Oeuvres complètes. Tome XXI. Cosmologie
(1944)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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Méthode simplifiee d'observer les astres, délivrée de l'inconvénient du Tuyau optique.Le sort général de toute invention nouvelle, c'est de provenir d'une origine modeste et de s'accroître et se perfectionner ensuite par les soins et l'industrie des hommes. Nous remarquons que ceci s'applique éminemment à l'admirable art d'étendre la vue. Il est connuGa naar voetnoot1) combien cet art était au commencement chétif, pour ne pas dire nul, au moment où certains de ses rudiments, obscurément présentés, virent le jour dans les livres du néapolitain Porta. Les constructions de certains de nos compatriotes surpassèrent ce début à tel point qu'ils méritèrent bien d'être considérés comme les premiers inventeurs de ce genre d'instruments. Mais à leur tour ils furent énormément dépassés par Galilée qui réussit à trouver avec sa lunette bien des choses remarquables au firmament que nul avant lui n'y avait pu voir. Il pouvait sembler qu'aucun instrument surpassant les siens ne serait possible. Pourtant, s'il revenait à la vie en ces jours, qui osera révoquer en doute qu'il reconnaîtrait comme beaucoup meilleures que les siennes les lunettes construites après lui? Tant les nôtres avec lesquelles nous avons les premiers vu les véritables figures et l'anneau de la planète Saturne, que celles, italiennes, meilleures encore, qui leur succédèrent et qui sont dues à des constructeurs si éminents. C'est en se servant de ces dernières que l'illustre Dominique Cassini a signalé d'autres phénomènes célestes nouveaux: les révolutions des globes planétaires autour de leurs axes, ainsi que l'existence de deux satellites de Saturne outre le premier, mieux visible, que nous avions découvert auparavant. Or, si l'on se demande par quelles améliorations cet art s'est développé avec continuité jusqu'à ce degré de perfection, l'on ne trouvera pas autre chose que l'augmentation de la longueur des tuyaux et la plus grande exactitude avec laquelle on est parvenu à donner aux surfaces de ce qu'on appelle les lentilles la forme convexe de segments de grandes sphères. Il est vrai que certains penseurs ingénieux ont conçu quelques autres méthodes et simplifications, savoir d'une part la taille des lentilles suivant des figures de sections coniques, de l'autre la concentration des rayons de lumière par réflexion sur des miroirs; mais il est établi que ces efforts sont restés vains ou du moins que, pour des raisons dont l'exposition serait déplacée en cet endroit, ils ont beaucoup moins produit que l'on n'en attendait et qu'ainsi il n'y a qu'une seule bonne méthode actuellement connue pour perfectionner les lunettes, savoir l'allongement des tuyaux. D'ailleurs plus je me rends compte de la nature de la question, plus aussi suis-je d'avis que probablement à l'avenir même on ne trouvera pas moyen de poursuivre une autre voie. Ceux qui se sont appliqués à fabriquer des lentilles convenant à de longs tuyaux | |||||||||||||||||||||||||||||||
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Astroscopia compendiaria, Tubi optici molimine liberata.Quod plerisque omnibus accidit novis inventis, ut, à parvis orta initiis, cura & tractatione hominum auctiora fiant ac perfectiora, id vel praecipue, in admirando illo proferendi visus artificio, usu venisse animadvertimus. Notum est enim quàm fuerit à prima origine tenue ac pene nihili, cum rudimenta ejus quaedam, in Portae Neapolitani libris, obscure exposita conspicerentur; quibus tantum praecelluere nostratium hominum conatus, ut non sane immerito primi ejus inventores haberentur. Hos vero rursus longissime praevertit Galilaeus, tot tantisque rebus, tubi sui opera, in caelo deprehensis, quarum nihil quidquam ante ipsum fuerat perceptum. Videbatur nihil praestantius iis, quae sibi paraverat, organis repertum iri. At, si nunc in vitam redeat, quis dubitet quin suis ipse multò praepositurus sit ea quae deinde exstiterunt; tum nostra, quibus Saturni planetae veras figuras annulumque primi conspeximus; tum magis etiam, quae his successerunt Italica, ab egregiis artisicibus elaborata. Quibus usus Vir Clarissimus Dominicus Cassinus, alia insuper nova phaenomena coelo deduxit; planetariorum globorum in sese revolutiones, comitesque Saturni duos, praeter eum quem nos repereramus, reliquis manifestiorem. Quod si attendamus quibus accessionibus in tantum haec ars continue creverit, nihil aliud reperiemus nisi auctam tuborum longitudinem, lentesque, quas vocant, vitreas in sphaerae majoris convexitatem diligentius conformatas. Etsi enim modos quosdam alios, compendiaque investigaverint viri subtilissimi; jam conicarum sectionum praescriptis figuris, quae vitro inducerentur; jam speculorum reflexionibus radios lucis colligendo; certum est haec omnia vel frustra fuisse, vel votis & expectatione longe minora, ob causas quas exponere non est hujus loci; unamque adeo rationem, qua proficeretur, hactenus esse relictam, tuborum productionem. Et sanè, quanto magis rei ipsius naturam intueor, tanto propius est ut existimem, nihil alia via ne imposterum quidem esse sperandum. Optime igitur operam suam ij collocasse videntur, qui parandis tubi majoris lenti- | |||||||||||||||||||||||||||||||
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me semblent donc avoir pris une peine fort utile, et leur zèle n'a certes pas manqué de succès. Mais un grave inconvénient d'un autre genre s'est présenté à eux, savoir celui résultant du grand poids et de la grande masse des longs tuyaux; pour les mouvoir il fallait nécessairement avoir recours à des machines; or, ces machines se construisent et se manient difficilement déjà pour les lunettes actuelles de trente ou quarante pieds de longueurGa naar voetnoot2); s'il faut aller plus loin, elles donneront encore beaucoup plus d'embarrasGa naar voetnoot3). La difficulté est si sérieuse qu'il pourrait presque sembler y avoir ici au progrès un invincible obstacle. C'est pourquoi je pense faire une chose éminemment agréable à ceux qui s'adonnent à ces études et à l'observation du ciel en publiant ma nouvelle découverte, en montrant comment les difficultés sont entièrement supprimées, et comment on peut, en se servant pour les observations des plus grands télescopes, épargner dans une grande mesure le temps, la peine et les frais. Je sais bien qu'outre d'autres propositions tendant à ce but, celle que nous présentons ici, savoir l'emploi de lentilles sans tuyau, est venue à l'esprit d'autres personnes il y a déjà bien des années; mais je sais aussi qu'ils n'ont pu réaliser ce projet que par un mécanisme trop compliqué qui jusqu'ici s'est montré impraticable. Quant à notre construction à nous, que nous allons expliquer, nous l'avons trouvée pratiquement utile et nous nous en servons journellement avec grand avantage. Voici en quoi elle consiste. En un lieu ouvert on plante un mât vertical. Celui dont nous nous sommes servis d'abord avait une longueur de cinquante pieds: il permettait l'emploi de télescopes de 70 pieds et davantage, quoique non pas pour des astres de hauteur quelconque, auquel cas il aurait dû à fort peu près égaler le télescope en longueur. Avant que d'ériger le mât on aplanit un de ses côtés au rabot et on y attache deux règles parallèles, distantes entr'elles d'un pouce et demi: celles-ci forment une espèce de rigole assez large depuis le bout du mât jusqu'à un endroit distant du sol de trois pieds. On attache en outre au mât près du bout une poulie sur laquelle passe une corde d'une longueur double de celle du mât et d'une grosseur égale à la moitié de celle du petit doigt. Pour pouvoir au besoin monter dans le mât on y cloue à distances égales des planchettes triangulaires. Appareillé de cette façon le mât est érigé, la partie inférieure, plantée dans la terre, ayant été enduite de poix et entourée de sable afin d'empêcher la pourriture. Il sert à élever à la hauteur qu'on désire la grande lentille du télescope; ce qui se fait comme suit. Une coulisse de deux pieds est découpée d'un côté de telle manière qu'elle puisse se mouvoir sort librement dans la rigole dont nous avons parléGa naar voetnoot4). A son milieu est attaché une planche d'un pied perpendiculaire au mât, au bout de laquelle est fixée à | |||||||||||||||||||||||||||||||
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bus incubuerunt. Quorum diligentiae successus hac in parte non defuit. Sed aliunde non exiguum oblatum fuit incommodum, nimia tuborum longiorum gravitas ac moles; quibus movendis necessario machinae in auxilium advocandae fuerunt. Hae vero & in iis quae nunc extant, pedum triginta aut quadraginta, longitudinibus difficile construuntur tractanturque; &, si ulterius progrediendum sit, multo plus exhibiturae sint negotii. Adeo ut hic velut obex quidam fixus fuisse videatur ad majora tendentibus. Quare rem inprimis gratam me facturum arbitor haec studia colentibus, syderumque observationi intentiss, si, quod nuper inveni, ostendero qua ratione impedimentum omne ac taedium tollatur; magnoque temporis, operae & sumptuum compendio, maxima quaeque telescopia ad haec spectacula adhibeantur. Scio inter caetera quae in hunc finem proposita fuere, hoc quoque, quod hic adferimus, aliis in mentem jam à multis annis venisse, ut sine tubo lentes disponerentur; sed quod volebant efficere eos nequiisse, nisi machinatione quadam difficili nimium, quaeque propterea adhuc exitum non habuerit. Nos autem quae docebimus, reipsa utilia esse invenimus, idque magno commodo nostro quotidie experimur. Ea vero sic se habent. Loco patente & undique aperto, malus in terram defigitur, ad perpendiculum erectus. Noster, quo primum usi sumus, pedum quinquaginta altitudinem habebat; telescopiis nempe pedum 70 & amplius suffecturus, quanquam non in omni syderum supra horizontem ascensu. Deberet enim non multo infra totam telescopii longitudinem produci. Hujus, priusquam erigatur, latus unum dolabra complanatur, atque ibi regulae binae affiguntur inter se parallelae, ac sesquipollice distantes, itáque canalem efficientes, interius paulo latiorem, qui à summo malo ad imum fere pertingat, reliquis tantum pedibus tribus vacuis. Praeterea in ipso mali cacumine, orbiculus imponitur, circum axem mobilis,inque eum funid ducitur dupla malilongitudine, crassitudine minimi digiti dimidia. Utque eo, si forte opus sit, ascendi possit, triangula lignea aequalibus spatiis defiguntur, quibus scandentis pedes insistant. Ita demum paratus malus erigitur, parte ea, qua terra tegendus, illita pice, circundataque arena, quo minus putredine corrumpatur. Usus mali est, ut lens major ejus opera in altum tollatur quousque opus est; quod fit hoc modo. Asserculus bipedalis uno latere ita inciditur, ut intra canalem, quem diximus, liberrime moveri queat. Hujus medio affigitur brachium itidem ligneum, pedem unum à malo exstans, cujus in extremo aliud sesquipedale, media item sui parte, conjungitur | |||||||||||||||||||||||||||||||
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son tour, également par le milieu et à angles droits, une deuxième planche d'un pied et demi; comme la première, elle est horizontale. C'est cette traverse qui porte la lentille comme nous le dirons en détail. Le tout est tiré en haut au moyen de la corde susmentionnée laquelle est attachée aux deux extrémités de la coulisse. Passant en haut sur la poulie, puis redescendant, la corde, sans toucher terre, a ses deux extrémités reliées ensemble. Or, cette corde porte aussi un poids de plomb aussi lourd que la traverse mobile avec la lentille placée sur elle. Ce poids est attaché à la corde en un endroit tel qu'il atteint le bout du mât lorsque la lentille se trouve tout-à-fait en bas. Cette dernière est donc élevée avec beaucoup de facilité à la hauteur requise et y demeure lorsqu'on lâche la corde. Le poids se termine en cône des deux côtés pour ne pas être entravé par les planchettes triangulaires que nous avons dit être clouées tout le long du mât. Or, voici comment cette grande lentille du télescope est mise en place et fermement attachée. Elle est d'abord enfermée dans un anneau ou cylindre creux long de quatre pieds et fabriqué d'une lame de fer. A ce cylindre, ou plutôt à un deuxième cylindre dans lequel le premier est inséré, une verge d'un pied de longueur et de la grosseur d'un doigt est attachée au dehors suivant une génératrice; elle ne dépasse le cylindre que d'un côté. Cet ensemble repose sur un petit globe de cuivre de la grandeur d'une noisette formant corps avec la verge et tournant fort librement dans un segment sphérique creux placé sous lui dans lequel il est à demi enfermé sans en pouvoir sortir. Ce segment est composé de deux parties lesquelles, au-dessus d'un pied cylindrique, sont tenues ensemble et peuvent être serrées par une vis, mais sans exercer aucune pression sur le petit globe. De cette façon la lentille avec la verge qui y est attachée est rendue mobile. Et afin qu'elle soit en équilibre indifférent un poids d'une livre environ y est suspendu au-dessous de la verge; il y est attaché dans une situation invariable par un fil de cuivre assez gros d'une longueur d'un demi pied. On peut aisé- | |||||||||||||||||||||||||||||||
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rectis angulis. Utrumque vero horizonti parallelum extenditur. Huic transverso brachio lens imponitur ea qua dicemus ratione, atque omnia sursum adducuntur, adnexis asserculi extremis ad funem ante demonstratum; qui ab imo malo ad summum ascendens, ac super orbiculum transiens, inde descendit rursus ac, priusquam terram attingat, in sui ipsius caput alterum innectitur. Habet autem funis is adjectum plumbum, pondere aequali quantum est brachii mobilis cum lente imposita; eoque loco deligatum, ut ad summum malum pertingat, cum lens in imo consistit. Ita haec facillime ad eam quae requiritur altitudinem erigitur &, omisso fune, sponte ibi suspensa manet. Forma plumbi parte utraque in coni apicem desinit, ne obhaereat ad triangula quae per malum defixa diximus. Caeterum lens haec telescopii major collocaturaptatur que hoc modo. Primum in annulum seu cylindrum cavum, è ferri bractea fabricatum, ipsa includitur, longum digitos quaternos. Huic cylindro, sive alteri potius in quem hic inseritur, bacillus pedalis, digiti crassitudine, extrinsecus secundum latus affigitur, totus in partem unam prominens. Haec omnia globulo aeneo insistunt, avellanae nucis magnitudine, qui bacillo cohaeret, | |||||||||||||||||||||||||||||||
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ment par une courbure convenable de ce fil aménager les choses de telle façon que le centre commun de gravité de la lentille et du poids coïncide avec celui du petit globe et qu'ainsi la lentille demeure en repos dans une situation quelconque et peut être mise en mouvement par le plus léger attouchement. C'est dans ceci que consiste la partie principale de l'invention. En effet, le pied du petit globe ayant été placé dans une ouverture qui se trouve dans le bras transversal susmentionné (or, on y fait deux ou plusieurs ouvertures pour que la lentille puisse aisément être dirigée vers toutes les plages du ciel), un fil, ou une corde fort fine, est attaché à la verge ou queue, lequel est destiné à joindre la grande lentille avec celle qui est proche de l'oeil et a donc la longueur du télescope ou plutôt lui est quelque peu supérieur: lorsque la lentille a été hissée, le fil, de quelque manière que la main le tire, lentement et sans aucun effort, lui communiquera le mouvement à son tour et la dirigera de cette façon vers un astre arbitrairement choisi. Ce qui certes ne serait pas possible sans cet équilibre indifférent. Il faut encore observer que pour que la queue ou verge que nous avons attachée à la lentille devienne parallèle au fil tendu, ce qui est absolument nécessaire, nous fixons à son extrémité inférieure un stylet de cuivre de la longueur d'un doigt que nous courbons vers le bas jusqu'à ce que sa pointe soit située au-dessous de la verge autant que le centre du petit globe; alors seulement le fil dont nous avons parlé y est attaché. Nous dirons plus loin pourquoi nous faisons usage en cette occasion d'un stylet flexible. Il s'agit maintenant d'expliquer comment la lentille oculaire est mise en rapport avec l'autre, ce qui n'exige pas beaucoup de paroles puisque l'agencement est à peu près le même que pour la grande lentille. En effet, la lentille oculaire est également enfermée dans un tuyau ou cylindre court; elle est également jointe à une verge ou queue possédant elle aussi son petit globe sur lequel elle s'appuie. Il est vrai qu'au lieu de ce dernier on peut se servir ici d'un petit axe transversal. Au-dessous de la verge un petit poids de grandeur convenable est de nouveau attaché pour faire équilibre. L'observateur prend en main une anse munie d'un petit globe ou axe. La verge est dirigée vers la grande lentille placée en haut, cette verge étant reliée au même fil que l'autre d'où il descend. Il est manifeste que dès qu'on y met la main et qu'on tend quelque peu le fil, les lentilles deviennent parallèles entr'elles. Toutefois le fil n'est pas attaché de la même manière à l'extrémité de cette verge qu'il l'était à la verge supérieure qui gouverne la grande lentille: il passe par une ouverture et est ensuite enroulé sur une cheville telle que celles au moyen desquelles on tend les cordes des luths et qui se trouve au milieu de la verge sur un de ses côtés. Par une rotation de cette cheville on peut pendant l'observation allonger ou raccourcir le fil jusqu'à ce que l'intervalle entre les deux lentilles soit exactement adapté à l'oeil de l'observateur, cet intervalle ayant d'abord été pris à peu près de la longueur convenable ce qui est très facile. En outre, pour que l'observateur puisse tenir l'oculaire immobile, ce qui est de première nécessité, il dispose d'un soutien de matière légère reposant sur deux pieds et portant à son extrémité supérieure un ais ou bâton transversal sur lequel, debout ou | |||||||||||||||||||||||||||||||
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inque subjecto sui moduli cavo liberrime volvitur; ita tamen ut excidere nequeat. Cavum partibus duabus constat, quae, super pediculo tereti, cochlea junguntur adstringunturque, sed ita ut globulum nihil prorsus premant. Lens igitur, cum bacillo sibi adsixo, hoc modo mobilis efficitur. Quae porro ut aequaliter librata consistat, pondus unius librae circiter infra bacillum appenditur, filo aeneo crassiore semipedali conjunctum atque infixum. Cujus flexu facile ita pondus temperatur, ut centrum commune, suae lentisque gravitatis, cum centro Sphaerulae conveniat, atque hoc pacto quocunque positu lens suspensa maneat, attactuque levissimo moveatur. Qua in re potissima versatur inventi pars. Pede enim globuli in foramen transversi brachii, quod supra designavimus, immisso, (duo autem vel plura ejusmodi foramina fiunt, ut in omnem caeli partem commode lens obverti possit) filum vel funiculus tenuissimus bacillo, sive caudae extremae, illigatur; juncturus nempe lentem majorem cum ea quae oculo proxima ponitur, ac proinde futuri telescopii longitudinem aequans, vel potius paulo excedens. Hinc, ubi sublata ad malum fuerit lens, quocunque id filum, manu leviter tractum, circumferetur, lentem una movebit, eamque hoc modo ad astrum quodcunque recta opponet. Quod certè absque hoc libramento fieri non posset. Caeterum ut extento filo cauda seu bacillus, quem lenti adposuimus, parallelus fiat, quod omnino necesse est, infigitur parti ejus extremae stylus aereus digiti longitudine, cui deorsum flexo, donec cuspide sua tantundem ac centrum globuli infra bacillum descendat, ita demum filum, quod diximus, adnectitur. Cur autem stylo flexili hic utamur postea dicetur. Jam vero & de oculari lente explicandum, quomodo cum priore componatur; quod multis verbis non indiget, siquidem eadem fere omnia, quae in majori lente, observanda sunt. Similiter enim tubo, seu cylindro brevi, haec quoque includitur; item bacillo seu caudae conjungitur; quae porro globulum suum cui innitatur habet. Sed hujus loco axiculus transversus adhiberi potest. Infra bacillum vero pondus exiguum rursus appenditur, quanto opus est ad faciendum libramentum. Porro capulus, globulum vel axiculum ferens, manu observatoris apprehenditur; bacillus versus lentem, majorem sublimè positam, directus est, filo eidem, quod inde descendit, illigatus. Adducta vero manu, contentoque leviter filo, parallelas inter se fieri lentes perspicuum est. At non eodem modo, bacilli hujus extrema parte, filum adnectitur, ac superiori illi, qui lentem majorem dirigit; sed per foramen trajectum, inde verticillo involvitur, cujusmodi sunt quibus testudinum chordas intendunt; qui verticillus medio bacillo à latere infixus est. Hujus conversione, inter observandum, fili longitudo producitur contrahiturve, donec intervallum inter lentem utramque, oculo spectatoris exacte conveniat, postquam antea prope verum fuerit repertum, quod est facillimum. Caeterum, quo possit observator immotam detinere lentem sibi proximam, quod apprime necesse est, fulcrum quoddam praesto est è levi materia compactum, duobus pedibus insistens, ac superiori parte transversum habens baculum, cui brachia utraque, | |||||||||||||||||||||||||||||||
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assis, il peut appuyer les deux bras, tout en tenant d'une main la lentille comme nous l'avons dit. Cette méthode est beaucoup plus expéditive et pratique que lorsque le soutien a un troisième pied et que la lentille oculaire est placée sur lui. Or, pour trouver aisément de nuit et dans les ténèbres avec notre télescope des étoiles déterminées, nous nous servons d'une lanterne, telle qu'elles sont aujourd'hui universellement connues, qui projette au loin sa lumière au moyen d'un verre convexe ou d'un miroir. En dirigeant ses rayons sur le mât et sur la lentille qui y est attachée, on peut aisément, aussitôt que le cylindre qui l'entoure est aperçu, donner au rayon visuel une direction telle que l'étoile est recouverte par la partie centrale de la lentille et qu'après avoir également mis en position la petite lentille, on la voit à travers l'une et l'autre. Ceci se fait bien plus rapidement qu'on ne pouvait le faire jusqu'ici avec des télescopes à tuyau, de sorte que de ce chef aussi cette nouvelle manière d'observer est de beaucoup préférable. Mais lorsqu'on veut regarder la lune, point n'est besoin de lanterne, puisque la grande lentille peut être aperçue à la clarté de l'astre lui-même. Pour cette observation on l'entoure d'une couronne de papier dont le diamètre extérieur est un peu plus que le double de celui d'un cercle qui couvrirait exactement la lune, ceci à cause de l'amplitude du disque lunaire, afin que lorsqu'on en contemple une partie, aucune autre partie ne puisse envoyer à l'oeil des rayons n'ayant pas passé par la lentille. Sans cette précaution les ombres et les lignes plus obscures que le reste qu'on voit dans la lune paraîtraient trop peu noires. Nous avons dans ce qui précède complètement expliqué la manière de se servir de notre télescope aérien et sa construction aucunement compliquée. Par notre fil, comparable à celui d'Ariadne, nous avons trouvé une issue là où jusqu'ici on l'avait cherchée en vain. D'ailleurs, pour qu'on entende mieux cette explication, nous présentons ici au lecteur une figure [Fig. 67] dans laquelle
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[Fig. 67].
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sive stantis sive sedentis, innitantur; dum altera manu, quomodo diximus, lentem sustinet. Multoque expeditior est haec ratio, atque ad usum accommodatior, quam si tertius pes fulcro accedat, inque ipsum lens ocularis imponatur. Ut vero noctu, atque in tenebris, stellae quaevis telescopio nostro facile reperiantur, lumine utimur laternae incluso, quales jam vulgo notae sunt, vitri convexi vel speculi opera longe lucem projicientes. Hujus radiis ad malum lentemque in eo haerentem directis, ubi circulus ipsam continens conspectus fuerit, facile eo transfertur visus, ut stella ipsi media lente tegatur, simulque admota lente minori, per utramque se spectandam praebeat. Ac sane multo citius hoc peragitur, quam factum sit hactenus telescopiis tubo instructis. Adeo ut hoc quoque nomine longè praestet nova haec observandi ratio. Lunam vero contemplari volentibus, lucerna nihil opus est, quod ipsius astri luce lens conspici possit. Sed hic ob disci lunaris amplitudinem; ne partem quampiam intuenti, ab alia parte lux, aliaque via quam per majorem lentem, ad oculum accidat; circulus papyraceus lenti huic circumponitur, paulo majore quam dupla diametro ad eum quo tota Luna tegeretur. Quod nisi fiat, dilutiores apparent umbrae tractusque ii qui, caeteris obscuriores, in ejus globo conspici solent. Atque ita jam telescopii nostri aërii rationem omnem & apparatum explicuimus, non sane operosum; filoque illo, velut Ariadnaeo, unde hactenus inventus non erat, exitum reperimus. Caeterum quo clarius ea, quae diximus, intelligantur, delineationem hic subjicimus, in qua
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Les triangles placés tout le long du mât et permettant d'y monter ont été omis pour ne pas encombrer la figure. Reste à examiner en détail quelques objections qui pourraient peut-être porter à douter ceux qui n'ont pas encore fait connaissance avec notre télescope. Ils craindront en premier lieu que, puisque le fil qui relie les deux lentilles doit se courber par la pesanteur, cette courbure, quoique faible, ne soit pourtant, dans ces longueurs de cent ou deux cents pieds, un obstacle à leur parallélisme. En effet, s'il fallait faire usage d'une corde assez lourde, sa courbure gênerait beaucoup et cet inconvénient ne pourrait guère être écarté, même par une forte tension. Actuellement, la grande lentille étant suspendue et maintenue en équilibre comme nous l'avons fait, c'est en la tirant par un très léger fil de soie que nous la dirigeons; le poids de ce fil, pour une longueur de cinquante pieds, ne surpasse pas une demidrachme; il supporte pourtant, avant que de se rompre, un poids de sept livres. Partant sa courbure ne nuit aucunement ni dans la distance considérée ni même dans une beaucoup plus grande distance des lentilles, quoique nous ne le tirions qu'avec une force modérée équivalente à deux ou trois livres: il faut noter que la perfection géométrique n'est ici nullement nécessaire, comme cela est connu à tout expert. Il est en effet certain qu'autant qu'une corde est plus légère qu'une autre, autant diminue la force de la tension qui fait l'une et l'autre se rapprocher également de la ligne droite; de sorte qu'une corde de cinquante pieds et pesant une once, exige une force de quarante huit livres là où notre fil, de longueur égale, n'en demande que troisGa naar voetnoot6). Ceci est trop évident pour qu'il soit nécessaire de le démontrer: le cas où seize cordelettes d'une demi-drachme sont tendues chacune par un poids de trois livres est identique avec celui où elles composent ensemble une corde d'une once et que celle-ci est tendue par la somme des poids, c'est-à-dire par seize fois trois livres. | |||||||||||||||||||||||||||||||
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Triangula per malum disposita, quibus conscendi possit, omissa sunt, ne figuram obscuriorem redderent. Superest ut nonnulla, quae fortasse nondum expertis scrupulum injicere possent, paulo accuratius examinemus. Verebuntur primum ne, subsidente filo quod ad utramque lentem pertingit, flexus ejus, quanquam exiguus, in magnis tamen illis, pedum centum aut ducentorum, longitudinibus impediat positum earum parallelum. Et profecto, si fune graviore opus foret, non parum noceret curvatura ejus, nullaque fere tendendi vehementia superari posset hoc incommodum. Nunc verò, suspensa librataque lente majori ut à nobis factum est, levissimi tantùm fili bombycini tractu eam dirigimus; cujus pondus in pedes quinquaginta semidrachmam non superat; quodque idem appensas libras septem sustinet priusquam rumpatur. Quare flexus ejus neque in hac, neque in multo majori lentium distantia quidquam officit, etsi non nisi modica vi trahatur, duabus tribusve aequipollente libris; utique cum geometrica perfectio nequaquam hic requiratur, ut cuilibet experto notum. Etenim certum est eadem ratione, qua funis fune levior est, vim tensionis diminui, qua utrumque ad rectam lineam aequaliter accedat. Ut proinde funiculus quinquaginta pedes longus, atque unciam pendens, vi librarum quadraginta octo opus habeat, ubi filum nostrum, longitudine pari, non nisi tribus libris indigebit. Atque hoc per se clarius est quam ut demonstratione comprobetur. Idem enim est prorsus cum sexdecim funiculi semidrachmales trahuntur singuli trium librarum pondere, atque cum uncialem funiculum simul componentes, is à conjunctis itidem sexdecies ternis libris contenditur. | |||||||||||||||||||||||||||||||
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Mais on peut aussi confirmer plus amplement par des raisonnements géométriques, ainsi que par des expériences, ce qui se rapporte à la courbure du fil. Faiblement courbé le fil tendu a à si peu près la forme d'une parabole qu'on peut admettre qu'il en est vraiment ainsi sans aucune erreur. Lorsque notre fil, long de cent cinquante pieds, est tendu horizontalement avec une force de deux livres et demie seulement, nous trouvons que la flèche de l'arc parabolique est environ d'un quart de pied. Soit abc [Fig. 68] le fil parabolique, db la flèche, adc étant une droite. Puissent les droites ae et cf toucher la parabole, lesquelles sont coupées par ce et af parallèles à db. Nous observâmes, en regardant du point a suivant la droite ae, que la grandeur de la droite ce était d'un pied, d'où résulte pour db celle d'un quart de pied. Or, af est égale à ce. Le fil cba tire donc une lentille placée en c de telle manière qu'elle se met à angles droits non pas par rapport à la droite provenant de l'oeil qui est en a, mais par rapport à celle qui part du point f. Il en résulte que l'oeil est éloigné d'un pied de son vrai lieu; ce qui dans cette distance de 150 pieds ne peut pas nuire. En effet, l'angle de déflexion cae ou acf n'est que de deux cinquièmes d'un degré, de sorte qu'aucun remède - nous en indiquerons un néanmoins - n'est nécessaire. Or, si l'on prend une distance gh double de celle précédemment considérée, savoir de trois cents pieds, de sorte que le fil courbé est gbh, la mesure de la concavité sera kb égale à quatre fois celle de la précédente db, mais l'angle de déflexion ne sera que le double, c.à.d. ⅘ d'un degré, comme on le voit aisément en tirant la tangente gl qui rencontre la perpendiculaire hl. En effet, cette hl sera le quadruple de kb ou ce, mais la distance gh était le double de ac; c'est pourquoi l'angle de déflexion hgl peut être considéré comme le double de l'angle précédemment trouvé cae. Cette erreur de 48 secondes n'est encore d'aucune importance; on peut la négliger sans inconvénient. Cependant, pour qu'il ne reste aucun motif pour discuter, je ferai voir quelle est la correction qu'on peut apporter, laquelle remédie en même temps à toute autre déclinaison de la lentille. À cet effet il faut dès l'abord dans la mise au point de la grande lentille supérieure, ajouter à la méthode décrite ce que nous dirons maintenant. Lorsque la lentille a été mise en équilibre conformément à nos préceptes et fixée à la hauteur qui convient à l'oeil, il faut d'une main saisir le fil attaché à la verge et le tenir près de l'oeil, de l'autre tenir la lanterne également proche de lui. Il faut ensuite, en se retirant lentement et en allongeant ainsi le fil tendu, observer si une double image de la flamme apparaît vers le milieu de la lentille: il s'agit d'images réfléchies par ses deux surfaces. S'il en est ainsi au moment où le fil a pris la longueur entière qui convient au télescope en question, cela indique que la lentille a absolument la bonne position par rapport à l'oeil. Mais si une seule réflexion de la flamme est aperçue, la lentille est mal placée; plus mal encore, si l'on ne voit ni l'une ni l'autre. On peut y remédier dès qu'on a reconnu dans quel sens la lentille décline: le stylet de cuivre attaché à l'extrémité de la verge et portant d'autre part le fil doit être un peu fléchi dans ce même sens; ensuite il faut, comme au début, essayer la réflexion de la lanterne; cette opération alter- | |||||||||||||||||||||||||||||||
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Sed ulterius quoque haec, quae ad fili flexum attinent, geometriae rationibus, experimentisque expendi possunt. Nempe contentum filum, flexu illo exiguo, parabolicam lineam tam prope exprimit, ut pro vera absque errore habeatur. Cujus parabolae profunditatem, in longitudine pedum centum quinquaginta, invenimus pedis unius circiter quartam partem; cum filum horizonti parallelum tenderetur, nec nisi vi librarum duarum & semis. Sit fili parabola a b c, profunditas ejus d b, ducta nimirum recta a d c. Porro tangant parabolam rectae a e. c f: quibus occurrant c e, a f, parallelae d b. Intuenti igitur ex a puncto, secundum rectam a e, notatum fuit spatium c e fieri pedis unius; unde fit d b pedis quarta pars. Ipsi verò ce aequale est a f. Itaque lentem in c positam ita trahit filum c b a, ut non ad oculum, qui est in a, sed ad f
[Fig. 68]
punstum directe opposita sit. Ut proinde pedis unius intervallo à vero loco oculus absit: quod in illa pedum 150 distantia nihil obesse potest. Fit enim angulus deflexionis c a e vel a c f tantum duarum quintarum unius gradus; adeo ut remedio, quod tamen dabimus, non sit opus. Sumpta autem g h distantia prioris dupla, seu pedum trecentorum, ut filum incurvum sit g b h, erit cavitatis mensura k b, prioris d b quadrupla quidem, sed angulus deflexionis tantummodo duplus, hoc est, ⅘ unius gradus; ut facile perspicitur, ducta tangente g l, quae cum perpendiculari h l conveniat. Ipsa enim h l quadrupla erit ad k b sive c e; distantia vero g h ad a c erat dupla. Quare angulus deflexionis h g l, antea inventi c a e, duplus censeri potest. Haec verò, scrupulorum 48, aberratio nullius adhuc momenti est, neque neglecta nocebit. Attamen, quo minus causandi locus hic supersit, ostendam jam quaenam adhiberi possit correctio, atque ejusmodi quidem ut, una opera, omnem aliam lentis declinationem restituat. Igitur semel ab initio, ad superiorem lentis magnae praeparationem, hoc quod dicemus, adjungatur. Nempe lente quemadmodum praecepimus librata, atque ad oculi altitudinem defixa, filum caudae adnexum manu altera capiatur, eaque oeulo admoveatur; altera lucernam juxta teneat. Tum paulatim recedendo, extentumque filum producendo, observetur an duplex flammae imago circa mediam lentem appareat, ab utraque nimirum superficie ejus reflexa. Id si contingat ubi jam tota fili longitudo exierit, quanta nimirum futuro telescopio debetur, indicio est rectissime lentem ad oculum converti. Quod si altera tantum flammae reflexio conspiciatur, malè collocata | |||||||||||||||||||||||||||||||
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native doit être répétée jusqu'à ce qu'on voit coïncider les deux images de la flamme. Quant à la tension du fil, elle doit être modique, telle que nous l'avons prescrite plus haut, correspondant à une force de deux ou trois livres; c'est à cela qu'il faut s'habituer. Lorsque la position de la lentille aura une fois été corrigée de cette façon elle servira pour toutes les observations. Qu'on n'objecte pas avec une subtilité excessive que par la direction oblique que possède le fil lorsqu'il est dirigé vers les astres, sa courbure due à la gravité est rendue un peu moindre que lorsqu'il était horizontal. En effet, cette différence est minime, surtout pour un fil si léger; d'ailleurs, comme nous l'avons déjà dit, un parallélisme géométrique exact des deux lentilles n'est pas requis. Il faudrait dire qu'une bien plus grande difficulté provient du vent qui rend le sil sinueux et l'écarte latéralement, surtout dans le cas des grandes longueurs dont nous avons parlé, si l'on ne pouvait répondre à cette objection que le vent est également ennemi des tuyaux, lesquels tremblent et vacillent sous ses coups à la grande incommodité de l'observateur, de sorte qu'il a souvent fallu abandonner les observations pour cette raison. D'ailleurs il faut savoir, afin de supporter ce mal avec plus de résignation, que lorsque les vents soufflent, la pellucidité de l'air est souvent troublée à ce point, même quand il paraît serein, que par cela seul l'observation télescopique est absolument empêchée, ce qui ne peut être inconnu aux gens expérimentés. Il arrive même parfois qu'on applique les télescopes en vain lorsque le ciel est tranquille et tout-à-fait clair et que les étoiles scintillent aussi fortement que possible; c'est lorsqu'une certaine vapeur humide se trouve dans l'air laquelle cause une ondulation et un tremblement tels que ceux-ci privent le regard de celui qui veut observer les planètes de toute acuité. Dans ce cas on serait tenté de douter de la bonne qualité des lentilles elles-mêmes, n'était le fait que dans un autre temps et par un ciel plus pur on en avait constaté la bonté. La même vapeur, soit dit en passant, intercepte assez souvent par son adhésion à la grande lentille une partie des rayons de lumière, ce qu'on peut prévenir en chauffant un peu la lentille auprès d'un feu. Considérons encore une fois ce que nous avons dit sur la nécessité d'illuminer cette même lentille fixée au haut du mât. Il pourrait sembler que lorsqu'elle est fort éloignée, p.e. de deux cents pieds et davantage, elle recevra à peine la quantité de lumière nécessaire pour la rendre visible à l'observateur, même lorsque la lanterne est pourvue d'un verre convexe suivant notre prescription. Mais dans ce cas on pourra augmenter la quantité de lumière, soit en agrandissant la mèche de la lanterne, soit en se servant d'une lentille plus large et moins courbée laquelle, même lorsqu'elle reçoit de la lumière en quantité égale, la dispersera moins et par conséquent la lancera mieux au loin. Il apparaît donc que sous ce rapport la longueur du télescope est sans conséquence et qu'on peut avec la même facilité se servir de n'importe laquelle. Il est d'autre part évident que la hauteur du mât fait une certaine différence. Or, nous avons à notre disposition plusieurs moyens pour obvier aux inconvénients qui pourraient en résulter. Nous pouvons en effet, après avoir planté un premier mât, ériger à côté et à l'aide de lui un deuxième mât deux fois plus long que nous pouvons affermir en le joignant au | |||||||||||||||||||||||||||||||
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erit, si neutra, pejus. Hic vero jam remedium adhibebitur, ubi cognitum fuerit in quam partem lens declinet. Stylus enim aeneus extremae caudae adjectus, filumque innexum habens, in partem eandem parumper flectendus est; ac rursus, ut ante, lucernae reflexio tentanda; idque ita repetitis vicibus faciendum, quoad utraque flammulae imago in unum convenire conspiciatur. Tensione autem fili utendum mediocri, qualem supra definivimus, duarum aut trium librarum vim referente, eique quatenus licet adsuescendum. Hoc modo correcta semel lentis positio ad omnes observationes valebit. Neque hic subtiliter nimium objiciat quisquam quod obliquo fili ascensu, cum ad astra dirigitur, paulo minor efficitur flexus ejus à gravitate ortus, quam cum filum idem horizonti parallelum extenditur. Est enim differentia haec perexigua, praesertim in tanta fili levitate; & lentium parallelismus, ut jam diximus, ad geometriae leges exactus non requiritur. Multo magis ventus obesse dicendus foret, filum sinuans atque in latus impellens, presertim in magnis, quas diximus, longitudinibus; nisi quod tubis quoque idem ventus adversus est, qui concussu ejus tremunt ac vacillant, magno spectantis incommodo; ut propterea saepe observationibus supersedendum fuerit. Sed quo aequiore animo haec dispendia feramus, sciendum est, flantibus ventis, semper fere aeris pelluciditatem adeo turbari, etiamsi serenus videatur, ut hoc uno omnis telescopiorum prospectus impediatur; quod exercitatis ignotum esse nequit. Imo & tranquillo interdum ac prorsus sereno caelo, scintillantibus cum maxime syderibus, frustra tamen telescopia adhibentur; humido vapore quodam aerem obsidente, quo fit ut ad Planetarum corpora respicienti, undatio quaedam tremula & fluctuans omnem visus aciem intercipiat. Posset que, ubi hoc accidit, ipsa lentium bonitas suspecta esse, nisi alio tempore ac puriore caelo fuisset cognita. Idem vapor, ut hoc quoque obiter admoneam, non raro, lenti majori adhaerescens, radiorum lucis partem avertit: cui malo, calefacto modice ad ignem vitro, occurritur. Videamus nunc & illud quod de illustranda lente eadem diximus ad malum subrecta. Quae si valde procul distet, puta ad ducentorum & amplius pedum intervallum, vix videtur tantum luminis, ut ab observatore cerni possit, acceptura, etiamsi lucerna convexo vitreo juvetur, uti praecepimus. Sed hic intendere amplius lumen licebit, vel aucto lucernae ipsius ellychnio, vel latiori lente adhibita leniusque convexa, quae lucem | |||||||||||||||||||||||||||||||
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premier par des poutres transversales. Le plus fort assemblage de ce genre sera celui, de forme triangulaire, où deux mâts plus courts, distants entr'eux de deux ou trois pieds, sont joints de la manière indiquée à un troisième de hauteur double. De cette manière nous atteindrons aisément une hauteur de cent pieds. Et nous parviendrons à des hauteurs bien plus grandes encore, soit en nous servant d'une base plus solide des mâts et des poutres, soit en appuyant la partie inférieure de ces bois contre une tour ou contre l'angle d'un édifice élevé; de telle manière, bien entendu, qu'il n'en résulte aucune difficulté pour l'élévation de la lentille par le moyen de la rigole continue dont nous avons parlé. Mais on peut aussi dresser le mât sur une tour ou sur le faîte d'une maison; dans ce cas c'est là que doit se tenir celui qui est en charge de la corde pour hausser ou baisser la lentille. Et que personne ne s'imagine que nous traitons ces détails avec trop d'empressement et avec un soin superflu attendu qu'il serait peu probable qu'il fût besoin de ces grandes hauteurs. En effet, pendant que j'écris ces lignes, j'apprends par une lettre de Cassini que quatre lentilles fort excellentes, dont la plus grande est destinée à un télescope de cent quarante pieds, ont été achevées à Rome par Giuseppe Campani et envoyées au grand Roi de France. Bien qu'elles n'aient pas encore été utilisées pour des observations astronomiques, on peut être certain qu'elles ont été examinées de jour dans de longues salles ou galeries d'où la lumière était exclue. Maintenant, par notre présente invention, ces lentilles-ci, ainsi que d'autres correspondant à de plus grandes longueurs, s'il en vient, pourront faire preuve de leur utilité. Que si nous songeons aux méthodes par lesquelles d'autres ont tâché d'augmenter l'efficacité des télescopes, il pourra sembler que c'est avec peu de peine que nous avons obtenu ou obtiendrons le résultat qu'ils ont cherché en vain. Car soit qu'ils aient poursuivi leur but par des figures de lentilles hyperboliques ou elliptiques comme DescartesGa naar voetnoot7), soit par des miroirs concaves comme Newton, soit autrement, il s'agissait toujours d'obtenir des amplifications considérables des objets observés à l'aide de télescopes assez courts, maniables à cause de la modicité de leurs masses. On trouve aux p. 134-136 du T. VII l'article (lettre) de Huygens ‘touchant la Lunette Catoptrique de M. Newton’ publié dans le Journal des Sçavans de février 1672. Une figure de cette lunette se trouve vis-à-vis de la p. 129 du même Tome. Voyez aussi sur les lunettes catoptriques le T. XIII. Or, cette confection précise, scrupuleusement exacte, des surfaces était éminemment nécessaire; d'autre part on ne pouvait vraiment parvenir au but sans faire usage de grandes lentilles ou de grands miroirs, puisque toute construction est fatalement gâtée par une ttop grande obscurité: il faut que les premières ouvertures par lesquelles entre la lumière soient prises d'autant plus grandes que l'agrandissement sous lequel l'observateur aperçoit les objets est plus considérable. Quant à nous, nous n'avons pas | |||||||||||||||||||||||||||||||
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transmissam, etiamsi pari quantitate accipiat, minus tamen diffundet, longiusque proinde ejaculabitur. Quantum igitur ad haec attinet, nihil admodum referre liquet quaenam fuerit telescopii longitudo, sed aeque facile qualiacunque in usum deduci. Aliquod tantum discrimen in varia mali altitudine positum esse. Cujus quidem parandae plures modi suppetunt. Possumus enim, uno statuto malo, alium ejus opera duplo altiorem juxta attollere, ac simul firmiorem reddere, transversis fibulis utrumque conserendo. Ac firmissima quidem fuerit compages hujusmodi, si duo mali humiliores, cum tertio duplae altitudinis, binis ternisve pedibus inter se distent, in triangulum dispositi, atque uti diximus religati. Qua ratione facile ad centum pedum altitudinem perveniemus. Ad multo majores vero, vel validiori malorum ac trabium substructione utendo, vel ad turrim aut aedificii altioris angulum inferiora ligna applicando; ita ut nihil tamen obstet, quo minus, ab imo ad summum, lens primaria adducatur, per continuum canaliculum, uti diximus, ascendens. Sed & super turri aut domus culmine erigi malus potest, ut ibi adstet is cui funis cura demandata est, ad evehendam demittendamve lentem. Nec vero praepropera aut supervacua cura haec à nobis agitari quis putet, quod verisimile non sit his altitudinibus opus fore. Ecce enim, dum haec scribo, Cassini literis certior fio, lentes quatuor, quarum maxima telescopio pedum centum quadraginta destinata sit, à Josepho Campano, easque praestantissimas Romae esse perfectas, & ad magnum Galliae Regem missas. Etsi enim ad caelestium observationem nondum fuere admotae, non dubitandum tamen interdiu institutum fuisse earum examen, in atriis porticibusve praelongis unde lux exclusa esset. Nunc vero, hoc nostro invento, utilitas sua tum his lentibus, tum si quae has longitudine excedentes prodeant, constabit. Quod si cogitemus quibus modis telescopiorum efficaciam alii augere studuerint; quae frustra illi quaesiverunt, ea nos levi hac opera consecutos esse videri possit. Sive enim figuris lentium hyperbolicis ellipticisve, ut Cartesius, sive speculis cavis, ut Neutonus, sive alia quavis ratione id aggressi sint, huc omnia redibant ut brevioribus telescopiis, ac minori molimine usurpandis, multum amplificarentur res visae. Nam neque accurata illa ac scrupulosa superficierum formatio devitari poterat, neque etiam lentium speculorumve magnitudo. quoniam obscuritate nimia, quicquid machinati fuerimus, inutile reddi necesse est, nisi pro ratione percepti augmenti crescant aper- | |||||||||||||||||||||||||||||||
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diminué les longueurs, mais nous avons obtenu qu'elles ne sont plus gênantes, ce qui revient à peu près au même.
Si quelqu'un demande jusqu'où j'estime qu'on peut utilement prolonger les télescopes et si l'on peut espérer qu'en les construisant en dimensions supérieures à celles dont il fut question plus haut, nous pourrons nous approcher encore dix fois davantage de la lune et des autres astres qu'avec nos télescopes de trente pieds à l'aide desquels nous avons parcouru 149 parties de ce long chemin, c.à.d. tout le chemin à une seule partie près; je répondrai que je ne puis en vérité imposer des limites précises à cet art, mais que pour parvenir au résultat susénoncé le plus grand effort possible aux hommes ne suffira pas, partant qu'il peut encore moins être question de ce dont d'autres n'ont apparemment pas désespéré, savoir d'obtenir que nous contemplions la lune et les autres Planètes pour ainsi dire de près et que nous apercevions de nos yeux s'il sont habités par des êtres vivants ou bien qu'il ne s'y trouve rien que de vastes solitudes. ‘Autressois - dit J. Chapelain dans sa lettre du 24 août 1656 à Huygens, T. I, p. 483 - Monsieur Descartes se promettoit de faire des verres d'vne fabrique si parfaitte qu'on pourroit voir par leur moyen dans le disque de la lune si elle estoit habitee et quelle seroit la forme des animaux sil y en auoit. Jay veu la lettre ou estoient ces paroles entre les mains d'un nommé Ferrier qui estoit son Amy et son ouurier’. Il s'agit de la lettre de Descartes à Ferrier du 13 novembre 1629. En effet, je sais en premier lieu combien dans la taille des lentilles la difficulté de leur donner la bonne forme croît avec la grandeur, et de même la difficulté de trouver du verre libre des défauts qui compromettent le plus le succès. En effet, plus les rayons sont rassemblés de loin, plus aussi ces défauts se font nécessairement sentir. En outre il est établi, supposé que les dites difficultés ne comptent pour rien, que les objets observés ne sont agrandis qu'en raison des diamètres d'ouverture de la lentille extérieureGa naar voetnoot8); or, ces diamètres ne croissent pas proportionnellement aux longueurs des télescopes mais, si je vois bien, proportionnellement à leurs racines carrées [voyez l'alinéa suivant]. De sorte que lorsque, pour un télescope d'une longueur de trente pieds, l'ouverture donnée est de trois pouces, telle environ que l'expérience permet de la prendre, une autre ouverture, convenant à une longueur de trois cents pieds, ne sera que de neuf pouces et demi; par conséquent tout ne paraîtra qu'environ trois fois plus grand dans ce télescope immense que dans celui de trente pieds. Mais s'il faut décupler l'agrandissement de ce dernier, il faudra une longueur de trois mille pieds. Il est manifeste qu'on ne pourra parvenir à ce résultat par aucun effort humain, ne fût-ce qu'à cause de l'altitude. | |||||||||||||||||||||||||||||||
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turae quibus primum lux subintrat. Nos vero longitudines quidem non imminuimus, sed ne obessent effecimus, quod fere eodem redit. Si quis vero jam requirat quousque & quo operae pretio extendi porro telescopia posse existimem, & num productis longe ultra modum eorum quae paulo ante diximus, sperandum sit adhuc decuplo propius ad lunam caeteraque astra nos accessuros, quam quo triginta pedes habentibus processimus; quibus tanti itineris partes centum quadraginta novem, una duntaxat reliqua, confectae sunt: respondebo me certos quidem arti terminos praefinire non posse; huc tamen, quo dixi, nec maximo hominum conatu perventum iri. multoque minus futurum, quod aliqui videntur non desperasse, ut lunam ac Planetas caeteros velut è propinquo inspiciamus, & utrum animalibus habitentur, an praeter vastas solitudines nihil habeant, visu penetremus. Primum enim, in parandis lentibus, scio quantopere crescat cum magnitudine formandi difficultas; ipsiusque inveniendi vitri quod vitiis iis careat, quae maxime huic operi infesta sunt. Quanto enim ulterius radii colligentur, tanto magis haec vitia se prodant necesse est. Constat praeterea, ut jam ista nihil obstent, non amplificari res visas, nisi pro ratione diametrorum aperturae lentis exterioris. Quae diametri nequam crescunt cum telescopiorum longitudine; sed, quantum video, rationem longitudinum subduplam sequuntur. Adeo ut data apertura pollicum trium, in telescopio triginta pedes longo; quantam circiter experientia concedi sinit; alia, ad trecentos pedes, non nisi novem unciarum & semis sit futura, ac propterea tantum triplo majora fere omnia sint apparitura, praegrandi hoc telescopio, quam illo pedum tricenum. At si decuplo excessu idem superandum sit, jam ter mille pedum longitudine opus erit, quo quidem nulla humana ope perveniri posse, vel solius altitudinis causa, manifestum est. | |||||||||||||||||||||||||||||||
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Sans doute les ouvertures dont nous avons parlé pourraient être beaucoup plus considérables et croître dans une plus grande proportion s'il n'y avait que ce seul obstacle que la courbure de la figure sphérique est peu propre à réunir les rayons; mais il y a en réalité encore une autre aberration des rayons, provenant de la nature même de la réfraction, dont Newton a fait voir l'existence il y a quelques annéesGa naar voetnoot9) par certaines belles expériences, e.a. par celles sur les couleurs des prismes de verre. Cette deuxième aberration a elle aussi ses lois; c'est d'après elles, si je les comprends bien, qu'on peut calculer la proportionnalité dont je viens de parler, celle des ouvertures aux racines carrées des longueurs. C'est bien peu avant la composition de l'Astroscopia que Huygens était parvenu à établir la proportionnalité dont il est ici question. On peut consulter la p. 621 de notre T. XIII où l'on verra que les recherches qui conduisirent à cette loi datent des premiers mois de 1684. Voyez aussi les p. 484 et suiv. du même Tome: Huygens y démontre la loi aux p. 486 et suiv. | |||||||||||||||||||||||||||||||
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Sane majores multo forent, & majori proportione crescerent, eae, quas diximus, aperturae, si nihil aliud obstaret quam figurae sphericae parum idonea, in colligendis radiis, curvatura. Nunc vero alia quaedam, ex ipsa refractionis natura, oritur radiorum aberratio, quam ante annos aliquot Neutonus egregiis quibusdam experimentis & prismatum vitreorum coloribus comprobavit. Haec vero & ipsa leges suas habet, quibus, si recte eas perspicio, subdupla illa, quam dixi, aperturarum ad longitudines ratio colligitur. |
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