Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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Que deux mortels ennemis se rencontrent loin de la patrie, c'est le seul moyen de les réconcilier.
De deux ennemis le plus dangereux est celui qui a tort.
Un album est un livre sacré du coeur, un compagnon le long du chemin de la vie, une consolation dans nos vieux jours, un ami qui ne meurt jamais avant nous.
L'homme ne semble complet que parce qu'il ignore ce qui lui manque.
Les anciens avaient aussi leur rime, c'est à dire une rime de quantité. Ils avaient une rime de temps, nous avons une rime de son. | |
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Quelqu'un a dit: le papier souffre tout. Nous ajoutons: et avant tout le papier à lettres, égoût immense où s'entasse toute l'ordure des fautes de langue et des écarts de style, puits profond où se balaient genre tragique et burlesque, drame et élégie, ex traits de la Cuisinière bourgeoise réflexions graves, vers inédits, questions profondes.
1833.
O vous qui sans talent dérobez la plume aux Muses, je vous plains. Jadis, gràce aux anciens, vous pouviez briller encore d'un éclat éphémère, mais c'en est fait de vous à présent; car à présent on ne s'appuie plus aveuglénmnt sur les vieilles règles, ponts-d'âne élevés sur des moeurs qui ne sont pas les nôtres, comme un perclus sur sa béquille; car à présent les lois littéraires ne sont plus une ornière où l'on se traîne, mais un flambeau qui éclaire et qu'on voit de loin et de partout. C'est la colonne de feu qui guide vers la vérité.
1831.
Les plagiaires sont comme les nuages qui s'amassent devant le soleil dans la tourmente. Ils sont noirs et hideux et répandent leur laideur sur la nature, mais, le | |
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noble génie dont ils éteignent l'éclat n'hésite pas à dorer leurs bords. Il ne connaît pas la vengeance, car il luit malgré eux et ne compte pas ses rayons.
Les grands écrivains sont comme le soleil qui se lève toujours quelque part, chez quelque peuple nouveau; dans quelque jeune intelligence.
La liberté de l'homme est comme celle de l'oiseau sur la béquille qui ne vole pas plus loin que son fil, c'est à dire que la volonté du Maître.
L'homme quitte la vie comme une jeune mariée la maison paternelle: malgré le plus radieux avenir qui l'attend, elle ne s'en sépare jamais sans les plus vifs regrets.
On ne saurait trop se mettre en garde contre une éducation qui étaierait une action louable avec une récompense.
Rien ne serait plus insipide que la Perfection; il ne faudrait plus qu'elle ici-bas pour achever le désespoir du monde. | |
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Les pensées que l'on garde sur le coeur s'y corrompent comme certaines eaux stagnantes.
Il est certaines existences brisées qui se réfugient dans les solitudes turbulentes du monde.
Pour le poète, certaines intelligences, du reste assez ordinaires, recèlent des parcelles de poésie: c'est que ces intelligences renferment telles propriétés internes et inappréciables qui font vibrer les cordes sensibles.
Ètre vrai, c'est être en tout temps la fidèle expression de son essence intime.
Dans presque toutes les carrières il y a, près du début, un instant et une phase plus ou moins ridicules.
Les plus nobles sentiments sont entachés à tel point d'égoïsme qu'il serait difficile d'y faire la part de la générosité, du désintéressement, et nous nous défions des inspirations en apparence les plus pures, qui pren- | |
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nent, d'après le défaut inné de conformation de notre nature, la forme de vices.
Point d'aveux complets: il y a toujours quelque réticence.
J'aime assez le goût aristocratique, j'aime davantage le goût populaire, mais je déteste le goùt bourgeois.
Profondément ridicule, profondément triste! combien de fois synonymes!
Le coeur est un vase de cristal qui se brise aussi bien par la glace que par la flamme, mais nous aimons mieux qu'il se brise par la chaleur.
L'âme est comme l'ambre: plus elle s'échauffe, plus elle épand ses parfums.
Tout homme se sent femme pendant une époque plus ou moins longue de son printemps. | |
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Il ne faut que rarement montrer de l'érudition, car elle est un moyen, non un but. Comme moyen elle nous transporte dans l'esprit, dans la pensée du genre humain d'autrefois, curiosité sublime et féconde sans doute! mais ce moyen doit tendre à aboutir à une connaissance complète et universelle de la société, partant de l'essence intime de l'individu, dont l'esprit se traduit par des faits extérieurs et collectifs.
FIN DU TOME SECOND. |
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