Aspecten van het tijdschrift De Gemeenschap
(1978)–Harry Scholten– Auteursrechtelijk beschermd
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Tant la critique littéraire contemporaine que les études ultérieures ont voué un grand intérêt à la revue littéraire De Gemeenschap (1925-1941) et dans les panoramas et les manuels de l'histoire de la littérature (entre autres ceux de Knuvelder et de De Vooys/Stuiveling) on s'y réfère comme étant ‘la revue la plus importante’ dans la littérature catholique de l'entre-deux-guerres. Ce qui est curieux, c'est que cet intérêt et ce jugement positif n'ont amené jusqu'à présent aucune attention autre que succincte et globale pour la question de savoir ce qui a principalement déterminé l'identité de la revue. Cette étude veut contribuer à répondre à cette question et aussi le dessein en est-il de donner une description des principaux aspects de cette revue pendant son histoire de presque dix-sept années. Les trois côtés les plus typiques de De Gemeenschap paraissent être: 1) son caractère littéraire, et notamment ses conceptions de la nature et de la fonction de la littérature, 2) son orientation philosophique et 3) son engagement politico-social. Aussi la problématique la plus constante de la revue - interne aussi bien qu'externe - en est-elle une qui rassemble ces trois aspects: la question de la relation entre ‘l'art’ et ‘la vie’. Dans ce domaine De Gemeenschap montre beaucoup ‘d'esprit communautaire’, mais il s'y développe aussi des nuances et des oppositions. Tous les interessés font la part de la ‘primauté’ de la philosophie et souscrivent l'adage de la ‘beauté serviable’, mais à l'intérieur de ce principe se développent au cours des années de nettes variantes chez les personnages les plus représentatifs de la revue: d'un côté Jan Engelman (1925-1930, 1934-1941) qui accentue le caractère individuel de l'art, de l'autre côté Albert Kuyle (1925-1933; après avoir quitté la revue, il fonde De Nieuwe Gemeenschap: 1934-1936), qui va concrétiser la serviabilité de l'art dans l'accord avec les ‘principes populistes et catholiques’, tandis que Anton van Duinkerken (1929-1941) occupe une position médiaire par rapport aux deux variantes. Des changements dans la composition de la rédaction semblent être liés à ces différentes accentuations en matière de la discussion sur ‘l'art et la vie’ et semblent déterminer dans une certaine mesure la manifestation des aspects examinés dans cette étude. A l'intérieur de la | |
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subdivision en périodes que l'on peut ainsi discerner dans l'histoire de De Gemeenschap, il se fait sentir en outre l'influence des événements de cette époque sur les aspects mentionnés: le malaise économique au début des années trente, les mouvements totalitaires du fascisme et du nationalsocialisme, la menace de la deuxième guerre mondiale. En résumé, on peut brosser le tableau suivant quant aux aspects traités dans cette étude: la primauté de l'aspect philosophique s'est maintenu pendant toute l'histoire de la revue. En toute unanimité on accentue cette primauté dans la première période jusqu'à 1931. Cela se fait notamment lorsqu'on réfléchit sur la relation entre ‘l'art’ et ‘la vie’. Alors, on met en avant - surtout en confrontant ses propres conceptions avec celles des auteurs d'opinion divergente - la serviabilité finale de l'art à des ‘intérêts supérieurs’, lesquels sont situés à l'intérieur des valeurs de la foi catholique. Dans la confession de la conception de la ‘beauté serviable’, se lit en filigrane pendant cette période l'idée que l'on considère l'activité artistique comme une valeur particulière et que cette opinion implique la possibilité d'exigences spéciales pour l'oeuvre artistique. On insiste sur cette dernière idée surtout en s'adressant aux coreligionnaires, notamment ceux de la revue Roeping. Dans ce domaine règne également un esprit d'unité, mais c'est bien Jan Engelman qui met le plus souvent et le plus fortement l'accent sur le caractère propre de la création artistique et de l'art et c'est bien son plaidoyer qui mène très incidentellement et en sauvegardant toute amitié à quelques réserves à l'égard des opinions d'Albert Kuyle et d'Anton van Duinkerken. Dans la période de 1931 à 1934 De Gemeenschap devient plus une revue engagée et cela mène à de divers glissements d'accent dans la manifestation, la hiérarchie et la relation mutuelle des aspects examinés. La primauté de la philosophie subit un raidissement dogmatique. L'engagement politico-social se met plus en avant. A côté de l'élément religieux on met l'emphase sur le social en tant que fondement jugé indispensable de l'activité artistique. La plus forte accentuation des préceptes de l'Eglise et du fond social sur lesquels l'oeuvre artistique doit être construite excerce son influence pendant cette période sur les contributions tant dans le domaine de la critique littéraire que dans celui de la poésie et de la prose narrative et ceci se fait d'une plus forte liaison aux valeurs sanctionnées par l'Eglise et à la thématique politico-sociale. L'attention assez constante dans la période précédente pour le caractère spécifique de l'art et de l'activité artistique est reléguée au dernier plan. On peut caractériser le plus clairement la dernière période de De Gemeenschap - à partir de 1934 jusqu'à la fin, septembre 1941 - en la faisant contraster dans les aspects examinés avec De Nieuwe Gemeenschap. Dans cette dernière revue les aspects philosophique et politico-social se lient, tout en ayant des conséquences de plus en plus graves, jusqu'à | |
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devenir des ‘principes populistes et catholiques’ en tant que ‘nouvelle norme’ qui s'applique également à la critique littéraire. A toute la pusillanimité de la primauté philosophique raidie s'ajoute l'esprit borné d'un principe raciste, on met au premier rang la serviabilité à la ‘révolution de droite’ et on n'a pour la littérature et la critique littéraire en dehors de cette fonctionnalité catégorique qu'une attention dédaigneuse. Mais par contre, dans De Gemeenschap on met pendant ce temps là l'accent sur les valeurs artistiques. L'aspect de la critique littéraire se lie à celui de la philosophie et dans les deux domaines on prend de la distance envers les pratiques totalitaires de cette période. Et à mesure que la réalité politico-sociale s'assombrit, on accentue de plus en plus fortement la possibilité d'une perspective ‘extratemporaire’, à l'aide de laquelle on pourrait voir au-delà du désastre de l'époque. (vertaling: L.H. Gillet) |
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