seigneur à leur tête, y retournent en 1455; puis, en 1485, ceux de Bruges, et en 1542, ceux d'Ardenburg donnent des exercices à l'épée ou sur la scène. La révolution du XVIe siècle engloutit sans doute les Berkenisten: plus rien d'eux n'apparaît. De même, au siècle suivant, les sévérités vexatoires du gouvernement les empêchent de reprendre, avec l'élan et le zèle voulus, leur vie active d'autrefois. Quelques associations naissent au XVIIIe siècle. La Constminnende Jonkheyt van rethorica représente quatre fois, du 9 au 20 juin 1754: De Kloekmoedige martelie van den vromen Roomschen veltheer Eustagius, onder de tirannie van Trajanus, Roomsch Keyser, in 't jaer Ons Heeren Jesus Christus 103, tragi-comédie rehaussée de ballets, et suivie de la tragi-comédie Alphonsus, le tout dédié à Charles-Albert De Schietere, seigneur de la localité, ainsi qu'à son épouse Marie de Crets. | |
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La Constminnende en Iversuchtige Jongheyd joue quatre fois, du 22 juin au 13 juillet 1766, au hameau het Westeyndeke: De koninginne Esther ende opgang van Mardocheus, tragi-comédie; et, du 24 au 30 juinGa naar voetnoot(1): Het wonderlyk leven ende droevigen uytgang van Samson, tot val gebragt door eene philistynsche vrouwe met name Dallila, pièce suivie d'une comédie. La Leerzuchtige Jongheyd donne, de mai en juillet: Euphemia, tragédie enrichie de ballets. Les Iverige ende leerzugtige minnaers der onbetrotste redenkonst, jouent quatre fois, du 15 au 29 juin 1775: Thomas Morus, suivi d'une farce. Enfin, quatre représentations d'Anthony, Koning van Albanien en Epiro, tragi-comédie, ont lieu, du 15 au 29 juin 1775Ga naar voetnoot(2). |
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