Opuscules de jeunesse. Deel 2
(1848)–Johannes Kneppelhout– Auteursrechtvrij
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Jeune fille aux doux yeux, au front pur el candide,
Quand la walse t'emporte en la salle splendide,
Tu crois que d'élégants le cortège nombreux
Qui t'admire et s'attache à tes pas en tous lieux,
Que ce ne sont qu'eux seuls qui t'aiment d'amour tendre.
Enfant, détrompe-toi! feux follets que leurs feux,
Leurs discours que filets tendus pour te surprendre!
Mais près de toi soupire un jeune homme pieux,
Un chartreux qui gémit et prie et ne se lasse,
Et de tes pas légers voudrait baiser la trace!
Quoi! de ses traits charmants le souvenir s'efface,
Et tu peux oublier l'éclat de ses beaux yeux!
Pitié pour lui, cruelle! A genoux sous le saule,
Il implore pour toi le fils du roi des rois;
Prie à ton tour pour lui devant la sainte croix;
Le cloître vous sépare et la pitié console.
Verse, verse des pleurs sur le pauvre Anatole!
Paris, 1834.
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L'homme sur qui le ciel mit l'astre du génie
Est sensible aux doux sons de la molle harmonie.
Qui, tel que la vapeur s'exhalant de l'Etna,
Montent du larghetto que Beethoven rêva.
Ou si l'ardent pinceau baise amoureux sa toile,
L'un n'aura de regards que pour les beaux contours,
La grâce de la ligne et les longs plis du voile
Qui descend gravement, pareil à du velours,
Jusque sur les pieds nus de la chaste Madone,
Reine de l'empyrée à la sainte couronne.
L'autre n'adorera que l'éclat, la couleur,
Qu'on ne ternira point comme une tendre fleur
Que salit au printemps l'araignée ou la pluie:
Les nôces de Cana le verront à genoux,
Il oublîra le monde et l'orgueil et la vie,
Il oublîra l'amour en des instants si doux;
Des couleurs le mystère ineffable l'embrase,
Et son âme se plonge en des torrents d'extase.
Ou bien encore si le sort dans sa faveur
L'a béni de ses dons et l'a créé poète,
De l'esprit et des cieux vénérable interprète,
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Il ira courtiser la pensée en sa fleur;
Dans un rhythme profond son oreille sans cesse
Entend couler, bondir, murmurer, se heurter,
S'écrier de plaisir ou gémir de détresse,
La pensée échappée en son heure d'ivresse,
Forme qu'on ne voit pas et qu'on sent exister.
Mais mon âme jamais n'a compris ni la flamme
Qui brille au front sacré d'Homère et de Mozart,
D'Horace, de Giotto, de Durer, rois de l'art,
Ni celle de celui d'Urbin aux mains de femme;
Car mon âme est en deuil, d'elle qu'on ait pitié!
- Oh! que n'ai-je, Seigneur, toujours vers toi crié! -
Mon âme ne sait rien qu'embraser une autre âme,
Et s'embraser elle-même à son tour
Du feu de l'amitié qu'allume un saint amour!
1837.
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