Journalen. Derde deel
(1888)–Constantijn Huygens jr.– Auteursrecht onbekendOctobre.1 Mardy.S.A. et le Duc furent encor à la clapperjacht. L'on fit des depesches pour l'Hollande et nous eusmes nos lettres de là; mais ce fut à huict heures du soir. Voorst me conta que quand Hekeren avoit esté à Cell envoyé de l'Estat, il s'estoit trouvé avec une fille d'honneur de la Duchesse dans la chambre de la jeune Princesse et soustenant qu'il avoit le bras aussi blanc que cette fille, il s'estoit retroussé la manche; que la Duchesse survenant à ce discours et ayant entendu derrière la porte (ce qui pourtant n'est pas bien apparent) avoit dit veritablement Mr. le Baron de Hekeren vous avez le bras aussi blanc que jamais personne l'a eu etc. et que le jour suivant il luy avoit esté dit de la part du duc que les ministres estrangers ne devoyent pas vivre de cette manière là, ou quelque chose en ce sens. | |
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Beauregard jouant à l'hombre de moitjé avec la Duchesse perdit 500 ducats. | |
2 Mercredy.Je fus à la chasse du lièvre avec les Princes et on prit un lièvre fort près de Epsdorf, qui ne dura pas plus d'un quart d'heure, après on perdit une partie des chiens qui coururent après des cerfs et des biches, et il ne fut plus rien fait qui valust. Dans le bois auprès d'Epsdorf il y a beaucoup d'escurieux dans les arbres qui en ce temps-là descendoyent une demyheure avant que le soleil se couchast pour manger les glands tombés des chesnes. An soupper à table je remarquay qu'une des filles d'honneur qui mangeoynt avec nous, appellée Mlle Kneesbeeck tenoit dans sa main une tablette de confiture pour la donner au mary de Mad. Oppen qui estoit derrière elle, et que luy demeurant un peu avant que de la prendre (peut estre pour choisir son temps) la prit à la fin en serrant la main à la fille qui le souffroit assez doucement, et mesme luy grattant de ses doigts dans la main. | |
3 Jeudy.Les Princes furent à la chasse du cerf et en prirent encore deux. Nous disnasmes dans la chambre ou S.A. et le Duc disnoyent ordinairement et il y eut à table un envoyé de la Princesse e'Ostfrise qu'on me dit estre son vicechancelier. A la chasse Ouwerkerck fut renversé avec son cheval par un cerf qui sauta par dessus luy et de sa poitrine heurta contre son epaule. Le Conte Reus fit une terrible cheute dans une ornière, et L'Aulnay comme le cerf, estant forcé, s'arresta et fit quelque semblant de vouloir aller à luy, voulant l'esquiver et detourner son corps perdit la balance et tomba du cheval, donnant premièrement du nez en terre puis se retournant sur le dos, dont | |
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S.A. se mit à rire, ce que l'aultre sembloit avoir remarqué comme une chose peu obligeante. Le soir au sortir de table le Duc se rencontra avec Mrs Bentingh et Ginckel et moy, et me demanda si mon père estoit encor en vie, disant l'avoir connu quand il avoit esté à l'armée avec le Prince Henry, me demandant aussi si je n'estois pas chasseur; puis nous discourumes de differents sujets. Le Sr Oppe se tint encore long temps derrière la fille que j'ay dite, l'entretenant sans que je pusse entendre ce qu'ils disoyent, mais Flud le Lt Cor. me fit quelque signe de la bouche comme pour dire, qu'il y avoit quelque chose. | |
4 Vendredy.L'on fit le matin les depesches pour la Haye. L'aprèsdisné S.A. fut avec le Duc à la chasse du lièvre. J'ais des lettres de ma femme qui me manda que le jour suivant (qui fut dimanche dernier) elle alloit avec sa soeur à Amsterdam que le vieux Marlot estoit mort; que Madlle Cabellau estoit fort malade, et Madlle Casembroot de mesme. Le soir causant avce Sylvius il me dit que S.A. ne poussoit pas assez l'affaire de l'alliance entre les Princes de Lunebourg et l'Angleterre, et qu'il temoignoit de se rendre aux raisons que le Duc de Cell luy donnoit pour justifier son procedé. Le Duc de Hanover, ce dit-il, estoit bien intentionné et resolu de faire l'alliance quand même l'autre ne la feroit pas. Que le Duc de Cell avoit dit à luy, Sylvius, qu'il conclud avec son frère qui n'estoit point engagé avec la France. Les lettres de France portoient que le dauphin estoit malade, celles qu'eut le Sr Bulauw de son frère qui estoit en France, avec le Prince d'Osnabrug, | |
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disoyent qu'il estoit fort malade et avoit une fiebvre continue. Batenburg, valet de chambre de S.A., eust un accès de fievre. S.A. conta le soir à son coucher que le Conte Volpe qui quand il mourat, avoit gaigne à la Bassette .....Ga naar voetnoot1) escus, avoit de certaines observations superstitieuses en jouant et que si en meslant ou en donnant les cartes il y en avoit une qui se rencontrait de travers, il quittoit la bancque (qu'ils appellent) et que quand la tenant, il estoit en train de gaigner, il se tenoit immobile et sans oster ses pieds de la place ou ils estoyent. | |
5 Samedy.Les Princes furent à la chasse du cerf et en prirent deux. Le Chevr Boccage fit à cette chasse une cheute et se demit le bras. Le soir avant soupper S.A. eut une assez grande foiblesse, estoit fort pâle quand elle se mit à table et ne mangea guères. On l'attribua a ce qu'il avoit l'estomach vuide n'ayant pas mangé depuis le desjeuner. Made d'Ouwerkerck manda a son mary que Mr d'Opdam avoit le petite verole. S.A. eut au soir une lettre ds l'Electeur portant que le 25 du mois il devoit se trouver a Maegdenbourg pour y rencontrer S.A. en cas qu'il n'y eust point de peste. Flodrof me dit que le Duc de Hanover luy avoit dit qu'il souhaitoit fort de voir S.A. chez lui; mais qu'il auroit esté bien fasché que cela fit tort aux affaires qui estoyent sur le tapit et pour la direction | |
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desquelles il croyoit que S.A. seroit necessaire à la Haye vers le temps de l'assemblée prochaine. Bruynestein entrant dans ma chambre comme j'allois me coucher et estant un peu saoul, dit entre d'autres Galimatias: Daer is Zuylestein en Ouwerkercken die zijn schier blij als het S.H. qualijck gaet uyt haet van dat hij mijn Heer Bentingh goedt doet. Heeckeren me dit qu'asseurement le mariage de Madlle Lescourt avec Schutz alloit se faire et que luy n'estoit que trop heureux, elle estant un peu parente de la Duchesse. | |
6 Dimanche.Les Princes ne furent point à la chasse. A disner on servit sur la table [du] duc et celle ou je mangeay une oglia composée de toute sorte de viande et de volaille avec des carotes blanches, des pistaches etc. dans un plat qui pouvoit avoir 3¼ pieds de diamètre, et ce pour l'entrée; pour le second il y avoit un plat de la mesme grandeur (touts deux d'argent) avec de la volaille rostie, et alentour six moindres plats d'entremets. A Epstorf et tout le pays d'alentour on trouve de la pierre à fusil par les chemins, noire, rouge et grise. | |
7 Lundy.Les Princes furent à la chasse, qui se fait en ce pays avec des toiles, que j'allay voir, la vallée (sic) m'ayant presté sa calesche, ou Silvins vint me tenir compagnie. Ils tendent ces toiles à l'entour de quelque bois parfois fort grand, parfois moindre comme cette fois-là il n'estoit que petit, et le tour qu'elles font va d'un costé en se retraississant tellement qu'il y a une ouverture d'environ deux cents pas, mais dans cette ouverture la mêsme, il y a des toiles qu'on peut tirer et resserrer comme des rideaux; quand on chasse ou les ouvre, et les paysants qui sont dans le bois à force de crier et de faire du bruit, obligent les bestes à sortir par l'ouverture, ou estant elles se | |
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trouvent encore dans un enclos de toiles, et cependant on tire ces rideaux et par là elles sont enfermées, et on peut en faire ce que l'on veut. La première chose qui vint, fut une trouppe ou herde de quelques cerfs et biches au nombre de 12 ou 15, avec deux ou trois chevreuils, qu'on laissa eschapper, leur ayant ouvert les toiles de l'autre costé après les avoir fait un peu promener dans ce petit enclos ou estoit aussi la Duchesse dans son carosse, avec la Princesse sa fille sans autre suitte de femmes. Auparavant on avoit desja donné à ceux qui eurent envie de prendre ou tirer des sangliers, des espieux qui sont pour cela. S.A. le Duc et plusjeurs des principaux en ayant. Il vint ensuitte deux ou trois renards et quelques lièvres qu'on tua à coups de fusil et plusjeurs chevreuils qu'on laissa aller. Après deux biches, dont l'une sauta par dessus les toiles et l'autre fut tuée à coups de dards. Après trois sangliers dont le premier estoit de ... ans de la grandeur d'un porceau ordinaire, mais qui n'estoit point méchant et quoiqu'on lui criast ho son! comme ils font pour les agacer, il n'alla à personne et fut tué par deux coups qu'il receut au costé et qui luy ayant fait sortir les boyaux du corps, il tomba mort au milieu de l'enclos. Après il en vint un autre qui fut pris par Carlin, sans que je pusse le voir à cause d'une frescade(?) et des chevaux qui estoyent entre deux. Après celuy-là vint un marcassin qu'on tua à coups de fusil. Et à la fin un grand sanglier alla bien vigoureusement au conte Reus qui avoit deux seconds. Il luy donna de l'espieu dans l'oeil et ne le tenant pas bien comme il faut soubs le bras, il luy sortit des mains et il se culebutta, et pourroit avoir esté mal traitté | |
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de la beste, si en mesme temps un gentilhomme du Duc, nommé Schilde, qui le secondoit, n'eust tué le sanglier, luy faisant entrer l'espieu dans l'espaule, comme l'on fait d'ordinaire. Le sanglier après le coup se demena encore un peu, mais tomba bien tost mort. Le soleil la-dessus estant prest à se coucher, les chasseurs prirent des chevaux et entrèrent dans le bois, ou les gros chiens ayant arresté encore un sanglier ou deux, ils furent tués. Dans le carosse Sylvius me dit qu'ayant fait quelque ouverture à la Duchesse et à Mr de Plate, premier ministre du Duc d'apresent de Hanover, touchant un mariage de son fils, avec la Princesse Anne de Yorc, il n'y avoit point trouvé de disposition; le dernier disant pour raison, que le Duc de Hanover avoit peur de marier ses enfants de peur de paroistre vieux. Dit que l'accommodement de Wicfort estoit fait jusques là qu'il devoit voir S.A. et qu'on devoit luy rendre ses papiers; qu'il avoit fait un joly abregé de la vie de Mr le Prince pour estre inseré dans l'histoire de l'ordre de St. George que faisoit .....Ga naar voetnoot1). Luy ayant demandé qu'elle estoit proprement la medisance qui avoit cours de Mrs Trelawny, il ne vouloit dire, si non qu'on avoit dit que ....Ga naar voetnoot1) l'avoit débauchée et .....Ga naar voetnoot1) ne disant pas le reste. Dit encore et me monstra la lettre de Southwell qu'on croyoit que le Duc de Yorc disoit estre attaqué à la prochaine assemblée du Parlement d'Angleterre, et qu'il se defendroit sans bouger; qu'il croyoit que S.A feroit bien d'aller faire un voyage en Angleterre vers ce temps-là pour paroistre dans le party du Roy pendant que le Duc de Monmouth seroit à la teste du sien. | |
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Que le Duc de Cell luy avoit donné sur parole aussi bien que celuy de Hanover d'entrer dans l'alliance avec l'Angleterre et l'Espagne, dès qu'on auroit conclu avec l'Empereur. | |
8 mardy.Les Princes furent à la chasse du cerf, en prirent encore deux et ne revindrent au logis qu'à neuf heures et demye. Le jour précédent Sylvius me dit encore, quand je luy dis que Zuylestein parloit mal de Dr Kent, il dit que c'estoit parcequ'il avoit contribué à l'obliger de s'expliquer à l'égard de Mlle Wrath, qu'il amusa depuis long temps et qui comme une folle avoit donné dans le panier et estoit coiffée de luy et que quand ils faisoyent des folies comme ils en faisoyent souvent, il le reprenoit avec beaucoup de liberté. S.A. envoya 400 ducats à la Duchesse, qu'il luy devoit du jeu en ayant perdu outre cela 200 autres. Elle donna à qui les luy apporta 20 ducats. Les lettres de la Haye portèrent qu'il y avoit eu une esmeute du peuple à Gorcum à l'occasion de la quotisation pour le vin etc. qu'on y faisoit; que les Gecommden Raden y estoyent allés et y avoyent envoyé trois compagnies des Gardes. | |
9 mercredi.S.A. ne sortit point, le temps estant mauvais. Carlin nous conta par un long discours les services qu'il avoit rendus au vieux Duc de Lorraine et à celuy d'à present et comme au premier il avoit sauvé la cassette ou estoyent ses joyaux, quand il se sauva de Nancy, le Roy y entrant, en jettant cette cassette dans un puits à l'escart, ou elle fut pres de deux mois. Il parla mal de Serainchamp, envoyé du Duc de Lorraine à la Haye pour avoir, ce disoyt-il, fuy avec son regiment dans je ne scay quelle occasion. Montpouillan et Flodrof resolurent de ne point aller | |
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à Berlin, le premier à cause de l'empirement de la maladie de sa femme. - Flodrof dit qu'il estoit d'opinion que S.A. seroit obligée de faire un voyage en Angleterre vers la fin de novembre. | |
10 Jeudi.Les Princes furent à la chasse et prirent deux cerfs, mais qui ne coururent ny bien, ny longtemps, comme l'on dit qu'auroyent fait touts eeux, qu'on avoit chassés durant le séjour de S.A. au pays de Lunebourg. Je ne souppay point manque d'appetit. J'estudiay de l'Espagnol toute l'aprèsdisnée. Fis faire deux nouvelles roues au chariot de Rijswijck dont je me servois en ce voyage. | |
11 Vendredy.On fit des depesches pour la Haye et S.A. escrivit plusjeurs lettres de sa main qu'elle envoya à Mr. van Leeuwen pour luy servir de créance au voyage qu'il estoit encore prest à faire en Angleterre par ordre de l'Estat. Les Princes allèrent à la chasse du lièvre apres disner. On me manda de la Haye que Mlle Tromp l'aisnée estoit morte d'un mal de mère; que le conseiller Kerckhoven estoit mort, et semblablement le vieux van der Hoolck. Sylvius me monstra une lettre de Southwell dans laquelle il luy mandoit qu'ayant parti avec le Prince d'Anhalt, celuy cy luy avoit dit qu'il ne croyoit pas que S.A. gagnoit rien sur Mr. l'Electeur particulièrement à l'égard du vaisseau pris sur les EspagnolsGa naar voetnoot1), | |
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tellement qu'il estoit quasi d'avis que S.A. feroit mieux de ne point venir. Le gn̅al Spaen vint à Epsdorf s'en allant de là trouver Mr. l'Electeur; le soir il fut une bonne demyheure avec S.A. il avoit avec luy un adjutant gn̅al de Mr. l'Electeur, nommé Eller. | |
12 Samedy.Les Princes furent à la chasse du cerf. Beauregard railla tant Mlie Kneesbeeck durant le disner qu'elle rougit de colère interieure sans pourtant dire grand chose. Le mareschal [du] Duc, Mr. Tann, promit de me faire voir à Cell sa collection de medailles. Le fils de Chapuiseau un garçon noireau avec des cheveux courts me parla du cabinet de tableaux et de la bibliothèque qu'avoit Mr. l'Electeur à Berlin, disant que celluy estoit assez ample, mais pas fort bien choisie; dit aussi que le Prince Louis de Brandenbourg estoit fort bas à la Cour et estoit obligé de s'accommoder à l'estat ou il se trouvoit, estant postposé aux enfants du second lict. Que le Prince Electoral défunct auroit taillé de la besogne à son père, s'il eust vescu, et que de cela il avoit commencé à donner des marques. Flodrof adjousta qu'une fois il avoit voulu faire une eschappade et se jetter dans un service estranger. | |
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venu dire que S.A.E.Ga naar voetnoot1) seroit bien aise que le Roy d'Angleterre voulust employer sa mediation pour la satisfaction de Mr. l'Electeur, mais qu'il voyoit bien que jusques à ce quils fussent asseuré de cela ils iroyent toujours poussant leur pointe avec la flotte. Il luy envoyait en mesme temps la copie d'une lettre latine que l'Electeur avoit escrite au Roy d'Espagne jour justifier son procedé de represailles. Je fus obligé de translater cette lettre-là en françois. | |
14 Lundy.Les Princes furent encor à la chasse du cerf et du sanglier. Sylvius me dit qu'en parlant depuis peu à la Duchesse de Cell il luy avoit dit qu'elle devoit tousjours estre pour les interests d'Allemagne, qu'elle estoit venue à la dignité ou elle estost par son merite et avoit surmonté touts obstacles, mais que si Dieu venoit à luy oster Mr. le Duc, elle devoit songer à elle, et qu'en ce cas-là la France ne seroit pas pour elle une bonne retraite, par ce que l'on luy disputeroit cent choses; qu'elle avoit pris cela en bonne part. Que la jeune Princesse devoit avoir deux cents mille escus de revenu outre l'argent comptant qu'elle pouvoit attendre. A table L'aulnay conta qu'à Wolfenbuttel le Duc ou la Duchesse avoit un More qui avoit six doigts à chasque main et à chasque pied, ayant avec cela la main et le pied tres bien faits. | |
15 Mardy.Nous partismes avec S.A. à six heures du matin et disnasmes à Dannenberg dans la maison de Mr. le Duc de Cell. Ce lieu de Dannenberg est à six petites lieues d'Allemagne de Cell, et est un lieu de chasse de ce Duc qui y passe tousjours quelques mois de l'année, au reste fort sale et vilain. Le | |
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Sr Bulau, y estant allé le jour precedent, y avoit fait preparer le disner pour S.A. Nous avancames notre voyage après disner, et ayant cheminé par d'assez beaux paysages au bout de 4 heures, arrivames sur le bord de la rivière de l'Elbe, laquelle ayant costoyé quelque temps, nous nous en éloignames encore et à la fin le soleil estant desja couché, arrivames au bac ou il la faut passer pour aller à Lentzen. Il fut nuit close avant que nous eusmes passé l'eau et nous trouvames le chemin de Lentzen par le moyen d'un feu, qu'on avoit allumé au bout du pont, pour servir de fanal à ceux qui viendroient derrière. S.A. fut logée dans l'ampthuys de Mr l'Electeur de Brandenbourg à qui ce lieu est et qui y avoit envoyé le Coronel Post avec son Overste Schenck et encore dǝux ou trois gentilshommes, pour recevoir S.A. et la traitter: Elle souppa à une table longue servie à l'allemande avec deux rangs de plats, ou il y avoit assez à manger dedans, mais la viande n'estoit que mediocrement bien apprestée. Un escuyer trenchant, ayant servy de deux ou trois plats en demeura là. Je logeay chez un Bourgemre de la ville dans une bien vilaine chambre. La rivière de l'Elbe à l'endroit ou nous la passames est tellement large que de l'un à l'autre bord deux hommes ne s'entendent quasi point crier, mais n'a au plus que cinq pieds de profondeur et ne porte point de batteaux par la que ceux qui tirent tres-peu d'eau. Zuylestein et Hekeren faillirent de tomber de haut en bas d'un pont qui est en chemin de Dannenberg a Lenze, il y a trois lieues d'Allemagne. | |
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et ayant cheminé la plus part du temps par des bois de chesne, dans lesquels de temps en temps on trouve des terres labourables, nous arrivames environ à 1 heure après midy à.....Ga naar voetnoot1), petite ville de la vieille Marche de Brandenbourg, ou il faisoit très-sale et vilain par les rues. Nous prismes la un disner comme le soupper du soir précedent; ces mesmes gens de Mr l'Electeur l'ayant fait accommoder. Ce lieu est à 5 grandes lieues d'allem. de Lentze. De la nous allames à Havelberg distant....Ga naar voetnoot1) environ trois heures C'est encor un petit lieu sale, mais l'Eglise est assez jolie, quoyque n'ayant point de clocher. Elle a esté bastie par l'Empereur Otton le I. | |
17 Lundy.Nous partismes de Havelbergh sur les huict heures du matin seulement parce que Mr le Prince avoit esté tourmenté toute la nuict et ne se leva qu'à cette heure là et disnames à Ratenau qui est à environ 8 heures delà, un lieu aussi fort sale et vilain; les femmes dans ce lieu icy et les autres de la Marche de Brandenbourg portent sur leurs testes de certains bonnets velus par dedans et qui leur descendent sur les espaules avec deux bouts fort longs. Le chemin va quasi tousjours par des bois tantost de chesne, tantost meslés de chesne de ces sapins que nous appellons femelles et de boileau, on de sapins seuls. Nous couchames à Brandebourg à un peu plus de six heures de Ratenau. C'est une assez grande place assise sur la Havel qui y fait tourner plusjeurs moulins, et la situation de la ville est un peu extraordinaire, y ayant beaucoup d'eau qui la couppe et separe, mais la nuit qui survint nous empescha de la bien considerer. | |
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Monsieur d'AmerongenGa naar voetnoot1), envoyé extraordinaire de l'Estat auprès de l'Electeur vint trouver là S.A. | |
18 Vendredy.J'allay voir le matin un tableau qui est dans l'eglise sur l'autel ou plus tost deux portes d'un tableau qui semble avoir esté osté du milieu, y ayant maintenant quelques méschantes figures peintes et dorées. C'est un ouvrage de Lucas Cranach et il y a huict saints de la grandeur quasi naturelle. Le costé d'une de ces portes ou est la Marie Madeleine est le meilleur des quatre. La teste de la Madeleine est fort jolie et les drapperies fort bonnes pour le temps ou a vescu le maistre. S.A. desjeuna ensuitte et estants partys sur les neuf heures et demye et ayant toujours cheminé par des bois de chesnes, de sapins et de boileau au bout d'une heure et demye nous trouvasmes six grands esquadrons de cavallerie, fort belle et fort leste de Mr l'Eleoteur qu'il avoit envoyé au devant de S.A. Estant arrivés proche d'un grand pont qui traverse le bout d'un lac et ou il y a une fort jolye veue, nous trouvasmes Mr l'Electeur avec le Prince Electoral et le Prince Louis qui attendoyent là S.A. et la saluèrent. S.A. se mettant avec l'Electeur dans une berline ouverte, non obstant un grand orage qui survint en mesme temps. Mr l'Electeur estoit incommodé des gouttes et avoit bien de la peine à marcher quoyque soustenu. Sur les deux heures et demye nous arrivâmes à Postdam, dont l'assiette par dehors est très-plaisante, ce lieu estant assis sur la Havel, qui est fort large par-là, et sur le bord duquel s'estend d'un costé le parc | |
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qu'on dit avoir trois ou quatre heures de circuit, tout planté de grands chesnes. S.A. ayant mis pied à terre Mr l'Electeur la mena dans sa chambre qui estoit fort bien en ordre; il y avoit devant la cheminée un joly tableau de Wieling, de la fille de Pharao trouvant Moyse dans la rivière. De la S.A. alla saluer Made l'Electrice à qui nous fismes touts la reverence. Mr d'Amerongen me dit, que l'Electeur avoit demandé des nouvelles de la santé de mon frère. S.A. après quelque tems se retira dans sa chambre, jusques à ce qu'on alla soupper. Je vis dans la tour de la maison de Mr l'Electeur deux grues qui se promenoyent là et estoyent de couleur et de taille comme celles de S.A. et de Mr Benting. Un gentilhomme nommé .....Ga naar voetnoot1) me dit à table en souppant que ces oiseaux font leurs nids dans ces pays de Mr l'Electeur. Il y avoit encore là deux cicognes d'un plumage tout à fait brun. Made l'Electrice avoit nn petit Tartare dans sa chambre de 7 ou 8 ans. Dans le Havel il y avoit un petit jacht qui tira quelques coups de canon comme S.A. passa. Au soupper on me fit voir de verres aussi beaux que ceux de Venise et d'Angleterre, et taillés à costes, lesquels on me dit qu'on faisoit fort proche de Postdam et qu'on y avoit aussi estably une manufacture de tapits de table et de pied approchants de ceux de Perse. | |
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nière de Palma vecchio, fort bon. Une pièce ou il y a un paon mort et d'autres oiseaux du jeune Weninx, de mesme très-bonne. Par toute la maison il y en a plusjeurs de Wielich, peintre de l'Electeur mort il y avoit quelque temps. Le portrait de sa femme y entre fort, ayant esté bien jolye à ce qu'on me dit et pas trop severe; elle estoit fille de de Haen à la Haye. Amerongen me dit que Mr l'Electeur estoit fort alarmée des avis, qu'il avoit de l'armature par mer que faisoyent Mrs les Estats, qu'il prenoit cela comme une chose qui chocquoit son honneur, et qu'il faudroit quelque expedient pour l'appaiser. Le secretaire de Mr l'Electeur, nommé Fuchs, me vint rendre visite, un homme d'environ 36 ans, plustost petit que grand et ayant assez bonne mine. Mr Despence à table m'asseura qu'il y avoit plusjeurs tilleux à Postdam et à Berlin, qui avoyent esté planté à l'envers et un entr'autres à l'entrée du jardin à Postdam. Il dit qu'en les plantant il falloit bien nettoyer les racines des filaments et laisser au bout qu'on met en terre, quatre ou cinq branches. Le mesme jour plusjeurs officiers, entr'autres ce gentilhomme qui m'entretint à table le premier jour et me dit avoir esté envoyé en Hollande à diverses fois pour des affaires durant la guerre, m'asseurèrent fort que parmy les dragons qui estoyent des Finlanders et furent battus avec le reste des trouppes de Suède, lorsqu'ils firent la dernière invasion dans les terres de l'Electeur, il y avoit eu un grand nombre de charmés, qu'il avoit fallu assommer des crosses des mousquets, les balles et les pertuisanes ne faisant point d'effet sur leurs corps; qu'à plusjeurs on avoit trouvé de petites choses pendues au col comme une feuille morte entortillée et ou il y avoit dedans une chose comme | |
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un petit ver, à d'autres des billets roulés, ou il estoit escrit for meinem Königh. Spaen me dit qu'à Postdam ou luy avoit basty une maison ou il se trouva qu'il n'y avoit point de degré. | |
20 Dimanche.Mr l'Electeur sortant de table et allant à son quartier, me voyant s'arresta et me demanda des nouvelles de mon père. Je luy fis les offres de son service, mais luy dis qu'il se plaignoit de S.A.E. en une chose qui estoit de luy avoir fait planter des arbres le haut en bas et l'avoir exposée à la visée des passants. Il rit et me dit encore qu'il n'y avoit rien de plus certain, disant à quelqu'un là de m'en faire voir. Colombel me fit demander si je voulois aller à Berlin et S.A. me donna permission d'y aller. Mr l'Electeur avoit dit que je prisse la calesche de Spaen, comme nous fismes après disner et arrivames vers le soir en cette ville ou Colombel me mena loger chez le Sr Danckelman. Sa femme me receut fort civilement, ayant avec elle la femme de Martitius qui a basty une grande maison à Berlin, et une sienne cousine, nommée Madelle Derendael. Elle estoit assez jolie et bien adjustée avec force point Venise, le sein decouvert. Elle est fille d'un riche bourgeois de Cleve et avoit esté mariée en premieres nopces à un certain receveur a Nimègue, nommé Cell, qui mourut au bout d'environ quinze mois après son mariage et luy laissa tout son bien, ensuite elle espousa ce Danckelman. Elle nous traitta assez bien au soupper, estoit franche et ne manquant pas d'esprit. Le Prince Louis de Brandenbourg me vint faire une reverence, comme je passois auprès de luy le matin avant mon depart pour Berlin. | |
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par lequel nous montames ou il n'y a point de marches et que Mr l'Electeur monte souvent à cheval. Nous vismes le quartier de l'Electrice, où il n'y a rien d'extraordinaire. Il y avoit une table couverte de plaques d'argent qu'on me dit avoir esté prise dans la flotte que battit Piet Heyn; il y avoit dessus des figures gravées, qui sembloit estre de Goltzius ou plustost de Matham. De là j'allay faire la reverence aux jeunes Princes et Princesses qui estoyent à Berlin et qu'on mit tout de rang devant moy. Je vis encore trois chambres ou sont la plus part des tableaux de Mr l'Electeur et ou parmy peut-estre 25 ou 30 bonnes pièces il y en avoit une grande quantité qui ne valoyent rien. Parmy ceux-là il y avoit une descente de la croix de van Dijck très-excellente, un Hercule estranglant le lion de Nemée de Rubbens, un St Sebastien à demye corps de Guide, un tableau avec trois ou quatre figures en detrempe, tant que l'on pouvoit juger de loin de Giulio Romano; un homme avec une barbe rouge à demy corps qui passoit là pour estre de Correggio, un portrait ou deux de Tintoretto et un autre d'un homme sec et maigre de Titien ou donné pour tel par Uylenberg; la decollation de St Jean de Titien au dire d'Uylenberg, mais non pas de son bon colory; une petite teste de Ste Catherine, tenue du Parmesan; un homme couché dans un paysage de Giorgione, à ce qu'il sembloit, en petit; un bon portrait de femme du maistre qui a fait les deux figures auprès d'une table, qu'a Mr van Ommeren; un tableau ou il y a des noix et autres choses. De là nous fusmes dans la chambre ou sont gardés ses livres d'estampes et de desseins, dont j'en feuilletay tay un ou deux fort grands, ou il n'y avoit que des | |
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mauvaises pièces, force copies et quelques méschants originaux. En suitte je fus dans la Bibliotheque, qui est dans une sale longue de quelques 50 pieds, mais bien haulte. Les livres sont tout autour des murailles et dans des ......Ga naar voetnoot1) qui traversent la chambre et on me dit qu'il y avoit plus de cent mille autheurs. Le Bibliothecaire s'appelle Heindrichs et estoit après a donner au publicq un fort grand dictionaire qui devoit aller à 6 in folio. Dans une chambre au bout de la Bibliothèque sont gardés les manuscrits qui ne semblent pas estre de bien grande importance. On me fit voir une Bible latine, MS. sur du parchemin. Sur la reliure il y avoit quelques bas reliefs en ivoire qui sentoyent bien leur antiquité, des agates etc. et, me dit-on, que Charlemagne ayant vaincu Witukindus, roy des ......Ga naar voetnoot1) et l'ayant obligé à se faire chrestien avec son peuple luy [fit] present de ce livre. On nous fit voir quelques MS. de Luther et un Nouveau Testament MS. ou Erasme avoit mis à la teste et à la fin qu'il s'en estoit servy à la seconde edition de son testament. Il y avoit encore des figures avec des signes, imprimées dessoubs que le Bibliothecaire me dit estre le premier livre qui avoit esté imprimé et ce sont peut estre les figures dont Scriverius parle dans son Laurencrans van Laurens Coster; à celles-cy il y avoit quelques couleurs. La ville de Berlin est assez peuplée et on y bastit encore tousjours. Le conseiller Meinerts y a mis une fort grande et assez belle maison qu'on me dit estre meublée fort richement et que la dame du logis estoit | |
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une femme fort spirituelle. Plusjeurs personnes de la Cour et de ceux qui sont au service de l'Electeur y avoyent fait et faisoyent des jolys bastiments. La ville peut estre de l'estendue qu'a celle de Dort. J'allay chercher des verres taillés à facettes, comme l'on m'avoit dit qu'on faisoit dans les verreries que Mr l'Electeur a fait dresser aux environs de Berlin et de Postdam, mais je n'en trouvay point, l'homme qui les faisoit, estant mort, et ceux qui estoyent venus après luy, n'ayant pu y réussir. A Dessau, ville du Prince d'Anhalt on me dit que l'on en faisoit tousjours et des meilleurs. Ayant disné encore chez Mr Danckelman je retournay à Potsdam, rencontrant force chariots et calesches qui alloyent à Berlin parceque Mr l'Electeur et S.A. y devoyent aller le jour suivant. | |
22 Mardy.Je disnay avec le Prince Louis et le Prince Philippe qui m'avoyent fait convier, ayant sceu que j'estois resté à Potsdam, la court estant allée à Berlin. L'apresdisnée j'allay avec le Sr Danckelman precepteur du Prince Louis voir la maison et le jardin de l'Electeur à Bornheim, et passay par la menagerie qu'ils appellent de Fesanen Garden, où je vis des fesants, des poules et des pigeons. Ils ont l'adresse de reprendre à lentrée de l'hyver touts les fesants avec leurs petits, qu'ils envoyent dans la campagne à la venue du printemps. Danckelman me dit qu'en Prusse et mesme dans la Marche de Brandenbourg on trouvoit l'ambre bien souvent fort avant en terre. S.A. et Benting me conterent le soir qu'il y a dans la Marche et dans la Prusse une grande et longue estendue de pays ou demeure un reste des vieulx Vandales, nommés presentement Wenden que c'est | |
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une meschante race voleuse et meurtrière; que par les loix du pais ils ne peuvent jamais estre maistre en ancun mestier, et qu'ils ne veulent quasi jamais avouer leur extraction. | |
23 Mercredy.Je partis avec plusjeurs chariots portants le bagage, les contes de Nassau et de Solms venant aussi, avec Silvius et Borsselen et nous disnasmes à Goltz, un petit village, dans la maison d'un gentilhomme, nommé Roche dont la femme et une fille que je croy avoir esté sa soeur ou belle soeur disnèrent avec nous et luy mesme aussi sans que pas un des trois parlast quasi mot durant le repas. Le Sr ......Ga naar voetnoot1) overschenck de Mr l'Electeur y avoit fait apprester le disner. Nous allames coucher à Siegheser une petite ville, bruslée il y avoit quelques années, et logeames au chasteau. Ce lieu est à 7 lieues ou 14 heures de Potsdam, le chemin va la plus part du temps par des bois. | |
24 Jeudy.Nous partismes à la pointe du jour, et disnames aux depens de Mr l'Electeur, dans la metairie d'un gentilhomme, où il y avoit un parterre en rond devant la fenestre de la chambre ou nous disnames et au milieu de ce parterre un meurier blanc à ce que dit Bruynestein. A quatre heures apres disner nous arrivâmes a Maegdenbourg. La ville paroist beaucoup quand ou l'approche, quatre eglises, chascune ayant deux clochers se monstrant de loin. Elle est sur l'Elbe qui est bien large par là et forme quelques petites isles ou l'on faisoit des fortifications en ce temps-là, et mesme une citadelle que nous n'eûmes pas le temps de considerer, n'y faisant que passer. | |
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Nous trouvames en armes dans la grande place ou est la maison du Duc de Holstein ou S.A. logea, deux bataillons du Regiment du Duc de Holstein et un du Coronel ......Ga naar voetnoot1) en armes. C'estoit de la bonne infanterie; ils firent trois salves quand S.A. fut entrée. Le Conte de Solms, Silvius, moy et quelques autres de nos gens allames voir la grande église qui est dans la dte grande place, et bien jolie par de dans. De vieilles reliques on y monstre l'eschelle par laquelle nostre Seigneur fut descendu de la croix; elle est faite de bois de sapin très-grossièrement; les eschelons (dont il n'y en a plus que cinq) estant attachés seulement par des clous de bois. Il y a la auprès le haut et le bas de la lanterne de Judas qu'il porta lorsqu'il trahit le Seigneur. Cette relique estoit fort vilaine et pleine de poussière. La plaque de marbre qui couvre l'autel peut bien avoir 18 pieds de longueur; il y avoit encore là un morceau d'une des cruches dans les quelles se fit le miracle en Cana de Galilée, si Dîs placet. Les endroits de la ville par lesquels nous passâmes, estoyent assez bien rebastys; mais on me dit que le reste estoit encore fort en desordre depuis le saccagement de la ville que firent les Imperiaux tuant tout ce qu'ils y trouverent jusques aux enfants et y mettants le feu. S.A. arriva deux heures apres nous, ayant fait ce jour-là tout le chemin depuis Postdam jusques à Maegdenbourg, et s'amusa le soir à l'hombre. Le pays aux environs de Maegdenbourg de ce costé ou nous arrivâmes, n'est que plaines. Comme nous estions à voir la susdte église il y entra une putain avec une macquerelle. | |
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25 Vendredy.Je partis à la pointe du jour et arrivay environ à midy à Helmstadt. S.A., n'estant partye qu'à une heure et plus après nous, y arriva peu de temps après. Cette ville est située dans une plaine ou plustost vallée et la veue en est assez jolie, quand on la decouvre au sortir d'un bois; au reste sale par dedans comme la plus part des autres dans ces quartiers et ayant de fort vilains pavés. S.A. disna dans la maison d'un professeur de medicine, nommé Conringius, qui la prestoit, disoit-on, pour loger des personnes de consideration. Avant qu'elle se mist à table deux ou trois professeurs, membres du Senat academique vindrent l'haranguer à leur mode en allemand. Les voyant venir S.A. me dit: Zeelhem, il faudra que vous leur repondiez en latin, croyant qu'ils alloyent luy parler en ce langage-là. Le père de ce Conringius avoit escrit, à ce que me dit Zuylestein, de usu flagellorum in re venerea. Il m'offrit de me faire voir la Bibliothèque et les rarités qu'il y avoit a voir, mais je n'en eus pas le temps. A deux heures et demye environ de Helmstadt, il se rompit un essieux de mon chariot de bagage dont on chargea les hardes sur d'autres du train et je laissay là mon cocher pour le faire raccommoder au village qui n'en estoit qu'à un quart de lieue. J'arrivay à Wolfenbuttel environ à cincq heures et demye du soir, et suivis S.A. allant de sa chambre dans celle du Duc ou elle causa une demy-heure avant que de s'aller mettre à table. Il y avoit-là outre ce Duc, qui s'appelle Rudolph Auguste, le Duc Antoine Ulrich son frère avec son fils que j'avois veu à Cell et qui là m'avoit fait civilité. Il y avoit encore un Duc de Holstein, grand homme, | |
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habillé de deuil et ayant des diamants à la ceinture de son espée qu'on me dit avoir servy en Danemarc et avoir esté General major des troupes de Cell. Il y avoit encore le frère aisné du major Stein, un capne de nos trouppes, nommé Braunichansen, noir et de bonne façon. Nous passames par deux ou trois chambres ou il y avoit des tables couvertes pour aller à celle ou S.A. et le Duc devoyent soupper. Il y avoit deux tables. Je fus à la seconde ou l'on me fit asseoir proche du Duc Antoine Ulrich, frère du Duc d'àpresent, qui me fit beaucoup de civilité et me servit de la viande jusques à trois ou quatre fois. La musique estoit tout derrière moy, composée de quelques voix entretenues pour chanter à l'Eglise à la mode Lutherienne et qui firent grand bruit ensemble avec une petite orgue et des violins. Ce Duc me dit que la grande montagne que nous avions veue ce jour-là et le precedent, estoit nommée le Heifel et qu'il y avait une ville à quelques miles de là, nommée Goslar ou il y avoit des mines d'argent et de plomb, de cuivre et de vitriol; qu'il valoit bien la peine de voir; qu'aux ouvriers, qui y travaillent, on payoit reiglement cincq cents escus pour leur journées toutes les semaines. Dans les galeries qui passent devant les chambres du chasteau et mesme dedans les chambres, il y a quelques bois de cerf extraordinaires, et deux de deux cerfs qui se sont entrelacés les uns les autres des cornes durant le temps du rut et n'ont pû se desembarrasser. Le soir Hekeren conta que le frère aisné on Duc ......Ga naar voetnoot1) et qui alors estoit encor en vie mais moitje | |
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fol, avoit mis une fois son chancelier sur le cheval de bois, et immédiatement après pour luy rendre l'honneur, l'avait fait manger avec luy. Le soir après soupper le bibliothécaire de la grande bibliothèque vint me saluer et m'offrir son service. Le chemin daus le bois qu'on passe pour aller à Wolfenbuttel de Helmstadt estoit extremement mauvais quoyque depuis quatre ou cincq jours il eust fait un fort beau temps. On conte de l'un à l'autre lieu 19 lieues d'Allemagne. | |
26 Samedy.J'allay le matin voir la Bibliothèque avec Bruynestein. Elle est dans un corps de logis separé du chasteau. Elle est dans deux chambres fort grandes et qui peuvent bien avoir 60 ou 70 pieds de longueur sur 36 de large, mais elles ne sont pas bien éclairées et basses. Le bibliothecaire s'appelle Hanisius, un pedant allemand, peu scavant et grand faiseur de tables chronologiques, d'acrostiches et choses semblables. Il y avoit plusjeurs livres MS. et reliés en velours cramoisy venus de la bibliothèque du Roy Matthias Corvinus. Je ne pûs voir aucun bon manuscrit de vieux autheur quoyque ce fol qui habloit incessemment me dist qu'il y en avoit, et que le nombre des livres montast à 125000 volumes. En suitte on disna et il y eut beaucoup de viande, mais rien que mediocrement apprestée. Ils ont là un petit poisson de la longueur du petit doigt que l'on prendroit pour des grondels de notre pays, mais c'est une espèce differente; il a un goust agreable et relevé. La galerie qui passe devant les quatre corps de logis tout à l'entour il y a partout des tableaux de sangliers, et bigarrés d'une biche avec deux pieds blancs, d'un oerox ou urus, beste que l'on trouve en Prusse etc., avec plusjeurs bois de cerfs ordinaires et extraordinai- | |
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res. La ville est assez bonne pour une ville d'Allemagne et a de bonnes fortifications, mais de terre. Après disner les ducs conduisirent S.A. avec beaucoup de suitte jusques à Brunsvic qui n'est qu'à une petite lieue de là, et puis s'en retournèrent. Le frère aisné est un seigneur à ce qu'on nous dit, fort debonnaire et homme de bien. Il se tient la plus part du temps à Brunsvic et se repose sur son frère du soin du gouvernement. Ils avoyent encor un autre frère cadet qui est tout a fait extravagant et d'une extravagance tirant sur la folie. Il avoit une fois tiré l'espée contre le Duc Antoine Ulrich et on avoit esté quelque fois en déliberation de l'enfermer. Le père de touts ces Ducs et qui a formé la bibliothèque estoit aussi fort extraordinaire, severe et jaloux. Il avoit tenu le Duc d'à présent si bas durant sa vie qu'il ne pouvoit sortir sans sa permission à l'aage de cincquante ans et plus. Il avoit tousjours la clef de son escurie en sa poche et ne vouloit pas qu'aucun estranger y entrast; devant le quartier des femmes au chasteau il mettoit tousjours deux hommes avec des espées nues. Il mit sur un cheval de bois son chancelier et immediatement après à sa table pour remede de l'ignominie. Nous passames sur les fossés de Brunsvic sans y entrer et eumes encor deux relais en chemin, le dernier desquels j'eus si tard qu'il me fallut cheminer longtemps dans l'obscurité en danger de verser à chasque fois, Bruynestein me faisant enrager de plus avec ses sottes apprehensions. A la fin j'arrivay à Zell à minuit. | |
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sentiments, s'abstenant tousjours des points controvers. Le Duc, la Duchesse, la Princesse d'OstfriseGa naar voetnoot1), son fils et la Princesse de Cell estoyent au presche dans un loge en haut. La chapelle est toute peinte d'histoires du vieil et du nouveau testament avec un autel au bout et un crucifix dessus. De là l'on alla disner et le repas fut fort magnifique, y ayant entr' autres une piramide d'ortolans devant S.A. Au sortir de table on luy donna le divertissement de la chasse de 60 renards et 4 petits sangliers, que l'on avoit tendu des toiles tout à l'entour pour cet effet et mis de la paille pour que les renards tombassent plus doucement, mais à la fin cette paille estant ostée, ils furent depeschés bien tost. La manière de les berner est que deux hommes tiennent deux cordes par les deux bouts qui ont de petites planches en quelques endroits pour les empescher de se joindre de plus près qu'à la distance d'environ un pied. Les renards estant sortys des boëttes ou ils sont enfermés, en courant se rencontrent sur ces cordes et sont enlevés quelquefois à la hauteur de 15 ou 16 pieds. Le soir il y eut comedie et on joua Sertorius; la meilleure actrice est la femme du fils de Floridor. Je vis à la comedie la Princesse d'Ostfrise qui estoit une femme commençant desja à se passer et comme je crus un peu fardée. Lintelo estoit aussi venu avec elle. La contesse de Reux me recommanda une affaire de son mary le soir dans la chambre de la Duchesse. Comme j'estois à voir de la fenestre la chasse des renards, je vis Babet Wicquefort qui venoit du quar- | |
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tier de la Princesse d'Ostfrise et descendoit le degré avec Nannette sa soeur ét un enfant; je la saluay. Le soir il y eut bal ou je n'allay pas, ayant un flux de ventre. | |
28 Lundy.Je fus voir Madlle Wicfort sur les neuf heures, elle s'habilloit et faisoit habiller la jeune Princesse dont elle estoit gouvernante, fille de la soeur de la Princesse d'Ostfrise. Il y entra ensuite un gentilhomme de la Cour d'Ostfrise et puis l'aisné Bocage. Du Villers qui estoit venu à Cell dans ce temps me dit, que Mlle Wicfort estoit la confidente de la Princesse d'Ostfrise, et qu'elle n'oseroit l'avoir offensée. Quand je luy demanday a Madlle Wicfort s'il ny avoit pas quelque peu de galanterie dans le fait de la dte Princesse, elle se mit à sousrire. Le vieux Wicfort vit S.A. ce matin et Boccage nous dit que S.A. luy avoit dit: oublions tout le passé. Allant le soir pour dire adieu à Mlle Wicfort et entrouvrant la porte, je la vis avec la petite Princesse, qnasi déshabillée, et entendis encor deux autres personnes qui parloyent derrière un escran qui estoit devant le feu, et m'en allay. | |
29 Mardy.Comme le matin à 11 heures nous fusmes dans la chambre de la Duchesse de Cell pour prendre congé, je vis Mlle Wicfort dans un autre costé de la chambre que celuy ou j'estois. Ayant disné nous partismes, mais quelque chose s'estant rompu à ma calesche, je n'arrivay à Hanover (qui est à 5 pas bien grandes lieues de Cell) qu'il ne fust sept heures. S.A. y avoit esté receuë avec grande ceremonie et un train de 26 carosses à six chevaux. J'allay au quartier de Mr le Pr., ou il y avoit deux | |
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antichambres et une chambre de lict fort haute d'estage et faite en dome, le platfonds avec de la peinture de perspective. La tapisserie de cette chambre et de l'histoire d'Ulisse fort fini et travaillée avec de l'or, mais d'un mauvais dessein et fort extravagant. Le lict et les sieges estoyent de damas jaune avec de la frange d'argent. Entrant dans la cour de Hanover de la rue ou elle est, on entre dans une assez grande bassecourt à main gauche vers le bout ou il y a une porte laquelle ayant passé on se trouve vis à vis de la porte; quasi dans le coin à la droite estoit la porte ou l'on alloit au quartier de S.A. Il y a à cette maison de mesme qu'à Wolfenbuttel et à Cell des galeries ouvertes qui passent devant les corps de logis. S.A. souppa avec le Duc, la Duchesse et les principaux de nos gens à une table ovale longue de mesme comme à Cell. Voorst, Zuylestein, Nassau et quelques autres avec moy à la table du Prince aisné revenu depuis peu de son voyage de France. Il ne but à personne, ny personne à sa santé. La viande estoit bien accommodée, mais non pas tout à fait si bien comme à Cell. Je fus logé chez un Bourgem̅re, nommé Ampsing assez loing de la Cour, comme tout le reste de nos gens. | |
30 Mercredy.S.A. fut se promener le matin avec le Duc au lieu qu'ils appellent Fesaenegarden, et ne revint qu'à midy. Voorst et moy mangeames à une table, ou il y avoit deux demoiselles de la Duchesse, estant soeurs, nommées Gele, l'aisnée brune, la cadette blonde et fort jolie, avec une troisième qu'on disoit estre promise avec le conte de Montalbano, dont le père qui disna aussi avec nous, estoit venu exprès pour l'affaire de ce mariage, - outre quelques hauts officiers et gentilshommes de la maison. | |
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Après disner je fus voir avec Sylvius et Montpouillan la reveuë de quelques regiments d'infanterie et de cavallerie auxquels le Veltmaerschalk Poditz fit faire l'exercice et trois decharges, les grenadiers jettant des grenades de carton. Une petite pluye qui continua quelque temps troubla cette feste. Un conseiller du Duc, nommé Weissendorf, vint nous entretnir au carosse, homme de bon sens et qui parloit bien francois. Il sembloit de connoistre fort la cour de l'Empereur et dit que le Père Emmerich, capucin, y estoit encor à la teste des affaires, et que c'estoit un homme de bien et bon allemand; que le conte Montcuculi estoit mort à temps et à propos, veu qu'asseurement il auroit esté enveloppé dans le malheur du conte de Sinzendorf nagueres Camer-president, c'est à dire chef des finances Imperiales et maintenant condamné à faire restitution de près de deux millions de florins d'Allemagne pour des malversations commises (trois de ces florins font un ducat). Sylvius nous dit dans le carosse qu'il estoit venu nouvelle ce jour-là que le Duc de Yorck se retiroit encore d'Angleterre avant l'assemblée du Parlement; qu'il avoit dit qu'il croyoit que son depart ruinoit les affaires du Roy, mais qu'il obeïroit; qu'on croyoit qu'il alloit à Hambourg ou à Cologne. Montpouillan nous conta comme Fitz-Patrick luy avoit rendu ce mauvais office aupres de S.A. de dire que Montpouillan blasmoit la conduite de l'Estat en ce qu'on faisoit difficulté de faire l'alliance que la France proposa il y a quelque temps, qu'il avoit dit seulement, entendant parler de faire encor une reforme de cent compagnies d'infanterie et quelque cavallerie, il avoit dit qu'il estoit estrange que l'on ne vouloit ny embraçer cette alliance ny se mettre en estat de faire teste à la France. | |
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Le soir estant dans la chambre de la DuchesseGa naar voetnoot1), ou j'attendois de scavoir ce que me diroit S.A. qui m'avoit envoyé querir, Made la Duchesse demanda à Ginckel qui j'estois, et l'ayant sçeu, s'en vint à moy et me dit d'un visage riant: Mr de Zeelhem, Mr votre père vit-il encore? Je luy fis la révérence et dit qu'il estoit encore en vie et un jeune homme de 85 ans; qu'il m'avoit ordonné de presenter ses très-humbles obéïssances à S.A. Elle me dit qu'à son dernier voyage d'Hollande elle avoit esté le voir et avoit estê dans son cabinet. A cette occasion je dis que j'avois ouy louer extremement celuy de S.A. et souhaittois fort d'avoir l'honneur de le voir. Elle dit que ce seroit quand je voudrois; mais que je n'y trouverois rien de bon; qu'elle n'avoit encore pû ranger ses grands tableaux faute d'une place propre, mais qu'elle esperoit d'en avoir bientost. Un peu après elle dit à quelqu'un: j'ay trouvé une vieille connoissance, ou du moins le père est une vieille connoissance. Puis s'informa touchant ma soeur et si elle estoit mariée, disant qu'elle se souvenoit qu'elle chantoit fort joliment. Le Duc de Cell arriva à Hanover. | |
31 Jeudy.Je disnay avec les mesmes gens du jour precedent. Apres disner Sylvius me mena voir le cabinet de made la Duchesse. Comme nous passames devant elle par sa chambre de lict, elle me dit: Monsieur, vous ne verrez rien qui vaille. Madlle Geel l'aisnée nous ouvrit ce cabinet. Sylvius la tint par la main tout le temps que nous y fusmes et me dit après que c'estoit son inclination. | |
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La dedans nous ne vismes rien d'importance que quelques deux ou trois portraits de miniature, qui n'estoyent pas mauvais. Le reste estoyent des portraits de maistres peu considerables ou d'assez mauvais tableaux de diverses manières. Au sortir je parlay encore un bon quart d'heure avec la Duchesse touchant ses bastiments, le peu de propreté en toutes choses qu'il y a en Allemagne etc. Ceux qui estoyent venus le jour d'auparavant avec le Duc de Cell, estoyent Beauregard, Boisdavid, L'Aulnay et Stichenelli qui ne laissa pas de renifler la dessus a son accoustumée, et parlant du gouvernement des cours de Cell et de Hanover, dit; chez nous le con fait tout et icy les couilles, parlant au reste avec assez de liberté de la Duchesse de Cell. Il conta que durant la derniére guerre il avoit fait de grandes avances d'argent sans avoir des seuretés. Je luy demanday s'il n'y avoit pas eu moyen d'avoir entre ses mains quelque joyau ou chose semblable. Hé! vrayment, dit-il, la Duchesse se laisseroit plustost tirer touts les poils du ......Ga naar voetnoot1) qu'un joyau de sa cassette. Hekeren et Sylvius y estoyent. Le conte de Waldec me parla longtemps à la porte de la chambre de S.A. temoignant quelque chagrin de ce qu'on ne l'escoutoit pas assez et disant que S.A. et R.P.Ga naar voetnoot2) d'Hollande sembloit de vouloir faire toutes choses seuls, que voyant cela et qu'il sembloit qu'on n'avoit pas fort a faire de luy, il se retiroit et se tenoit chez luy prenant garde à ses propres affaires; qu'il doubtoit fort, si Mr le Prince se laissant aller si fort à ses divertissements et au plaisir de la chasse, pourroit bien en revenir après et s'adonner aux affaires; disant que le dernier Roy de Suède avoit esté aban- | |
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donné aux plaisirs et à la debauche ne faisant que courir le bordel du matin jusques au soir et ne prenant pas garde aux choses nécessaires; qu'ensuitte luy ayant esté représenté que s'il vouloit estre Roy, il falloit s'y prendre d'une autre façon, il avoit changé cette manière de vie et s'estoit adonné tout à fait aux affaires, mais qu'il avoit confessé a luy, Conte de Waldec, qu'il avoit eu une peine incroyable pour en venir là; que quand la chose de la Paix dernière se fit, ce fut à l'occasion d'une absence de Mr. le Prince dont on se servit; que Mr. le Prince, se plaisant à la chasse et Mr. le Pensionaire à Leeuwenhorst il pouvoit arriver des choses semblables et pires; que le voyage que S.A. avoit fait, n'avoit pas produit de grands effets; que le Duc Antoine Ulrich de Wolfenbuttel estoit un meschant esprit, que c'estoit luy qui avoit contribué à faire consommer finalement le mariage de la Duchesse de Cell en intention de donner son fils aisné à la jeune Princesse, mais qu'il en avoit esté puny, comme il falloit, quand après la mort de ce fils aisné, le cadet avoit esté refusé, quand il demanda la mesme Princesse. S.A. allant le lendemain à une grande chasse de sangliers, me demanda le soir, si je n'y allois pas et je luy dis que non, le jour suivant estant un jour de poste. |
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