Journaal gedurende de veldtochten der jaren 1673, 1675, 1676, 1677 en 1678
(1881)–Constantijn Huygens jr.– Auteursrechtvrij
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tree, S.A. les fit sommer une fois ou deux, une fois mesme par Mr le Rhingrave auec lequel j'y fus et parlay auec ceux qui estoyent au dessus de la porte. Ils repondirent cette fois la que si nous ne leur faisions aucuńs actes d'hostilité, ils ne nous en feroyent point. Mr le Rhingraue les pressant de plus pres et disant q̅ue nous estions leurs ennemys, mais que s'ils desiroyent sauvegarde pour leurs personnes et pour les biens qu'ils pourroyent mettre dans l'Eglise, on la leur donneroit et qu'autremt on pendroit les Bourgemaistres et pilleroit et brusleroit leur ville et violeroit leur femmes, ils demanderent deux heures de temps pour deliberer. Sur quoy monsr le Rhingraue leur dit: ‘das geben wir euch nicht’ et retourna son cheval en s'en allant. La dessus on fit attacquer par les Gardes une des portes et par les dragons de Churlant l'autre, en y applicquant des petards, lesquels ayant fait assez bon effet sur les deux portes du costé des Dragons ou je fus pour voir, et nos gens apres estant grimpés par dessus la herse, qu'ils avoyent abbatue, la ville fut prise au bout d'environ une heure et demye d'attacque et durant laquelle les paysans et bourgeois qui estoyent dedans, firent grand feu et blesserent et tuèrent beaucoup de monde. La ville fut donnée au pillage auec ordre de ne point violer les femmes, ce qui fut assez bien observé. Une demy heure apres la prise, estant allé chercher S.A. qui s'estoit tenue du costé ou je n'estois point, et ne la trouvant point, et cependant la nuit survenant, je m'en allay auec le pere de Mr Benting dans la Ville ou le pillage duroit tousjours et y auoit une confusion telle que je m'en eusse souhaitté dehors; mais ne pouvant scauoir ou estoit le quartier de S.A. auec aucune certitude, je me tins la sur la rue; une assez jolie fille que les dragons vouloyent emmener avec une autre encore voulut se jetter a moy en entrant la porte, mais il n'estoit pas temps de s'en charger. Ayant esté la environ une heure dans la | |
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vue Mr le Rhingrave arriva, auec lequel je fus plus d'une heure ou deux a aller par la ville ou il y auoit une boue horrible, luy donnant les ordres necessaires de touts costés, entre autres il trouva dans la porte ces deux filles dont je viens de parler, qui estoyent soubs la mauvaise protection de quelques dragons qu'elles tenoyent par les bras, et les fit venir auec luy tenant l'une par la main les menant dans une maison ou Valkenbourg avoit ramassé une quantité de femmes et filles pour les sauver. Nous trouvasmes des corps morts par-cy par-la dans les rues; dans l'Eglise qui fut pillée comme le reste, il y en avoit aussi cincq ou six de personnes tuées dans l'Eglise mesme et plussieurs hommes et femmes blessés. Mr le Rhingraue y entra aussi et en fit sortir touts les pilleurs. Nous fusmes aussi au chasteau qui auroit esté assez fort pour nous donner beaucoup de peine, et ayant monté dans une chambre en haut y trouvasmes environ vingt ou vingt et cincq hommes, femmes et filles qui se mettant a genoux demandoyent qu'on leur donnast la vie. Nous les asseurasmes qu'il ne leur seroit point fait de mal. A la fin nous nous en allames au logis de Mr le Rhingraue on tout auoit esté pillé, tout les coffres rompus, les plumes par les chambres et enfin la derniere desolation. Dans une cuisine qui joignoit la chambre ou nous souppasmes, nous trouvasmes par terre une femme morte a qui on auoit donné un grand coup de sabre dans le ventre et un petit enfant d'environ un an qui vivoit, mais sembloit se porter mal. Nous souppames et couchames dans cette maison. Il arriva dans ce pillage qu'un dragon ayant depouillé un paysan prisonnier et voulant luy oster la chemise, comme le paysan en eut auec quelque peine tiré ses bras, un autre Churlandois vint par derriere et luy trancha la teste tout net. | |
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promener dans la ville, laissant la mes chevaux, je m'en allay au quartier de S.A. a Flerdsheim, un village a une petite heure de Remmich. Le conte de Montecuculi manda par lettres du 28. que de peur que les ennemys n'empeschassent nostre conjunction, il avoit embarqué toute son infanterie et l'auoit fait descendre le Rhin jusques au dessoubs de Coblentz; S.A. luy manda qu'ayant sceu cela elle alloit marcher jusqu'a Aerweiler pour attendre la de ses nouvelles. | |
Samedy. 4.Nous marchasmes auec le Regiment de Gardes a cheval et les Gardes du Corps d'Aerweiler jusques a ....Ga naar voetnoot1) un petit village a une demy heure de Bonne ou estoit le quartier du conte de Montecuculi; quand nous y arrivasmes il estoit desja nuit. S.A. descendit de cheval chez ledt conte et nous autres demeurasmes long temps devant la porte dans la boue auant que de pouvoir attraper quelque logis, n'y ayant aucun quartiermaistre qui en prist le soin; a la fin S.A. me fit appeller pour dechiffrer des lettres, apres quoy je sceus qu'on auoit mené mes chevaux dans un logis qu'avoit trouvé Mr Bosvelt pour nous deux et que Mr le Rhingrave y estoit venu aussi. Je m'y en allay et Mr le Rhingrave, nous donna bien a soupper, S.A. et monsr de Montecuculi n'ayant quasi rien a manger. En descendant la montagne pour entrer dans les plaines, ou est Bonne, je faillis d'auoir un malheur auec un petit cheval que j'auois. | |
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S.A. alla à sou quartier dans une abbayie de femmes nommee Grau Rhindorf assise an dessous de Bonne tout sur le bord du Rhin. Nous passames si proche de la ville qu'ils nous tirerent quelques coups de canon qui ne firent point de mal. Le soir S.A. alla a minuit a la Bivacque sur ce qu'on disoit que des trouppes de Mr d'Humiere approchoyent pour secourir la ville. Il m'avoit donné une lettre a escrire et me dit de le venir trouver a la Bivacque, m'envoyant un Cavalier pour me monstrer le chemin. Toute la Cavallerie estoit soubs les armes et je fus obligé d'y rester jusques à huict heures du matin du jour suivant. S.A. se tint aupres d'un feu au coin d'un petit bois de sapins qu'il y a la, un tambour blessé devant Rheinbach mourut la tout aupres soubs les sapins. Il fit une belle nuit. | |
Lundy. 6.Je dormis le matin. S.A. estant sortie l'apresdisnee, je fus me promener avec Mr de Bosvelt du costé de la ville. Le soir je souppay auec Brederode, Opdam et 3 au 4 autres, chez Mr de Ginckel. Apres soupper nous jouasmes au passe-dix et je gaignay quelques dix ou douze ducatons. Nous estions fort en peine de nostre bagage demeuré derriere depuis Aerweiler, y ayant un bruit que des Francois marchoyent de ce coste la. | |
Mardy. 7.Le bagage arriva. Les Imperiaux auec l'une de leur deux attacques estoyent à soixante pas du fossé de la ville. Il vint auis du conte de Waldec et encore de Maestricht que les Francois auoyent dessein de quitter Woerden et peut estre Utrecht, Bommel, Thiel, la pluspart de leur conquestes sur l'Yssel, pour en tirer du monde et venir battre monsr le Prince. | |
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Jeudy. 9.Je beus du choccolate chez Mr de Bosvelt, et estant monté a cheval auec luy je montay sur une eminence pour desseigner, comme je fis, la ville. On dit pour asseuré que les Francois avoyent quitté Utrecht, Woerden, Bommel, Crevecoeur, Campen, etc. Les Imperiaux commencerent a tirer d'une batterie. | |
Vendredy. 10.La nuit precedente les ennemys tirerent fort. Le Conte de Waldec escrivit a S.A. s'il ne trouveroit pas apropos qu'il le vinst releuer bien tost, sa presence à la Haye estant necessaire pour plusieurs affaires; qu'il auoit donné ordre au Commandt de Naerden d'executer certain dessein, et avoit envoyé 15m £ au Commandt de certaine place des ennemys, pour la livrer, auec promesse de plus grande somme apres la chose faite et confirmation de l'evacuation des places susdt. Je vint aussi une lettre du R.P. Fagel confirmant cette derniere chose et que le Conte de Waldec menoit n̅re Cauallerie dans la Mairie de Bolduc et qu'on auoit demandé la Cauallerie Espl. au Conte de Monterey pour former un corps et de suivre Mr de Luxembourg et d'Humieres en cas qu'ils allassent a nous. De plus fort bonnes nouvelles d'Angleterre, et un discours de Salinas auec le R.P. susdt dont la substance estoit que l'ambass. d'Espagne en Angrre. mandoit qu'il estoit temps maintenant de renouveller aux Anglois la proposition que nos gens leur avoyent faite, par le passé a Coloigne de ceder le Pavillon, donner 3 millions a l'Angleterre, un present a la France de 3 a 4 cent mille livres et de rendre Suriname, Salinas adjoustant qu'il croyoit que cette affaire iroit fort bien et que l'ambr susdt n'avancoit pas cela de son mouvement et sans qu'il luy eust esté suggeré d'ailleurs. S.A. entrant en ma chambre pour demander apres la susdt lettre que je dechiffrois, me dit que Mr le Conte de Coningsmarck, luitt gn̅al de l'Infanterie, venoit d'estre | |
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blessé. Le ministre de Roy y entrant une demy heure apres me dit qu'il estoit mort. A neuf heures du soir S.A. sortit et fit attacquer par le regiment du Conte de Schellaert le ravelin deuant une des portes de Bon ou alloit l'attacque de S.A. J'entendis les coups de mousquet fort dru des ma chambre, et S.A. revenue l'on dit que la demy-lune auoit esté emportée. Pendant que je fus apres a mettre en chiffre une lettre au Conte de Waldec, S.A. auoit donné a escrire deux ou trois lettres a Tromer, un Garcon que Beverning luy auoit donné pour le servir dans la langue Allemande et qu'il me dit, il ya quelque temps, qu'il ne vouloit garder que durant ce voyage Il porta ces lettres en mesme temps que j'estois la pour faire signer la mienne, chose qui me depleut fort et me causa de la melancholie, ne scachant pas jusques ou cela pouvoit aller. J'escrivis a madame et a ma femme. | |
Samedy. 11.Je me fus promener a pied auec Mr de Bosvelt et Mr de Leeuwen jusques a assez pres de la ville. Il nous tirerent un coup de canon, mais qui donna a 50 ou 60 pas de nous. Nos gens ne purent pas bien se loger dans la demy-lune prise, y estant veus de plusieurs endroits. Touts ces quatre ou cincq jours passés il fit un temps beau et sec. | |
Dimanche. 12.S.A. m'ayant dit le jour passé que je fisse un dessein du haut de la montagne ou est le cloistre de St Croix, je m'y en allay de bon matin, et n'ayant pas trouvé le temps propre pour cela, je me promenay par les quartiers des Imperiaux pour attendre qu'il s'esclaircit, mais en vain. J'allay jusques à la maison de plaisance de l'Electeur, nommée Poplensdorf, ou la maison et les jardins, assez jolys autrement, estoyent en tres mauvais estat. Voulant encore trouver moyen de desseigner la je grimpay sur une tour de ladt maison qui regarde la ville laquelle n'en est qu'a trois ou quatre cents pas, mais le froid | |
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qu'il fit, m'empescha de me servir de mes mains. Pendant que j'y estois, il vint un boulet de canon donner dans les arbres et les hayes du jardin qui estoit a costé, et fit grande peur a des soldats imperiaux qui s'y trouverent. Estant revenu au logis sur le midy, je n'entendis plus tirer et le bruit commenca à se repandre que la Ville capituloit, ce qui se trouva veritable, et le mesme soir ceux de dedans remirent une des portes entre les mains des Imperiaux. L'apresdisnee je fus sur le bord du fossé et vis nos gens logés dans le rempart du ravelin. J'escrivis a madame la Princesse et a mon pere. | |
Lundy. 13.Les ennemys sortirent de la Ville et nous les vismes marcher. Landssperch y avoit commandé au nom de l'Electeur, Mr de Reveillon la garnison Francoise. Ceux que nous contames en sortant et qui marchoyent dans les files, estoyent environ au nombre de 1000 Francois et Allemands, touts gens bien faits. Bassum, qui avoit eu un Regimt dans nos trouppes, y marchoit aussi a la teste de quelque monde. En retournant au logis nous vismes toute la Cauallerie Imperiale en battaille occupant une grande estendue de terrain. Le soir a dix heures mourut le Sr de Leersum, deuxiesme fils de Mr de Zuylestein, ayant esté malade d'une fiebvre continuelle depuis le 5 de ce mois. | |
Mardy. 14.S.A. entra dans la Ville. Je passay outre auec le jeune Lannoy pour aller voir des chevaux au quartier des Imperiaux, mais ne trouvay rien qui fut mon fait. Nos Ambassrs de Coloigne vindrent trouver S.A. Beverning dit le soir que nous ne serions pas à la Haye, devant le nouvel au; j'acheptay un cheval Cravate gris d'un quartiermaistre des Imperiaux. | |
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une petite perucque tres vilaine de cheveux blonds devenus roux, un grand nez, les yeux un peu chassieux, point d'espee et un esperon. J'acheptay un cheval Alesan Turc d'un Coronel des Imperiaux pour 250 £ et un cheval que j'avois achepté a Coloigne pour 115 £ de retour; on parla de partir le jour suivant. | |
Jeudy. 16.S.A. marcha de Grauwen Rindorf a Visling, un petit village assis tout sur le bord du Rhin a deux lieues de Coloigne. J'y desseignay la veue de la fenestre de mon logis. Il plut tout le matin. Le matin comme je portay des lettres à signer a.S.A. Tromer en porta aussi et S.A. luy donnant des lettres, luy dit de les garder et qu'il luy en parleroit apres. Je m'imaginay aussi pour asseuré que la depesche du Magistrat de la Haye auoit esté faite par Rooseboom. Le Raedt Pensionaire escrivit a S.A. que l'on venoit de trencher la teste au Coronel de Grysperre et j'appris que cela auoit esté fait dans la prison. J'escrivis a ma femme et à Uijlenburg. | |
Vendredy. 17.Nous marchames de Vislingh a l'abbayie de Brawiller d'ou nous estions partys le 30 Octob. Je me detournay un peu du chemin pour aller auec Mr de Bosvelt, Walenbourg et quelques autres a Coloigne, ou nous disnames chez les Ambassadeurs auec mesdames de Haren et Beverning, estant 15 ou 16 personnes à table. Le soir venant nous partismes, Walenbourg et moy, et arrivasmes par la pluye a l'Abbayie susdte. L'on dit a table que les Francois auoyent demoly et abandonné Nuijs. Mr de Haren dit que touts nos ennemys consentoyent a une trefve, mais parloit comme si l'on ne l'accepteroit pas. | |
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cedente à la hauteur de deux a trois doigts de hauteur et continua de le faire durant la marche. Je receus une lettre de mon Pere, portant que madle Ryckaert ma belle soeur estoit decedée de sa longue maladie et que madle Aerssens la seconde devoit apparemment la suivre, ayant rendu par la bouche une grande quantité de sang qui bouilloit et fermentoit au bassin. S.A. logea et moy aussi dans un grand logis pas loing de la porte ou il y auoit en une chambre d'enhaut un St Sebastien taillé de bois, une assez bonne figure, faite depuis peu. Jl vint de lettres du C. de Waldec qu'il auoit aduis que le jour suivant les ennemys alloyent quitter Utrecht | |
Dimanche. 19.Nous marchasmes de Berchem a Blatzum ou S.A. logea dans un couvent de femmes, d'ou tout s'estoit sauvé. En sortant de la porte de Berchem je faillis d'avoir un malheur, car voulant me glisser a travers d'un grand embarras qu'il y auoit dans la porte de charrettes, de bestes que les soldats emmenoyent, et de soldats et cavaliers, il m'arriva qu'un vent m'enleva mon manteau et me le jetta par dessus la teste sans que je pusse me debarrasser n'y parler a personne, pendant que mon cheval commencant a sauter faillit de me jetter, sans qu'un cavalier ou corporal m'eust secouru. Venant a Blatzum nous apprismes que les ennemys avoyent vuidé Carpen, que l'on croyoit devoir faire de la resistence. On parloit de mesme de Nuys, mais sans beaucoup de certitude. | |
Lundy. 20.Nous demeurasmes à Blatzum, S.A. disna chez Mr le Rhingrave, il fit un mauvais temps de degel. Le soir S.A. manda au Conte de Waldec qu'il reviendroit à la Haye aussi tost que cela se pourroit aucunement. On eut nouvelle que le Conte de Monterey estoit auec un corps considerable du costé de Weert. J'escrivis à madame la douariere, à ma femme, à Uijlenburg et au | |
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Secretaire de Wilde, aux derniers touchant des statues que S.A. vouloit faire achepter. | |
Mardy. 21.S.A. sortit le matin pour aller a la chasse, logeant encor à Blatzum. Mr de Languerac me dit le matin que Mr le Conte de Waldec s'estoit joint au Conte Monterey et qu'ils devoyent estre 7000 hommes ensemble. Mr de Chavagnac manda le matin a S.A. que Lechenich s'estoit rendu aux trouppes de l'Empereur. | |
Mercredy. 22.Kerpen se rendit aux Imperiaux. Son Alts disna chez les Generaux des Imperiaux, ou des trouppes d'Espagne, a trois heures du quartier. Moy auec quelque autre compagnie chez Mr de Ginkel a Mepsenich une lieue et demye de nr̅e quartier. s'Gravemoer eut quelque contestation aigre auec Mr de Brederode, lequel un peu auparavant il auoit appellé confrater, apres qu'on eut parlé de la grossesse de sa femme, a quoy Mr de Brederode ne dit autre chose si non: Jck en heb geen wyff. | |
Jeudy. 23.Ayant dit a S.A. que j'auois receu une lettre du Secretaire Muys van Holy de Dort ou il me prioit que S.A. voulust depescher l'election des Mannen van Achten, l'election du Bourgemaistre van̅ Gemeente, comme ils l'appellent, en dependant, il me dit, dat is al lang gedaen, et comme je luy dis qu'ils ne l'avoyent point receue, il dit encor, 't is al gedaen, sans que je pusse luy rien dire parceque la chambre estoit pleine de monde. Il disna chez 's Gravemoer et moy chez Mr de Bosvelt. J'escrivis a Madame et a mon Pere, luy mandant les traverses que je rencontrois en mon employ. L'Adjutant Coljer me dit au soupper que Montecuculi estoit party sans prendre congé, a ce qu'il croyoit, pour Vienne. | |
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qu'il seroit a la Haye aussi tost qu'il pouuoit aucunement. J'appris que Mr le Rhingraue estoit envoyé apres le Conte de Montecuculi et qu'apparemment nous ne marcherions pas qu'il ne fust de retour. | |
Dimanche. 26.S.A. m'ayant demandé le matin, je luy dis entre autres choses que le petit Conte de Nassau auoit escrit hier une lettre dans ma chambre, qu'il auoit dastée du 52 Novemb. 1663, dont il fut beaucoup ry. S.A. alla disner au quartier des Espagnols ou Machado me dit apres disner que madame la connestable Colonna nommee Manchini et niepce du Card. Mazarin devoit arriver ce soir allant de ....Ga naar voetnoot1) a Brusselles. Je disnay auec beaucoup de monde chez Mr de Langerac. Le Rhingraue revint ayant esté chercher Mr de Montecuculi à Coblentz. S.A. escriuit a Mr le Conte de Waldec que les Imperiaux ne voulant plus agir, mais envoyer leur trouppes aux quartiers d'hiver, il n'y auoit point d'autre party a prendre que de s'en retourner au logis, et que pour cette raison il mist ses trouppes en leurs vieux quartiers. Dervau me dit qu'on devoit marcher mardy. | |
Lundy. 27.Ceux qui estoyent au lever de S.A., parlant de la Connestable, dirent que le Chevalier de Lorraine auoit esté fort bien auec elle; qu'elle auoit une morisque auec elle assez jolie et qui estoit sa confidente. Walenburg me dit que son frere et d'autres deputés de la prouince d'Utrecht estoyent arriués a Rurmonde apparemment, comme il y a dans la lettre du R. Pensionaire Fagel, pour offrir a S.A. le Stadthouderschap de leur Prouince. Il auoit gelé tresfort la nuict precedente et continua | |
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tout ce jour de geler tellement que S.A. et tout le monde estoyent en peine, comment on pourroit passer la Meuse a Rurmonde. | |
Mardy. 28.Nous marchasmes auec l'armee, les trouppes Espagnolles, et quarante esquadrons des Imperiaux pour nostre convoy, de Blatzheim à Angeldorff, a trois heures de Blatzheim ou S.A. logea dans la maison d'un gentilhomme fort sale et malpropre, comme elles sont partout en ce pays; je souppay auec Mr Bosvelt; la gelée continua tres forte. Walenburg me dit que son frere et d'autres deputés d'Utrecht, estoyent arriués à Rurmunde pour y attendre S.A. La nouvelle asseurée vint de l'evacuation d'Uytrecht par les ennemys, le Raedtpensre Fagel mandant qu'il y estoit allé luy mesme auec les autres deputés pour y mettre l'ordre necessaire; de plus qu'il y auoit apparence de faire la paix auec Munster, et envoya en mesme temps une resolution des Estats authorisant S.A. et les Ambassrs a Coloigne de conclurre avec l'Evecque et de luy promettre une somme de 300/m. £ qu'il pourroit estendre jusques a 400/m. et donner Grol pour la seureté du payement. | |
Mercredy. 29.Nous marchasmes de Angeldorf a Besch, un petit village du pays de Juilliers, ou S.A. et nous autres logeames aussi dans la maison d'un gentilhomme. Ce lieu est a environ trois heures du precedent. La gelée fut tousjours gaillarde, et rendit les chemins bons. S.A. escriuit à Mr de Beverning a Coloigne touchant l'accommodement qu'on traittoit auec l'Electeur de Coloigne et qui sembloit estre fort proche et apparent. | |
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est à quatre lieues et demye de Besch. Le matin en sortant du quartier S.A. alla voir la Brigade de Sporck, qui marchoit a nostre droite pour nous convoyer, il s'y fit quelques trocqs de chevaux. J'acheptay un cheval d'Hongrie Rouen du Conte de Flodroff pour 329 livres. S.A. recent une lettre du Conte de Waldec, sans datte, portant qu'il n'estoit pas encor marché. |