gracieux. Il portait des pantouffles rouges, une vieille robe de chambre et un magnifique casque à mèche d'où s'échappaient de longs cheveux noirs. Nous savons tous combien c'est un écrivain étonnant, un esprit toujours prêt et sous les armes.
- Eh bien, monsieur, lui dis-je, comment avezvous trouvé mes livres? Y a-t-il des fautes de langue?
- Oui, il y a par-ci par-là quelques petites choses, cela n'est rien pourtant, mais vous avez fait de la prose poétique, et je dois vous dire que je ne comprends pas cela; ensuite il n'y a aucune individualité. J'aurais voulu que le Hollandais eût percé; au lieu de cela, vous vous êtes fait Français à plaisir, et vos livres n'ont aucun intérêt pour nous. Au reste, comme je vous l'ai dit, j'y ai trouvé de la chaleur, du mouvement, une grande facilité du langage français, mais c'est toujours l'ouvrage d'un étranger. Restez-vous longtemps à Paris?
- Deux mois, je pense.
- Il faut rester plus longtemps. Il ne faut pas commencer là-bas; il faut commencer à Paris, faites vos vers à Paris, faites tout ce que vous ferez à Paris... Ah ça! êtes-vous allé voir M. Hugo?
- Non, monsieur; je n'ose pas. Il ne me connaît pas du tout.
- Ah bah! il vous recevra bien. Vous lui direz: je vous ai écrit dans le temps, vous ne m'avez pas répondu, je viens chercher ma réponse. M. Hugo est un homme excellent. Je ne crois pas qu'il soit à Paris à cette heure, il est encore à la campagne, mais il ne tardera pas à revenir.
- Ne comptez-vous pas venir en Hollande quelque jour?