Oeuvres complètes. Tome XX. Musique et mathématique
(1940)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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III. Le corps, la surface, la ligne, le point.Dans le Manuscrit G, sans doute en 1690Ga naar voetnoot1), Huygens donne plusieurs définitions du point, de la ligne, de la surface et du corps. Contrairement à notre habitude nous publions ici les énoncés de Huygens comme ils se suivent dans le Manuscrit sans mettre en avant ceux qu'il désigna après coup par les chiffres 1, 2, 3, 4.
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Les nombreuses ratures font voir de quelle manière hésitante Huygens procédait. Il choisit en fin de compte, pour chacune des quatre entités, une seule définition, qu'il marqua d'un B, probablement une abréviation de ‘bon’ on ‘bonum’. Comme il apparaît par le numérotage des définitions finalement choisies, Huygens est d'avis qu'il faut commencer par la définition du corps. Il semble préférer cet ordre à l'ordre inverse (point, ligne, surface, corps) et y attacher de l'importance; cela ressort de la première phrase de la Pièce I qui précède. Toutefois, il n'y a chez lui une relation logique qu'entre les définitions du corps et de la surface, tandis que - fait curieux - après cela sont définis la ligne et le point, indépendamment et sans rapport logique avec les définitions précédentes. L'ordre dans lequel sont rangées les définitions n'a pas de signification réelle, abstraction faite de celui des deux premières. Il en est autrement lorsque, comme BarrowGa naar voetnoot2), après les définitions d'un corps et d'une surface comme délimitation d'un corps, on continue systématiquement à définir la ligne comme la délimitation d'une partie d'une surface et le point comme celle d'une partie d'une ligne. Mais une fois qu'on a accepté la définition de la ligne choisie par Huygens, on ne peut guère, à notre avis, faire une objection fondamentale contre la définition de la surface comme quelque chose ayant longueur et largeur mais non pas épaisseur (‘profunditas’, comme Huygens, de même que Barrow, appelle ici la troisième dimension), quelque peu satisfaisantes que soient pareilles définitions au point de vue des mathématiques rigoureuses d'aujourd'hui. Du temps de Huygens il paraît qu'on avait beaucoup d'intérêt pour de semblables questions et aussi pour d'autres qui s'y rattachent, comme celle de savoir si un point est un ‘ens revera existens’Ga naar voetnoot3). En 1660 eut lieu à Paris, à l'Académie de Montmort, une réunionGa naar voetnoot3) où Desargues, auteur du ‘broüillon-project’ sur la coupe des pierres en l'architecture, soutenait qu'un point géométrique | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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aurait une existence réelleGa naar voetnoot4). Il fut attaqué sur cette thèse par de la Poterie. Une expression de Huygens montre que la question provoqua ce soir des réactions passionnées: il parle de la vehemence merveilleuse et ridicule de de la Poterie.
Voyez la p. 504 qui suit sur un fac-similé, publié en cette même année 1940, des définitions de 1690 de Huygens. |
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