Oeuvres complètes. Tome XXI. Cosmologie
(1944)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
[pagina 305]
| |
Astronomica varia 1680-1686 | |
[pagina 307]
| |
Avertissement.Nous réunissons sous ce titre quelques brèves remarques de Huygens qui n'ont pas trouvé leur place dans le T. XV; et en outre une Pièce sur l'équation du temps et quelques autres sur certains passages de Mercure devant le soleil, auxquelles se rattachent une notice sur un passage de Vénus et une autre sur la parallaxe de Mars.
Equation du temps (Pièce II). Après ce qui a été dit sur ce sujet dans le T. XV, il ne nous semble pas nécessaire d'y revenir. Dans quel but Huygens a-t-il rédigé ces pages? L'hypothèse la plus probable n'est-elle pas celle que nous avons émise à la p. 129 qui précède, savoir qu'il se proposait vaguement d'écrire un jour un traité complet d'astronomie?
Passages de Mercure devant le soleil (Pièce III). Nous avons dit un mot à la p. 39 qui précède sur le passage de Mercure de 1677 que ni Huygens ni Römer ne purent voir à cause des nuagesGa naar voetnoot1) mais qui fut observé par Gallet à Avignon, des résultats duquel Huygens eut connaissanceGa naar voetnoot2). La feuille séparée publiée aux p. 72-73 du T. XV se rapportait au passage de 1661, troisième passage observé, e.a. par Hevelius et par Huygens lui-mêmeGa naar voetnoot3). Les pages du Manuscrit F et la feuille des Chartae astro- | |
[pagina 308]
| |
nomicae publiées ici contiennent des remarques à la fois sur l'observation de 1631 par Gassendi, discutée par Schickard, sur celle de 1661 par Hevelius, et sur celle de 1677 d'après Cassini commentant l'observation de Gallet. Le but des observateurs tant de la seconde que de la première moitié du dix-septième siècle des passages de Mercure et de Vénus devant le soleil n'était pas, comme on pourrait le supposer, de déterminer des parallaxes, bien que J. Gregory dans son ‘Optica promota’ de 1663 parle de cette possibilitéGa naar voetnoot4). En 1666 Huygens appelle la parallaxe du soleil ‘inobservabilis’Ga naar voetnoot5); voyez aussi sur ce sujet les dernières lignes de la p. 46 qui précède. Dans le ‘Systema Saturnium’ de 1659 il avait, il est vrai, réussi à trouver pour la ‘mediocris Solis distantia’ de la terre la valeur de 12543 diamètres terrestres ce qui est à fort peu près exact et correspond à une parallaxe solaire de 8″,2Ga naar voetnoot6). Mais cette exactitude était fortuite. Pour obtenir ce résultat Huygens n'avait mesuré aucune parallaxe; il avait déduit la grandeur du soleil par rapport à la terre, partant aussi sa distance à cette dernière, de l'hypothèse quelque peu hardie, mais nullement malheureuse, que le diamètre de la terre est la moyenne arithmétique de ceux de Vénus et de MarsGa naar voetnoot7). Il se basait sur la plus ou moins grande ‘concinnitas’ du système solaireGa naar voetnoot8). Nous avons cru pouvoir traduire ce mot ‘concinnitas’ par ‘harmonie’. Le père H. Fabri dans sa réplique de 1661 ‘Pro sua annotatione’ dit non sans raison (en écrivant toutefois par mégarde un nombre erroné): ‘Quòd autem solis a terra distantiam 25429 terrae diametros complecti velis, quando id demonstraveris, Hugeni, nobis persuadebis’Ga naar voetnoot9). Le phénomène de la parallaxe est, il est vrai, mentionné dans la Pièce III, savoir dans la brochure de Schickard de 1632 cité dans le § 1, mais c'est seulement pour dire | |
[pagina 309]
| |
qu'elle n'éloigne pas ‘notabiliter’ la planète ‘à vero situ’. Voyez aussi la lettre du 22 août 1661 de Huygens à HeveliusGa naar voetnoot10) où il dit que pour eux deux, l'un à Londres, l'autre à Dantzig, ‘parallaxeos differentiam nullam sensibilem intervenire existimo’. Ce qui a porté Gassendi à faire son observation de 1631, que Schickard eût faite également si l'état du ciel l'eût permis, c'est - voyez la note 2 de la p. 319 - la lecture de la ‘Joannis Keppleri Mathemat. Caes. Admonitio ad curiosos rerum coelestium’ de 1630Ga naar voetnoot11), où l'auteur ne parle des parallaxes qu'à la fin, disant (sans exhorter les astronomes à les mesurer): ‘Parallaxis diurna, si qua futura est, Solaris quadrupla erit in Venere, in Mercurio sescupla circiter. Atque ea utrobique adjuvat & prolongat suum phaenomenon. Cum enim Septentrionalem Solis oram perstringat uterque Planeta, parallaxis eos in Austrum promovens, centro Solis propiùs admovebit’. Les deux raisons pour lesquelles Kepler engage les astronomes à observer les passages des planètes sur le disque du soleilGa naar voetnoot12) sont 1. la possibilité de mesurer leurs diamètres mieux qu'auparavant; il donne le conseil de les ‘applicatione tubi super papyro depingere’ (comparez la note 3 de la p. 307 et aussi, p. 336, l'Appendice qui suit), comme le fit Gassendi. 2. la possibilité d'apporter des corrections aux temps et lieux des passages suivant les ‘Tabulae Rudolphinae’ ou d'autres tables, surtout dans le cas de Mercure: ‘Etfi enim hic Mercurii sub Solem ingressus, frequentiores habet occasiones; tamen & majus aliquid, quàm in Venere, de fide calculi longitudinis, in dubio ponendum est: quia nos deficiunt observationes idoneae, Planetâ ut plurimum latente sub Sole. Itaque calculi defectum circa copulas omnes, suppleat industria observandi singulas, quae observari possunt’. Comme on le voit dans la Pièce III, c'est surtout la position exacte des noeuds de l'orbite de Mercure passant devant le soleil aux heures indiquées par les horloges qui intéressait tant Huygens que les autres astronomes. Quant au diamètre apparent, il | |
[pagina 310]
| |
parut trop petit à Gassendi pour le pouvoir mesurer pendant le passage. Huygens, lui, n'en a jamais pris la mesureGa naar voetnoot13), comme il le fit pour les autres planètesGa naar voetnoot14). Pour Hevelius, la mesure du diamètre de Mercure pendant le passage était une chose fort importante à laquelle il s'appliqua; voyez p.e. les p. 181 et 310 de notre T. IV; dans son ‘Mercurius in Sole visus Gedani’ de 1661 il écritGa naar voetnoot15): ‘constanter credidi, si adhuc semel Mercurius in Sole feliciter conspiceretur (ut annuente Divino numine nunc accidit) atque ejus corpusculum, in Solis disco, satis superque jam cognito, exquisitè notaretur, procul omni dubio genuina Mercurii corporis magnitudo, exactè omnino, remotâ omni suspicione, nobis innotesceret, etc.’ Dans son ‘Venus in sole visa’ de 1639, publié, à la demande de Huygens, par Hevelius à la suite de son ouvrage cité de 1662, J. Horrox parle aussi de la possibilité de parvenir par cette observation à une connaissance plus profonde de l'orbite de Vénus (Hevelius écrit en marge, p. 112: ‘Motus Veneris aequalis, hactenus nondum satis exploratus est’) et de la grandeur de son diamètre apparent (Hevelius en marge, p. 113: ‘Est res magni momenti Veneris diametrum apparentem rectè habere exploratam’). Les trois §§ de la Pièce III qui suit, d'ailleurs inédits, ne nous semblent pas, malgré l'application de Huygens, lui avoir fourni des connaissances bien certaines: au § 2 on le voit conduit à mettre en doute la thèse de Kepler que le noeud ascendant d'une planète, vue du soleil, diffère en longitude de 180o, en ne tenant pas compte de la petite variation annuelle, de son noeud descendant, autrement dit lui est ‘directe oppositus’ ce qui équivaut à dire ‘intersectionem plani orbitae Mercurii, itemque aliorum planetarum, et plani Eclipticae fieri in linea recta per solem transeuntem’. Nous avons dit plus haut aux p. 124 et 132, qu'en 1682 Huygens n'était pas encore persuadé du mouvement elliptique des planètes, mais jugeait possible que leurs orbites sont des circonférences de cercle excentriques. Ici il envisage en outre la possibilité que les plans des orbites, pour autant qu'on peut parler de plans, ne se coupent pas exactement, ou à fort peu près, suivant des droites passant par le soleil. On constatera qu'en 1686 il avait abandonné cette idéeGa naar voetnoot16). | |
[pagina 311]
| |
Dans la Pièce V il est question de la mesure de la parallaxe de Mars par Cassini, tant - en 1672 - par la mesure simultanée, en deux endroits fort éloignés l'un de l'autre, de la position de la planète parmi les étoiles fixes, que - également en 1672 - par l'observation de Mars à Paris à diverses heures du même jour.
Dans la Pièce IX Huygens cite, ou plutôt croit citer, le ‘Systema mundi Copernicanum demonstratum’ de P. Megerlin, professeur de mathématiques à l'université de Bâle. Il possédait ce livre d'après le Catalogue de vente de 1695Ga naar voetnoot17); était-il relié avec d'autres écrits (du même auteur?)? Les titres des ouvrages de MegerlinGa naar voetnoot18) font connaître son désir d'établir des relations entre les données astronomiques, notamment les conjonctions des planètes, et les périodes des événements importants d'icibas. Ce dernier mot n'est d'ailleurs pas tout-à-fait correct, puisque, autrement que les astrologues du Moyen-âge et de la Renaissance - autrement aussi que Cassini qui est tychonienGa naar voetnoot19) - Megerlin est partisan du système héliocentrique. Indépendamment du passage cité par Huygens sur le ‘tempus mundi conditi’ il est certain que Megerlin tenait à la chronologie biblique d'après laquelle, suivant beaucoup de théologiens et autres savants, tant chrétiens que juifs, la création du monde aurait eu lieu il y a quelques milliers d'années seulementGa naar voetnoot20). Dans la Pièce suivante (§ 4 de la p. | |
[pagina 312]
| |
343) nous entendrons Huygens dire qu'il est permis de se demander, apparemment en dehors de toute idée biblique sur la création, ‘quid planetas ad solem adduxerit’Ga naar voetnoot21). Ici il croit devoir qualifier Megerlin de ‘auctor judicij haudquaquam exacti’Ga naar voetnoot22). |
|