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Notes et pièces justificatives.
On peut s'assurer, par les relations de De Thou, Bentivoglio, Hooft, Van Meteren, Le Petit, Strada, etc., etc., que nous avons toujours respecté la vérité dans notre travail. Quelques historiens vont jusqu'à assurer qu'il ne resta que trente personnes qui échappèrent au massacre.
Nous le répétons, notre relation est rigoureusement historique quant au fond et aux détails, mais nous avons usé du droit de l'écrivain en dramatisant le canevas un peu sec des historiens.
Dans le courant du mois d'août 1580, le placard suivant fut affiché à l'hôtel-de-ville de Maestricht, et publié dans
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toutes les villes des Pays-Bas qui reconnaissaient le pouvoir de l'Espagne.
PHILIPPE par la grâce de Dieu, roy de Castille, de Léon, de Arragone, de Navarre, de Jérusalem, duc de Brabant, etc., etc., faisons savoir à tous présens et futurs, que attandu, le corps, la ville, et communauté ensemble, les bourgeois et inhabitans de cette ville de Maestricht ont rebellé contre tout traité et devoir des bonnes subjects, pris les armes contre leur propre seigneur et prince, ouy même fait entrer dans la ville nos ennemis les hérétiques, faux ministres de toute sorte de secte contraire à notre sainte romaine, catholique et apostolique foy et religion, ayant de plus chassé et permis de chasser des ecclésiastiques et personnes religieuses, violans les saints sacremens, combattu et cassé les statues, images et autels des diverses églises benites et dédiées à l'honneur de Dieu et de ses saints et en outre résisté à notre armée et siège, tandis que par la grâce de Dieu, nous avons pris la ville par la force des armes d'assaut et nous en sommes rendu maitres et remis sous notre obéissance, pour quelles désobéissances et rebellions et méfaicts ils ont mérité poenam criminis leso majestalis Divino et humano et consécutivement perdre leur corps et biens, aussi tous priviléges, franchises, droits, statuts, appartenantes tant au corps que sur céants de la ville, métiers confréries, illecq tant en général qu'en particulier, de sorte que détestans des rebelles si obstinés, aurions de bonne raison pu laser et renverser la ville pour horreur et exemple des autres qui voudront commettre pareille chose, ce non obstant voulant user et témoigner notre douceur
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et clémence ordinaire et naturelle en préférant la clémence à la rigueur de justice, avons par lettres et placards patentes données dans notre ville de Maestricht, le 10 du mois d'août dernier, pardonné et remissionné les bourgeois et inhabitans, de quelles familles ou conditions ils pouvaient être, leurs pardonnans leurs crimes et fautes commises, les remettans dans leur bon nom et réputation comme aussi dans leurs biens non confisqués, y excluant de cette grâce tant seulement quelques personnes qui ont etez les cheffs et autheurs des crimes proscripts et qui dans nos lettres patentes sont déclarées et nommées.
Asteur est-il que voulans ordonner et disposer touchant le corps et communauté de la ville proscripte et des colléges, confréries et metiers illecq et puis qu'il est notoir et connu comme quoy en matière de justice et police de la ville proscripte et dans ce maniment et administration de colléges, confréries et métiers plusieurs et différentes coutumes, usances et manières s'observent, qui sont contraires et préjudiciablés au bien publicq, repos et tranquillité de la même ville et hors quoy ci-devant plusieurs fois des grandes et différentes séditions changemens et désordres sont venus et arrivés, comme il peut conster par les punitions qui ont ete faites cy-devant, même point pour de si grandes mutineries et rebellies que les présentes.
Si est-il que voulans en ce pourvoir et remédier et après que de ce avons donné part au trés-reverend père en Dieu et seigneur le cardinal évêque de Liége, avons par bonne et menue délibération du conseil et avec délibération de notre trés-aimez et bon neveu le prince de
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Parme et de Plaisance, stadthouder, gouverneur et capitaine général dans ces nos pays héréditaires, avons pour le service de Dieu et le notre, comme aussi le bien et repos et conservation de la proscripte ville de Maestricht trouvé necessaire et à propos de mettre illecq et etablir une bonne et ferme et durable forme de justice et de police, changeant et mettant à néant toutes les coutumes, seances et manières d'agir cy-devant observées et usées du sorte que accordons et approuvons toutes telles lois nouvelles franchises et priviléges qu'une ville bien réglée et policée peut requérir et doit avoir et profiter et pour ce commençons par les magistrats de la ville proscripte avons ordonné et accordé les points et articles suivans:
Comme il est connu à un chacun et qu'il est évident qu'en cette notre ville de Maestricht, les bourgeois et inhabitans d'icelle ont pris les armes contre nous, avec des drapeaux déployés et ont resté et persisté bien opiniatrément dans leur mauvaise idéé, intention et rebellion, qu'ils ont fait toute sorte d'hostilitez contre nous et nos Etats avec aide et assistance des plus notables et perverses héretiques et perturbateurs de la tranquillité publicque et bien de Dieu et commis des faits abominables sans vouloir se jamais soumettre sous notre obeissance, ni nous connaître pour leur prince èt seigneur naturel, par où nous nous avons trouvé obligé, quoy que à notre grand regret de les assujettir à notre domination par la rigueur et force des armes et quoy que par là tous les bourgeois et inhabitans de la dite ville de Maestricht sont ouvertement coulpables du crime de leze-majesté et par ainsi ont encouru la perte de leurs corps et biens tant en genéral qu'en particulier, ayant même de plus mérité la dite ville
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etre amolie et rasée entierement à l'exemple d'un chacun, ce non obstant, ne voulant nous servir de rigueur ultérieure, mais de notre bonté naturelle, clémence et miséricorde.
Ainsy ayant déliberé avec notre très-cher et aimé cousin le prince de Parme et de Plaisance, stadthouder, gouverneur et capitain-général de nos Pays-Bas heréditaires, avec avis de nos chères et féaux gens de notre conseil privé d'etat et notre, avons pardonné et remissionné, comme nous pardonnons et remettons par les présentes de notre grâce speciale, tous les bourgeois et inhabitans de notre dite ville, telles fautes delits et mésures esquels ils peuvent avoir été tombés par leur rebellion. Voir pourtant que dans cette grâce et pardon ne seront point comprises les personnes suivantes comme ayant ete les cheffs et autheurs de la dite rebellion, à savoir:
Nicolas van Halen, Vaes van Peer, Anthoin Cumbenberg, Gerard Vriendt le fils, Gilbert Nicolas Weerts, Jan Philippens le vieux, Joseph Emonts, Jacques Oorschot, Nicolas Ruysch, Tilman Vranken dit le maître de postes, Jan Vinck, Jacques Moelen, Laurent van den Banner (ou Bannart), Lambert Vootstock dans le Schoonensteyn, Michel van Vleck, Pier van Vleck, André Ousbercx à l'enseigne du Bonten osch, Michel Smoeckscheer, Pier Bourbense à l'enseigne de Koeck, Jan Verliers à l'enseigne de Stock, Henry Becker à l'enseigne de Lange venster, Servais Veelen, Jean Ruyters, Reinier Reyniers, (alias Schip), Henri Paymans, (alias Boxken), Nelis Reesen, Servais Krayen, Tilman Krayen, Gerard
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Vriendts, fils de Gerard, Jean van Bentenaken, fils du vieux Guillaume Bentenaken, Henri van Heesvelt, maître Paul Winands, Jean Ruysch, Simon Nagelsmith, Reinier Hootman le vieux, Mathieu van Haert, Gossen Passart, Pier Steenbecker sur le Bocx-Straat, Henri Peerboom le vieux, Mathieu Nysmans, Mathieu Fredericx, Adolph Spiesmaker, Pier Steencremer, Jean van Petersom, proche les croisiers, Herman Schoenmaker, Dirick van Bré, Jean Lenssen, Henri Ramakers, Foullon, Gerard Nys, (alias Meren), Guillaume Verliers, (alias Boen), Jean Nys, (alias Cleppers), Thomas Joncker vitrier, Guillaume Witmaker, maître Mathieu van der Plaschen, Pier Bocx, Heusken Bussemaker, Joncker Jan van Bun, Henry Nootboom.
Ne seront point aussi compris dans cette grâce tous les ministres et pasteurs de la fausse religion reformée et tous ceux qui ont été de leur consistoire et congrégation et qui ont exercé leur dite fausse religion et generalement tous ceux qui se sont trouvés aux sermons et prédications des héréticques, lesquels nous avons déclaré comme déclarons par cette coupables de leze-majesté et d'avoir merité confiscation de leurs corps et biens bien entendu pourtant que tous ceux qui ont conversé ordinairement les dites sermons et voudroient se réconcilier avec notre mère la sainte église catholique romaine et avec nous, et dorénavant viendront demeurer dans Maestricht, ou dans aucunes autres villes de nos terres héréditaires proscriptes pour y vivre comme de bonnes catholicques et fidèles subjets pourront le remontrer à leur juge ordinaire et par après à nous ou à notre dit cousin par supplieques avec l'absolution de leur juge ordinaire, leur
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accorder ultérieurement notre dite grâce et clemence, ordonnons et mandons bien expressément, a tous ceux qui sont compris dans notre dite grâce et qui sont actuellement absens et réfugiés de notre dite ville, qu'ils auroient à revenir et habiter leurs maisons comme ils voulaient le faire, et cela dans le terme d'un mois après la publication de cettes, sinon qu'ils auroient raisons légitimes de ne point revenir, en quel cas, ils seromt tenus de le faire connaître dans le terme profigé et d'en faire conster sous peine d'etre explus de notre gràce.
Commandant en outre à nos fiscaux et à tous nos officiers et à ceux de nos vasseaux et justiciers de notre pays et duché de Brabant et d'Outre-Meuse à qui cecy appartiendra, qu'ils auroient à laisser jouir de leurs biens immeubles comme aussi meubles lesquels ils auraient rançonné des gens de notre armée, sans les enquérin ou molester au corps ou aux biens. Et afin que personne puisse pretexter ignorance de cette notre grâce, ordonnance et mandement, nous vous mandons et en chargeons que les ferez publier crier et assiger à l'instant et sans delai dans cette notre dite ville, aux lieux où on est accoustumé de faire les cris et publications et que vous procéderez et ferez proceder à l'accomplissement et observance d'icelle contre tous transgresseurs et désobeissans par exécution des peines cy-dessus mentionnés, sans aucune faveur dissimulation ou autre connivence, à ce, nous vous donnons plein pouvoir et authorité et ordonnance spéciale, mandans et ordonnans tous à un chacun qu'ils auront à vous obeir sérieusement.
Car ainsy nous plaît-il.
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Donné en notre dite ville de Maestricht sous notre sceau imprimé en forme de placat sur les présentes le 10 août 1579.
Par le Roy,
Verreycken.
Per copiam,
Van Zuylen.
Suivait l'ordonnance qui réglait la nouvelle administration de la ville et la dépouillait de toutes ses chartes et priviléges.
fin.
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