Oeuvres complètes. Tome XXI. Cosmologie
(1944)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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La relativité du mouvement et la non-existence d'un espace absolu. | |
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Avertissement.Il a déjà été question de ce sujet dans le § 1 de la Pièce qui précède ‘Observations sur quelques passages des Principia de Newton’ à laquelle nous avons donné la date 1689. Une grande partie des Pièces sur la relativité du mouvement date cependant sans doute d'après l'apparition, en 1690, du Discours de la Cause de la Pesanteur, puisque - voyez les p. 197-198 du T. XVI - Huygens dit en 1694 n'avoir trouvé que depuis deux ou trois ans le sentiment qui lui paraît plus véritable que celui de Newton. Chronologiquement, la plupart de ces Pièces devraient être publiées iciGa naar voetnoot1). Elles ont toutefois déjà trouvé leur place dans le T. XVI. C'est donc à ce Tome-là que nous renvoyons le lecteur et nous ne voyons pas de raison pour répéter ici nos considérations de 1928 et des années suivantes: on peut les trouver aux p. 27, 189-200 et 246-259 du T. XVI ainsi que dans les notes que nous avons ajoutées dans le même Tome aux dites Pièces, ensuite dans le T. XVIIIGa naar voetnoot2), e.a. aux p. 657-661, et dans l'article de 1934 ‘De relativiteit der beweging volgens Chr. Huygens’Ga naar voetnoot3). Il résulte de ces considérations que quoique Huygens n'admette en aucun cas le mouvement absolu par rapport à un espace immobile et dont chaque partie conser- | |
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verait son individualité ou identité comme il en est suivant lui des atomes matériels discontinus, le mouvement de rotation a pourtant pour lui, comme pour Newton, un caractère que nous pouvons appeler absolu, bien qu'il ne se serve pas de cette expression: la vitesse de rotation peut être déterminée par la grandeur mesurable de la force centrifuge. On a vu dans les Pièces ‘Considérations sur la Forme de la Terre’ et ‘Considérations ultérieures sur la Forme de la Terre’ qui, il est vrai, datent de 1686-1687, que ce qui produit la forme sphéroïdale aplatie de notre planète, ainsi que celle de Jupiter, ce n'est pas pour Huygens le mouvement de rotation par rapport aux étoiles fixes, mais le mouvement de rotation pur et simple qui existerait également si la Terre était dans l'espace le seul corps. Voyez ce que Huygens dit aussi plus tard - ce qui importe ici - sur le cas où ‘il n'y a qu'un corps qui circule’, auquel cas son ‘mouvement circulaire se connoit .. par la vertu centrifuge’Ga naar voetnoot4).
Comme nous l'avons observé à la p. 200 du T. XVI, nous n'avons pas cru devoir reproduire toutes les Pièces de Huygens sur la relativité du mouvement: elles sont trop pleines de répétitions. Pour que ces Pièces ne fassent pas entièrement défaut dans le présent Tome nous en avons tiré ici les deux paragraphes qui suivent. On y voit (notes 1 et 3 de la p. 507) que les Pièces du T. XVI reproduisent parfois celles de Huygens en raccourci.
Nous attirons spécialement l'attention sur le deuxième alinéa du § 2. On peut consulter sur le sujet dont il y est question, bien que Leibniz ne soit pas nommé, le deuxième alinéa de la note 8 de la p. 199 du T. XVI où nous citons le philosophe allemand disant que le ‘mouvement absolu véritable’, auquel il croit tout aussi bien que Newton, peut exister sans que le physicien puisse l'apercevoir, ce que Newton ne dit pas; apparemment Leibniz veut qu'il en soit ainsi pour que la ‘vis’, sans pouvoir être mesurée par le physicien, puisse néanmoins être ‘aliquid reale et absolutum’Ga naar voetnoot5): voyez la citation de ses paroles dans la note 45 de la p. 614 du T. X auxquelles Huygens en 1694 (T. XVI, p. 198) donne la forme ‘absonum esse nullum dari motum realem, sed tantum relativum’. Nous avions ajouté à la note 8 nommée | |
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la remarque que la ‘vis’ de Leibniz qui ne se manifeste pas dans les phénomènes est tout autre chose que la ‘vis’ de Huygens ou de Newton. Dans la Partie ‘L'influence de Huyghens. Polémiques avec Huyghens’ de sa brochure de 1934 ‘Dynamique et métaphysique leibniziennes’Ga naar voetnoot6) où il cite souvent notre T. XVI (de 1929), l'auteur, M. GueroultGa naar voetnoot7), écrit à ce propos: ‘Certains, pour commenter ce passage, ont estimé que cette vis qui ne se manifeste pas dans les phénomènes est tout autre chose que la force de Huyghens et de Newton et qu'il faut toujours distinguer chez Leibniz entre le point de vue du métaphysicien et celui du physicien [nous nous exprimions ainsi]. Sans doute: mais il s'agit ici non point des phénomènes en général, mais seulement des phénomènes respectifs. Or la vis absoluta en question, causa et ϰριτήριον [?] du mouvement réel, n'est nullement la force au sens métaphysique du terme, mais ... la vis viva ou mortua, dont il est traité en physique. Ainsi la force ‘absolue’ est force phénoménale, c'est à dire celle-là même dont s'occupent Huyghens et Newton, quoique autrement interprétée’. C'est possible. Gueroult reconnaît cependant (p. 107) à propos des répliques de Leibniz le ‘mode fuyant et décevant où il excelle’ [expressions de Gueroult]; ce qui rend souvent un peu hasardeuse l'interprétation de ses sentiments. Nous avons cité l'opinion de Leibniz aussi dans le troifième alinéa de la p. 660 du T. XVIII. Gueroult croit pouvoir ajouterGa naar voetnoot8): ‘Par [l'] extension indéfinie du principe de relativité, Huyghens est d'accord avec les physiciens les plus modernes’. Il mérite toutefois d'être remarqué que Huygens - nous l'avons déjà dit plus haut - n'est apparemment pas d'avis, comme le sont les partisans - faut-il dire: les nombreux partisans? - de la doctrine moderne de la relativité générale, que l'aplatissement de la Terre serait due à sa rotation par rapport à l'ensemble des autres corps célestes ou, si l'on veut, par rapport au champ gravisique (ou éther) correspondant à ces corps. Les tourbillons multilatéraux matériels assez amples qui suivant Huygens, depuis 1687 jusqu'à | |
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sa mort, entourent les étoilesGa naar voetnoot9) ne peuvent exercer aucune influence à de si grandes distances. D'après le système de Huygens la terre possède apparemment une quantité déterminée de force vive en vertu de sa rotation, mais elle n'en possède aucune quantité déterminée en vertu d'une translationGa naar voetnoot10). |
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