Oeuvres complètes. Tome XXII. Supplément à la correspondance. Varia. Biographie. Catalogue de vente
(1950)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend1668.Nous avons publié dans le T. VI, à la date du 13 mars 1669, un ‘Memoire (de Huygens) pour Colbert’ sur un écrit de Mercator sur le perfectionnement de l'art de naviguer, en mentionnant dans une note qu'auparavant l'Académie s'était déjà occupée de méthodes proposées par d'autres personnes pour trouver la longitude sur mer. Voici ce que les Registres rapportent sur l'examen de celle d'André ReusnerGa naar voetnoot5). Le 30e iour de may 1668. Messieurs de Carcaui, Hugens, de Roberual, Auzoult et Picard ayant eu ordre de se trouuer sur le soir a la Bibliotheque de Monseigneur Colbert accompagnez du Secretaire de la CompagnieGa naar voetnoot6), ils s'y transporterent a l'issue de l'Assemblée, et aussy tost apres Monsieur Du Quesne Lieutenant general de Sa Maiesté dans ses armées nauales se rendit au mesme lieu. Lors qu'ils furent tous assemblez Monseigneur Colbert estant entré leur dict que le sieur Reusner de Neystett allemand de nation cy deuant Colonel d'un Regiment | |
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Suedois a faict entendre au Roy qu'il a inuenté une maniere certaine et facile de trouuer la Longitude sur mer, et que ce secret estant de tres grande importance pour la nauigation Sa Maiesté a jugé a propos de le faire examiner et les a nommez pour assister a la demonstration qui en sera faicte, et luy en faire leur rapport. Cependant on fit uenir le sieur Reusner de Neystett, et lorsqu'il fut entré auec le sieur de WangangelGa naar voetnoot7), qui interpretoit son discours, Monseigneur Colbert luy dit que Sa Maiesté a aggreé la proposition qu'il luy a faicte touchant le secret de la Longitude, et qu'elle a resolu de la recompenser, comme le merite une si importante decouuerte. Mais qu'elle veult qu'auparauant il communique ce secret aux Commissaires qu'Elle a choisis pour cet effect, et que suiuant les offres qu'il en a faictes il satisfasse aux obiections qui luy pourront estre proposées: Et que cependant Elle luy a faict expedier un brevet dont la teneur s'ensuit. Auiourdhuy vingt sixiesme iour de May 1668. Le Roy estant à Sainct Germain en l'aye s'estant fait informer de la proposition faicte a Sa Maiesté par le Sr André Reusner de Neystett allemand de nation cy devant Colonnel d'un Regiment Suedois, contenant qu'il auroit trouué le secret des Longitudes sur la mer en sorte que les vaisseaux connoistroient aussy certainement par le moyen de ce secret leur chemin du levant au couchant qu'ils font, par la hauteur du Pole, celuy du Midy au Septentrion et par consequent sçauroient au vray en tout temps de iour et de nuict le lieu ou ils seroient, offrant a Sa Maiesté d'en rendre la demonstration si claire et si facile que tous les vaisseaux de Guerre et marchands de toutes grandeurs pourront s'en seruir auec la mesme facilité que le Pilote se sert de la boussole. Laquelle demonstration ledict Reusner de Neystett s'offroit de faire a telles personnes qu'il plairoit a Sa Maiesté ordonner. Et Sa Maiesté ayant ensuitte consideré les grands aduantages que tout le monde receuroit par le moyen de ce Secret, a la recherche duquel toutes les nations se sont appliquées depuis plusieurs siecles sans y reussir, a resolu d'accepter les offres dudict Reusner de Neystett et de luy donner les graces et auantages qu'un si important secret merite s'il le met a effect, et afin de le luy porter, Sa Maiesté a bien uoulu declarer et luy donner asseurance qu'en ce cas Elle luy accordera premierement la somme de soixante mille Liures comptant et outre ce un droict de quatre sols pour chacun tonneau du port de tous les vaisseaux qui uouldront se seruir des instruments necessaires pour mettre ledict secret en practique. De plus le privilege de faire seul lesdicts instrumens a l'exclusion de tous autres, luy fera valoir ledict droict de quatre sols pour tonneau la somme de huict mil liures par chacun an, pour laquelle somme elle luy fera donner toutes les asseurances qu'il pourra desirer, se reseruant Sadicte Maiesté la faculté de pouuoir | |
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retirer ledict droict de quatre sols pour tonneau en payant audict Reusner de Neystett la somme de cent mille Livres comptant, a condition neantmoins qu'auparauant que ledict priuilege luy soit expedié par lettres patentes, il fera auparauant démonstration dudict secret aux Srs. Colbert conseillier ordinaire du Roy en son Conseil Royal et controlleur general de ses finances, du Quesne Lieutenant General de Sa Maiesté en ses armées nauales, Hugens, de Carcaui, Roberual, Picard et Auzoult lesquels Sa Maiesté a nommez commissaires pour examiner ladicte proposition et Luy en faire rapport, et que toutes les difficultez explications et obiections qui pourront naistre de ladicte demonstration seront mises par escrit par lesdicts Commissaires ausquels ledict Reusner respondra aussi par escrit, et sera ainsy procedé iusqu'a ce que ledict secret ayant esté reconneu certain et facille a mettre en pratique, les instrumens en puissent estre mis sur les uaisseaux qu'il plaira a Sa Maiesté de choisir pour cet effect, et aussi tost qu'Elle sera asseurée par personnes dignes de foy, qu'on a receu les auantages cy dessus proposez, Sa Maiesté fera payer au dict Reusner de Neystett la dicte somme de soixante mille liures et le mettra en possession dudict droict de quatre sols pour tonneau de tous les vaisseaux qui se serviront des instrumens necessaires pour cet effect, ou bien Sa Maiesté luy fera payer la somme de huict mille Liures par an ledict droict racheptable ainsy qu'il est dict cy dessus. Et pour tesmoignage de sa volonté Sa Maiesté m'a ordonné de luy expedier toutes Lettres necessaires apres ladicte demonstration. Et cependant le present Breuet qu'Elle a voulu signer de sa main et estre contresigné par moy son Conseillier Secretaire d'Estat et de ses commandements et finances. Signé Louis. Et plus bas de Lionne. Apres la Lecture de ce Breuet, le Sr. Reusner de Neystett ayant tesmoigné qu'il acceptoit les conditions qui y sont exprimées, Monseigneur Colbert luy a dict qu'il pouuoit commencer des lors a faire la demonstration de son secret en presence des Commissaires. Mais sur ce que le Sieur Reusner de Neystett a representé qu'il ne la pouuoit pas faire sans quelques machines qui n'estoient pas dans le lieu ou l'on estoit assemblé et qu'il y feroit apporter au premier iour, on en a differé l'examen au lendemain 31e iour de may auquel on est demeuré d'accord de s'assembler sur les cinq heures du Soir. | |
Du Jeudy 31 may 1668.Le Jeudy 31e. iour de may 1668 sur les cinq heures du Soir Monseigneur Colbert et Messrs du Quesne, de Carcaui, Hugens, de Roberual Auzoult et Picart commissaires nommez par Sa Maiesté pour examiner le secret des Longitudes, et les Srs Reusner de Neystett et Wangangel s'estant assemblez au mesme lieu que le iour precedent suiuant la resolution qui avoit esté prise, le Sieur Reusner a fait voir aux commissaires deux machines, dont la description sera faicte cy apres, et a dict que c'est | |
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parGa naar voetnoot8) le moyen de ces machines qu'il pretend connoistre les Longitudes. Ensuitte il a tasché d'en expliquer l'usaige, et il en a faict la demonstration en Langue allemande. Mais comme quelques uns des commissaires n'entendoient pas l'allemand, et que le Sr. Reusner ne pouuoit parler ny françois ny latin, Messrs Hugens et Wangangel ont pris la peine d'expliquer ce qu'il venoit de dire, Cependant comme la Commission de Sa Maiesté porte expressement que l'explication du Sr. Reusner, et les obiections qui luy seront faictes par les Commissaires seront mises par escrit; pour executer punctuellement les ordres de Sa Maiesté, on a conclud que le Sieur de Reusner mettra au plustost entre les mains du Sieur Galloys Secretaire de la Compagnie une explication par escrit de ses machines et de leur usage signée de sa main. Et afin qu'il ayt le temps de mettre par escrit cette explication on luy a donné le jour suivant et on a resolu de s'assembler au mesme lieu le Samedy 2e iour de Juin 1668 a 9 heures du matin pour proceder a l'examen de ces machines. | |
Du Samedy 2e Juin 1668.Le Samedy 2e Jour de Juin 1668, Messrs du Quesne, de Carcaui, Hugens, de Roberual, Auzoult et Picard s'estant assemblez au mesme lieu sur les neuf heures du matin, le Secretaire de l'Assemblée a dict qu'en execution de ce qui auoit esté resolu dans l'Assemblée precedente, le Sr. Reusner de Neystett luy a mis entre les mains un escrit signé de la main dudict Sr. Reusner auec l'explication en françois contenant la description de ses machines et de leur usage, et a faict lecture de cet escrit, dont la teneur s'ensuit.
L'invention des Longitudes que Mr. Reusner propose consiste a mesurer exactement le chemin que faict un vaisseau sur mer, soit en avant ou a costé, ou mesme en arriere; Et ce par le moyen de deux machines presque semblables qu'il a inventées pour ce subiect, desquelles la description, l'application et l'usage se verront icy ensuitte. L'invention des Longitudes que Mr. Reusner propose consiste a mesurer exactement le chemin que faict un vaisseau sur mer, soit en avant ou a costé, ou mesme en arriere; Et ce par le moyen de deux machines presque semblables qu'il a inventées pour ce subiect, desquelles la description, l'application et l'usage se verront icy ensuitte. L'on perce un trou de hault en bas dans la quille du vaisseau a peu pres sous l'endroict ou l'on pose d'ordinaire la boussole. La longueur de ce trou est d'un pied et 4 pouces enuiron et la largeur de trois pouces et demy. A l'entour du mesme l'on aiuste sur la quille une boeste de planches espaisses et godronnées pour empescher que | |
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l'eau n'entre dans le vaisseau, laquelle boete s'esleue iusqu'a l'endroict ou l'on doict obseruer l'effect de la machine, qui sera d'ordinaire tout aupres de celuy ou est la boussole, afin que l'on se serve de l'une et de l'autre conioinctement. Dans cette boette de bois l'on aiuste la machine qui consiste premierement en une roüe de cuivre de la forme de celles des moulins a eau ayant un pied de diametre et un pouce et demy de largeur. Son axe est posé horizontalement, et appuyé dans les deux costez d'une boette de cuiure haute d'enuiron 9 pouces longue de 14, ou 15. et large de 3. qui est ouuerte par en bas, et couvre ladicte Roüe iusqu'au ⅔ de son Diametre; Le reste par en bas estant exposé a l'eau et sortant hors de la quille du vaisseau. Ce qui faict que quand le vaisseau auance la Roüe tourne par l'impression que l'eau y faict. Au mesme arbre de cette Roüe est attachée une Roüe platte dentée de 2½ pouces de diametre qui fait mouuoir trois autres semblables roües rangées l'une a costé de l'autre dans ladicte boette de cuiure et toutes d'egal nombre de dents. Et la derniere de celles cy fait tourner une quatriesme semblable encore aux autres mais posée horizontalement, et attachée à un arbre erigé perpendiculairement et de la longueur qu'exige la hauteur du vaisseau depuis la quille iusque'au lieu ou est la boussole. Cet arbre est entouré d'un tuyau de cuiure d'enuiron deux pouces de Diametre, qui tient par en bas a la boette ou sont les roües, et auquel par le bout d'en haut est attaché un instrument faict de mesme qu'un contepas, qui se meut par le moyen dudict arbre. Il y a cinq petits cadrans, dont chacun est diuisé en 10 parties egales. Et pendant que l'aiguille du premier fait une de ses parties, la roüe dans l'eau faict un tour et les éguilles des autres cadrans ensuitte font tousiours la 10e partie de celles qui les precedent. Cette description conuient a l'une et a l'autre machine, n'y ayant autre difference sinon qu'au lieu que dans l'une la grande roüe ne sort qu'en partie par dessoubs la quille, et demeure tousiours fixe suivant la longueur du vaisseau; dans l'autre elle en sort toute entiere avec la boette qui la contient, et est mobile de mesme qu'une girouette, le tuyau attaché a la boette seruant d'axe a ce mouuement, et tournant en mesine temps. De sorte qu'elle tourne deça et dela, selon que le vaisseau va en auant, en arriere, ou a costé. Et comme le contepas est attaché au bout d'en haut du mesme tuyau, il tourne encore de mesme, et monstre par la pointe d'une fleur de Lys qui y est attachée de quel costé la Roüe qui est dans l'eau est tournée. L'usage de la premiere machine, qui a la roüe fixe, est pour sçauoir de combien le vaisseau auance en droicte ligne, parceque chaque tour de cette roüe marquant une longueur egale a sa circonference, il est aisé de voir la longueur du chemin par le nombre des tours, que monstre le contepas. L'autre machine qui a la roüe dans l'eau mobile, toutes les fois que la fleur de lys ne decline d'un costé ny d'autre, monstre de mesme que la premiere combien le vaisseau avance en droicte ligne; Mais outre cela son principal usage est de faire voir combien | |
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il deriue et sort de sa route, lorsque le vent ou le courant d'eau empesche qu'on ne puisse tenir le droict chemin. Pour cet effect, on ioinct au bout de la fleur de lys une tablette horizontale traverséc dans le milieu d'une ligne droicte diuisée en parties egales, qui sert d'eschelles de lieües. Et outtre cette ligne il y en a d'autres tirées d'un mesme centre, pris dans un des costez de la tablette; lequel centre on fait quadrer avec celuy sur lequel se meut la fleur de lys, qui par consequent marque auec sa pointe sur ces raions uenans du mesme centre, dequel costé viennent les courants. Par ou et par le nombre des tours de la roüe, que marquera le contepas tourné obliquement, l'on connoistra de combien l'on est derivé de sa droite Route.
Les Commissaires ayant deliberé sur cet escrit et y ayant trouué plusieurs difficultez ont resolu que le Secretaire de l'Assemblée donneroit au Sr. Reusner coppie des obiections suiuantes ausquelles ils ont prié led.t. Sr. Reusner de satisfaire par escrit suiuant l'ordre porté par la commission de Sa Maiesté. La première difficulté est que pendant le calme lors que le vaisseau se trouuera emporté auec toute la masse de l'eau par quelque courant, les machines ne receuant aucune impression de l'eau, ne tourneront point, et que cependant le vaisseau ne laissera pas de faire beaucoup de chemin. La seconde, que lors que le cours du vaisseau se trouuera directement opposé au courant de l'eau, et que la force du vent sera egale a celle du courant qui luy sera opposé, le vaisseau n'auancera ny reculera, et neantmoins les machines marqueront qu'il aura faict beaucoup de chemin. La troisiesme que quand le cours du vaisseau sera auec le courant et luy sera egal le mouuement du vaisseau sera double de celuy que marqueront les machines. Et generalement, que lorsque le vaisseau ira contre le courant, les machines marqueront tousiours plus de chemin que le vaisseau n'en aura faict; Et qu'au contraire elles en marqueront moins lors que le vaisseau ira auec le courant. Deplus la variation de l'aimant n'estant pas conneüe, et mesmes étant subiecte au changement; la maniere proposée de trouuer les longitudes ne peut pas estre certaine, non plus que toutes les autres, qui supposent l'usage de la Boussole.
Et aussitost le Secretaire de l'Assemblée a donné copie des difficultez cy dessus audict Sr Reusner, qui a promis d'y satisfaire par escrit; et a priè les commissaires de s'assembler le lendemain Dimanche troisiesme jour de Juin apres midy pour examiner ses reponses, parce qu'il estoit pressé de retourner en son pays. Sur quoy les Commissaires ont conclu que ledict iour troise Juin ils s'assembleroient a quatre heures apres midy pour examiner ses Reponses. | |
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Du Dimanche 3e. jour de Juin 1668.Le Dimanche 3e jour de Juin 1668 sur les quatre heures du Soir, Mrs. Du Quesne, de Carcaui, Hugens, de Roberual, Auzoult et Picard, s'estant assemblez au mesme lieu, suiuant la resolution prise le jour precedent, le Secretaire de la Compagnie a dict que le Sr Reusner luy a mis entre les mains un escrit en langue allemande signé de sa main auec l'explication françoise, contenant les responses dudict Sr Reusner aux obiections qui luy ont esté proposées et a faict lecture de cet escrit, dont voicy la teneur.
A l'esgard de la premiere difficulté le Sr. de Reusner dit que pourueu qu'un vaisseau aille, la machine tournera pareillement, et le contepas monstrera de combien il aduance, car la roüe ne peut demeurer arrestée, lors que le vaisseau est mobile, soit qu'il aille en auant ou en arriere. Sur la seconde, il replique qu'il est en quelque façon sans exemple, qu'un vaisseau demeure arresté en mer, entre le courant et le vent, lorsqu'ils sont opposez l'un a l'autre, mais que l'un l'emportera tousiours sur l'autre, et alors le vaisseau suiura le plus fort et la machine fera de mesme son operation, le courant de la mer n'estant pas comme celuy d'une Riuiere; les Riuieres sont estroites et il faudroit qu'un vaisseau s'y opposast necessairement directement au courant et alors la machine pourroit tourner et monstrer beaucoup de chemin sans pourtant auancer a proportion mais il n'en est pas de mesme en mer, parce qu'on ne va pas directement contre le Courant, a moins que le vent ne serue pour pouuoir aduancer, ains on cherche son chemin dans les hauteurs pour ne point aller en arriere, ainsy soit qu'il aille de costé ou en arriere la machine le monstrera nettement et de combien. A la troisiesme difficulté il respond que la machine ne monstrera en cette occasion, pas plus de chemin que celuy que le vaisseau aura effectiuement faict, car ce n'est pas le vent ou le courant qui font aller la machine, mais le mouuement du vaisseau lequel ayant le courant derriere, ira tant plus uiste, et cela se verra alors par la machine sans qu'il y produise un double effect. La quatrieme difficulté a beaucoup de rapport avec les precedentes, car le navire n'aduancera pas contre le courant, ou il fault que le vent soit plus fort que le courant, et lors que le vent et le courant seruiront le vaisseau ira tant plus uiste ce qui se verra par la machine sans causer aucune difference suiuant qu'il est dict cy dessus. La comparaison de l'aimant auec les machines ne peut rien produire en cette rencontre, car si la boussole varie et n'est pas certaine, cela ne peut pas empescher que les machines ne facent leur operation, puis qu'ils ne sont pas subjects a mesmes inconveniens. Toutes les difficultés cy dessus ont esté preueües par le Sr. Reusner et l'ont oblige d'en faire l'experience, ayant a cet effect envoyé un fort habile maistre de nauire avec lefd.s machines, d'Amsterdam au Sond et ledict maistre eust si mauvais temps et si | |
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grande tempeste en son voyage, qu'il fust ietté sur les costes de Nouergue et perdit deux de ses voilles et neantmoins les machines ne laisserent pas de faire leur effect, sans quoy il n'auroit pas eu la hardiesse de se venir presenter au Roy et a Monseigneur Colbert auant que de s'addresser a aucune autre nation.
Apres que cet escrit a esté leu, le Sr. Reusner ayant desiré d'estre entendu sur les obiections qui luy auoient esté proposées a esté introduict dans le lieu de l'Assemblée avec le Sr. Wangangel, et a dict de bouche les mesmes choses qui sont contenues dans son escrit. Comme il estoit desia tard les Commissaires ont remis l'examen de ses responses au lendemain Lundy quatriesme jour de Juin sur les 8 heures du matin. | |
Du Lundy 4e. Juin 1668.Le Lundy quatriesme iour de Juin 1668 Messieurs Du Quesne, de Carcaui, Hugens, de Roberual, Auzoult, et Picard, s'estants assemblez sur les huict heures du matin suiuant la resolution prise le jour precedent, ont examiné les Responses du Sr. Reusner, et ayant trouué qu'elles ne satisfaisoient point aux obiections qui luy ont esté proposées, Ils ont resolu que le Secretaire de l'Assemblée donneroit audict Sr. Reusner copie des Repliques qui suivent. A la premiere Response on replique que pendant le calme lors que le vaisseau sera emporté par quelque courant avec toute la masse de l'eau, les machines ne tourneront point, et les roües demeureront immobiles, quoyque le vaisseau fasse chemin auec le courant. A la deuxiesme on replique que le cas dont il est parlé dans cet article arriue souuent et neantmoins quand le plus fort l'emporte, si c'est le courant, en ce cas le vaisseau aura reculé et cependant les machines marqueront qu'il aura auancé. Que si au contraire le vent l'emporte un peu sur le courant, le vaisseau aura peu avancé et toutesfois les machines marqueront qu'il aura faict beaucoup de chemin. Que pour ce qui est de la difference que le Sr. Reusner de Neystett met entre la mer et les Rivieres, elle est inutile au cas dont il s'agist, parce que les courans de la mer et ceux des Rivieres feront toujours un pareil effect sur les machines: et que ce qu'il adiouste, qu'on ne va point directement en mer contre le courant, est contraire a ce qui arriue tous les iours lors que la route le demande. A la troisiesme Response, on replique, qu'il semble que le Sr. Reusner de Neystett n'ayt pas entendu la difficulté, dont il s'agit; parcequ'il dit, qu'au cas proposé dans cet article les machines ne marqueront pas plus de chemin que le vaisseau en aura faict. Et cependant on a dict au contraire qu'elles ne marqueront que la moitié du chemin que le vaisseau aura faict; ce qu'on soustient estre veritable. A la quatriesme Response on persiste dans l'obiection que l'on a faite. A la cinqiesme Response on replique qu'elle ne satisfaict pas, parce qu'on n'a pas pretendu faire comparaison de la boussole avec les machines du sieur Reusner de Neystett: | |
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mais que puisque ledit Sr. Reusner de Neystett pour connoistre sa Route a besoing de la boussole dont la variation est incertaine, le secours qu'il en pretend est incertain.
Et aussitost le Secretaire de l'Assemblée ayant donné copie de ces Repliques audict Sr. Reusner, ledict Sr. a dit qu'il n'auoit autre chose a respondre aux obiections qui luy auoient esté faites, que ce qui est contenu dans ses Responses dans lesquelles il persiste. Sur quoy les Commissaires ont conclu, qu'on donneroit advis a Monseigneur Colbert de ce qui s'estoit passé dans les conferences tenues pour l'examen des Longitudes tenues depuis son absence, et qu'on attendoit la dessus ses ordres. | |
Du Mercredy 6c Juin 1668.Le Mercredy 6e Jour de Juin 1668 a trois heures apres midi Messieurs du Quesne, de Carcaui, Hugens, de Roberual, Auzoult, et Picard, sur l'ordre qu'ils auoient receu s'estants assemblez au mesme lieu, ou se trouua aussi le Sr. de Reusner accompagné du Sr. de Vangangel, Monseigneur Colbert est entré dans le lieu de l'assemblée. Et apres qu'on luy a lû la proposition du Sr. Reusner, des difficultez qu'on y a trouuées, de ses Responses, et des Repliques qui y ont esté faictes, les Commissaires ayant opiné sur la machine proposée par le Sr. Reusner, ont iugé que quoy qu'elle soit ingenieusement inuentée elle ne peut monstrer certainement les longitudes. En juillet 1668 Huygens, ainsi que d'autres membres, parla sur ce que nous avons appelé (T. XIX, p. 48) la force nécessaire pour faire surmonter à la roue d'une charrette un obstacle donné, en d'autres termes sur le transport des canons: les roues doivent-elles être grandes ou petites? Vu que cette Pièce ne se trouve pas seulement dans les Registres, mais aussi aux p. 258-259 du Manuscrit | |
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Manuscrit D, p. 9. 16 Aug. 1668 dans la carriere soubs l'observatoire. à 13 parties. je n'y demeuray qu'un ¼ d'heure, et je doute si en demeurant plus longtemps l'esprit de vin n'auroit pas descendu d'avantage. 17 Aoust 1668. liqueur 20 parties dans le tuyau du thermometre. 18. 18½; 19, 16½; 20, 15; 22, 20½; 26, 15½. 7 Sept. 1668, dans le mesme lieu laissè le thermometre plus d'une demie heure. l'esprit de vin descendit jusqu'a 8 parties. dans l'air de dehors il remonta jusqu'a 21 parties. Portef. anonymeGa naar voetnoot9). Schema conveniens 17 Aug. 1668. C. à.d. figure du ciel au moment où Huygens observa Saturne suivant la p. 98 du T. XV, mentionnée aussi à la p. 34 du T. XXI. Voyez encore sur cette figure (que Huygens appelle fig. 2a) la p. 237 qui suit. Manuscrit D. p. 67Ga naar voetnoot10). La figure représente une espèce de fauteuil pour estre assis dedans en prenant hauteur dans un vaisseauGa naar voetnoot11). | |
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Portef. anonyme, 5 Dec. 1668. La Pièce eùt pu suivre celles de la p. 100 de notre T. XV, mentionnées aussi à la p. 34 du T. XXI. Invenire angulum quo visus noster elevatur supra planum annuli Saturnij. Ponitur planum annuli sibi semper parallelum ideoque productum ad fixas eundem inter eas circulum maximum semper designabit. Vel etiam si per oculum nostrum intelligatur planum duci plano annuli parallelum, illud eundem quoque inter fixas circulum magnum dabit atque planum annuli productum. Recta autem a centro annuli Saturnij ad oculum nostrum ducta ijsdem necessario angulis inclinatur super planum annuli et super planum isti parallelum quod per oculum ductum intelligitur. Ergo si inventus fuerit angulus quo radius ab oculo ad Saturnum ductus inclinatur super planum quod per oculum ductum est, hoc est super planum maximi in sphaera circuli qui ab annulo producto inter fixas signatur, et in cujus centro oculus noster constitutus est, idem angulus erit quoque inclinatio visus super circulum Saturni. Sit in sphaera - vid. fig. 1a - cujus centrum C circulus maximus per polum eclipticae boream L et polum plani annuli Saturnij A ductus A L K, sitque KH centro A descriptus circulus maximus, qui dici potest aequator Saturni. ⇸ QH Ecliptica. Sunt ergo KH et ⇸ H quadrantes. Datur autem distantia polorum AL 30.42′ cum tanta sit inclinatio plani annuli ad | |
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eclipticamGa naar voetnoot12). Et datur QH quae est differentia Q♈ datae (cum sit longitudo ♄ ablata a 360 gr.) et H♈, quae est 13.8′. Ergo ablata QH à quadrante ⇸ H, habetur Q ⇸, qui arcus mensurat angulum QL ⇸, cum L ⇸ et LQ sint quadrantes. Datur igitur et angulus L in ∆o AL ♄; et latus LA dari diximus. Sed et latus L♄ datum est ∞ 90o + Q♄ latitudine ♄. Ergo invenitur et latus A♄, unde ablato quadrante AO, relinquitur arcus O♄, qui mensurat elevationem oculi supra planum annuli Saturnij, quae aequalis est angulo OC♄.
Vide fig. 2a [à la p. 227 qui précède]. Hoc problema praecedere debet antecedens. Data longitudine et latitudine Saturni, et tempore observationis quo magna diameter horizonti parallela visa fuit, ac praeterea invento ex observatione et examine rotundae phaseos quod punctum R, ubi planum annuli secat Saturni orbitam ♄ RS reductum ad eclipticam in F, incidit in 20½ ♓; oporteat invenire quis gradus eclipticae sit H ubi planum annuli ipsam eclipticam secat. Itemque angulos KR♄, KH ⇸ et RB♈ quibus planum annuli inclinatur ad planum orbitae ♄, ad planum eclipticae, et ad planum aequatoris. Sit circulus maximus ALK ductus per A polum plani annuli, et L polum eclipticae. Et sit ecliptica ⇸ ♈. aequator Saturni polo A descriptus KR. Intersectio eorum in H. Aequator MBG secans eclipticam in ♈, planum annuli in B, polus aequatoris P. Et ad Saturnum in ♄ situm ducantur arcus maximi L♄, P♄, A♄.... |
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