sans cesse les fils si souvent brisés de cette conspiration qui prenait tous les masques, invoquait tous les intérêts, avait fait plus de mal à l'Espagne que l'épée des confédérés. Habile à susciter à Philippe II de nouveaux ennemis, les armes espagnoles ne pouvant vaincre partout à la fois, voyaient se relever comme par enchantement derrière elles des légions nouvelles, renaissantes comme celles de Cadmus.
L'indulgence de Marguerite de Parme, la sanglante sévérité du duc d'Albe, la douceur de Requesens et la générosité de don Juan, avaient tour-à-tour échoué devant la tenace et profonde antipathie des provinces pour l'Espagne. Enfin, Alexandre de Farnèse vint balancer un peu la fortune du prince d'Orange et jeter son épée victorieuse dans le plateau. Soldat intrépide, savant stratégien, général habile et par dessus tout, fin politique, sa présence changea bientòt le cours des choses, peu favorables à l'Espagne. En quelques mois par une suite continuelle de victoires, il jeta l'épouvante parmi les confédérés, reprit une foule de places qui s'étaient rendues aux Etats et diminua ainsi les orgueilleuses prétentions que ceux-ci n'avaient pas craint d'élever, lorsque par suite de la négligence de don Juan, ils étaient parvenus à traiter de puissance à puissance avec les envoyés de Philippe.
Mais là ne s'était pas arrêté les avantages du duc de Parme; grâce à ses négociations adroites et actives, il était parvenu à détacher les provinces Wallonnes de l'union, et à les faire souscrire sans réserve au traité de Gand, pierre d'achoppement qui empêchait la pacification générale des provinces. Tranquille de ce côté, ayant derrière et près de lui des provinces fidèles, riches de res-