Besluit der dichtlievende uitspanningen, met verscheidene byvoegzelen
(1762)–Jan Jacob Mauricius– Auteursrechtvrij
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Au sujet des Differens, qui subsistent actuellement entre la Grande-Bretagne, & la Republique des Provinces-Unies, mise en rimes simples par un vieux Patriote, traduit du Hollandois.NB. On s'est moins attaché, dans cette traduction, à la pureté du style François, qu'à suivre fidellement, & même litteralement le Hollandois. Et comme il y a des endroits, qui n'auroient pu être rendûs dans le même sens, qu'ils ont dans l'Original, si l'on avoit suivi le genie de la Langue Françoise, on trouvera plusieurs phrases louches, & nombre de Belgismes. Valeant qui inter nos dissidium volunt. O vous! qui, il y a à peine soixante ans (unis par la Religion & uniformes per les moeurs) révériez mon Sceptre, pen- | |
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dant que je vous gouvernois tous les deux, & qui vous êtes toujours bien trouvés, tant que cette Union a regné parmi vous, Vous, Bretons, & vous, Bataves, qui, réunissant vos Drapeaux, avez fait fleurir la Liberté de l' Europe, & avez vu croitre votre Bonheur commun: Vous, mes Citoyens, mes Peuples chéris, Regardez moi descendre des Nuës, pour appaiser encore à tems votre animosité réciproque, & prévenir, avant qu'il soit trop tard, des résolutions irréparables. Quel aveuglement s'est emparé de vos Esprits! Avez vous mis en oubli vos anciens Principes, pour rompre des liens fi sacrés? Ecoutez encore la voix de vôtre Guillaume, & pretez tranquilement des oreilles attentives a ses avis paternels.
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O vous! hraves Négocians, qui voïez trainer vos Vaisseaux dans les Ports Brittanniques, quoique vous ne les ayez envoyés, quelque part que ce soit, que sur la foi des Traités, Vous avés droit & raison de vous plaindre, & ce procédé me se peut souffrir plus longtems. Mais n'allez pas trop vite. Pesez murement, ce qui doit emporter chez vous la balance. D'un coté un gain de peu de durée, accompagné de heaucoup de périls, & de l'autre le bonbeur de l'Etat durant nombre d'an- | |
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nées. La France vous cajole actuellement; Mais que l'avidité du Gain ne vous seduise point. Il vous est permis de naviger actuellement, dans les lieux, dont l'aproche vous étoit defenduë de tout tems. Si vous y êtes reçus actuellement, ce n'est point par amour pour à vous, mais pour ses propres intérêts. Elle sait d'ailleurs, que, sur ce pied la, l'amitié avec vos voisins ne sauroit subsister longtems. Il est vrai, le droit est pour vous. Mais en gens sensês, pouviez-vous ignorer, que cela devoit naturellement déplaire à vos amis, & qu'on ne le souffriroit jamais. Droit, ou non, avez-vous pû oublier si promtement, que les Anglois ont agi de la même manière avec vous dans la dernière guerre, quoique, comme de fidèles alliés, vous soutinssiez alors la cause Britannique avec de l'argent, des troupes, & des vaisseaux, même au risque de vôtre propre conservation. Les forces de l'Etat (vous ne l'ignoriez pas) ne pouvoient suffire pour defendre vos Droits. Ne valoit-il donc pas mieux baisser vos voiles, & céder sagement au temsGa naar voetnoot(1), plutot que de risquer si légérement, vos effets & vos vaisseaux, & trou- | |
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bler la tranquilité de la Patrie, pour un gain de peu de durée, & qui finira avec la Guerre. Si vous vous etiez contentés d'un profit modéré, & si vous aviez continué tranquilement votre ancien négoce, sans vous laisser entrainer par le torrent de la nouveauté, on vous auroit laissé en repos. Vous auriez alors vû fleurir vos propres Plantations, qui en souffrent innocemment, qui déplorent leur Credit arrêté, & qui à la fin doivent craindre, qui si les différens vont trop loin, on ne le leur fasse payer au plus cher.
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Et vous, qui enyvrés de votre prospérité, sucèz jusqu'à la moëlle des os de vos amis, & qui voulez les bannir de dessus la mer; un couple de millionsGa naar voetnoot(2) vaut-il bien la peine (dans le tems qu'en d'autres occasions les livres sterlings ne sont comptées pour rien chés vous) de heurter ainsi de front vos anciens alliés? Supposé que vous puissiez légitimer vos procédés, supposé qu'il n'y eut pas même des Traités, un avantage si chétif vaut-il bien la peine de rompre le noeud, qui de l'aveu de toute personne raisonnable, fut autrefois le boulevard nécessaire au Protestantisme, defendit la liberté de l'Europe | |
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entiere, & seul conserva l'Equilibre. Pourriez-vous accorder à vôtre plus grand Ennemi ce plaisir si longtems soubaitéGa naar voetnoot(3)! Prenéz y garde, & gravéz le dans vôtre mémoire Vous vous en repentiréz quelque jour.
Pensez aussi à la Maison d'Orange, si proche parente de celle d'Angleterre. Penséz à votre Princesse RoyaleGa naar voetnoot(4), Mere & Tutrice du Prince Guillaume. Ses Prieres ne sauroient elles vous émouvoir? Refléchissez, dans quel embarras vous mettéz cette Princesse par vos vexations, pendant que sa Cour est inondée de suppliants, qui courent lui porter leurs plaintes, & qui crient par troupes: Justice, & Protection! Ne soyez pas aussi trop enfléz de votre prospérité. La Guerre est sujette à des revers. Vous en avez vû vous mêmes jadis des exemples, & comment la fureur des vents & des tempêtes peut briser les flottes les plus Invincibles, contre des rochers. La République se voit négligée actuellement, non à cause d'un dépérissement réël de forces, mais par la differenté façon de penser des Membres, pendant que chacun, se croyant fondé en, | |
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raison, veut soutenir son avis, & voit en attendant flotter le Vaisseau de l'Etat. Mais si vous continuez à les agaçer, & poussez leur patience à bout, l'union renaîtra entr'eux dans toute sa perfection. Le Lion ne se laisse point emmuseler, ni abasourdir par la violence. Un noble desespoir fait souvent des miracles. Mais non. Je l'avoue, ils ne sauroient vous tenir tête sur mer. Vous pouvés leur donner la loi sur cet element, & même écraser leur négoce. Mais alors dumoins l'honneur leur restera t'il, d'avoir péri en braves gens, en combattant pro aris & focis, & avec toute la gloire des anciens Bataves: Au lieu que votre nom sera toujours marqué en lettres noires dans les fastes de l'Etat, comme gens, qui ne respectent ni parole, ni sçeau, ni les Traités les plus solemnels, aux quels aucun allié desormais ne pourra se fier. Aussi si la République est renversêe, l'évenement vous prouvera bientôt, que vous ne pouvéz vous passer de l'Etat. Vous Paprendrez, mais trop tard; Et même (ce qui pourroit arriver bientôt) vous serez les premiers à déplorer sa ruine. A qui (& auriés vous jamais dû l'oublier!) à qui étes vous redevables de votre Liberté? Qui est-ce, qui a arraché votre | |
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Religion des chaines des Tirans Papicoles? N'a-ce pas été la République? Ne fûtes vous pas obligéz d'implorer son secours & le mien? Il est vrai, elle n'a pas voulu prendre part à vos démêlés en Amérique. Mais aussi, si par un revers de fortune, vous vous trouviez vous même réellement en péril, vous lui verriez risquer tout, pour prévenir votre perte.
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Voila les exhortations paternelles, que comme ci-devant votre Chef & Tuteur, j'ai crû devoir vous donner comme à mes enfans, pour prévenir vos malheurs réciproques. C'est aussi l'avis désinteressê de ceux, qui souhaitent le bonheur de l'Europe. Réflêchissez y murement, l'un & l'autre, unis par les liens de l'Etat, des Traités & de la Religion. Des amis peuvent bien se quereller; mais les amis- doivent rester amisGa naar voetnoot(5). |
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