Oeuvres complètes. Tome XIX. Mécanique théorique et physique 1666-1695
(1937)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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La gravitation. | |
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Avertissement.Le mémoire de Huygens sur la cause (ou ‘les causes’) de la pesanteurGa naar voetnoot1) fait partie, comme on voit, d'un débat qui eut lieu sur ce sujet à l'Académie en 1669. Il a été publié sous le titre ‘De la Cause de la Pesanteur’ parmi les ‘Divers Ouvrages de M. Hugens de Zulichem’ faisant partie du recueil ‘Divers Ouvrages de Mathematique et de Physique par Messieurs de l'Academie Royale des Sciences’ lequel parut en 1693. Huygens avait envoyé son mémoire à de la Hire en 1686Ga naar voetnoot2) après y avoir apporté quelques changementsGa naar voetnoot3). Entre 1686 et 1693, savoir en 1690, le ‘Discours de la Cause de la Pesanteur’ fut publié par Huygens à Leiden, avec le ‘Traité de la Lumiere’Ga naar voetnoot4), dans une nouvelle forme amplifiée. La publication de 1693 peut donc être considérée comme plus ou moins superflue; à moins qu'on ne s'intéresse spécialement au développement des idées de Huygens indiqué par la diversité des textes. Dans le présent Tome nous ne publions que le mémoire, ou discours, de 1669Ga naar voetnoot5), auquel se rattachent les observations de Roberval et Mariotte, suivies d'une réplique | |
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par HuygensGa naar voetnoot1). Le ‘Discours’ de 1690 - qu'on peut consulter en attendant dans l'édition originale - trouvera sa place dans notre T. XXI, avec la description du planétaire et le ‘Cosmotheoros’. Nous aurons alors l'occasion de revenir sur l'évolution des idées sur la gravitation.
Dans le mémoire de 1669 Huygens ne traite que de la pesanteur terrestre, quoiqu'il eût pu évidemment parler de même, comme RobervalGa naar voetnoot2), d'une pesanteur joviale, etc., chacune de ces pesanteurs étant due suivant lui à un tourbillon; ou plutôt à un ensemble de mouvements tourbillonnaires de la matière subtile en tous sens parallèles aux grands cercles de la surface de la planète considérée, ce qui distingue ses tourbillons gravifiques de ceux de Descartes. Mais il n'y est aucunement question d'une pesanteur s'étendant jusqu'à la luneGa naar voetnoot3), ni à plus forte raison d'une gravitation générale. Les tourbillons gravifiques de Huygens ne sont pas limités par d'autres tourbillons, mais plutôt comparables sous ce rapport avec ceux qu'on voit dans un étangGa naar voetnoot4).
L'idée de tourbillons associés à des corps célestes est ancien; témoin le passage suivant de la lettre d'Epicure à PythoclèsGa naar voetnoot5): ‘qu'il y ait certains astres dont la course est errante, si toutefois ils sont réellement animés des mouvements qu'ils nous paraissent avoir, et certains autres qui se meuvent suivant une courbe régulière, ceci peut provenir de ce que, les uns et les autres se mouvant en cercle depuis l'origine du monde, ils sont soumis à des lois telles que les uns sont emportés dans un tourbillon toujours le même et qui décrit une courbe fixe, les autres dans un tourbillon dont la marche est irrégulière’Ga naar voetnoot6). | |
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La théorie des tourbillons pouvait être développée de différentes façons. Nous avons vu plus hautGa naar voetnoot1) que, plus cartésien sous ce rapport que Descartes, Huygens avait admis l'existence de tourbillons électriques à côté des tourbillons magnétiques.
On remarquera que l'hypothèse des tourbillons gravifiques ne satisfaisait pas tous les académiciens. Des trois opinions principales, mentionnées par Roberval dans le discours initial, celle de l'attraction mutuelle (‘que toutes les parties du corps sont portées à s'unir ensemble pour ne faire qu'un seul corps’) lui paraissait ‘la plus vraysemblable’. C'est ce qu'il avait soutenu aussi dans le Traité de 1636, que nous avons mentionné à la p. 184; ainsi que dans son ‘Aristarchus’ de 1644Ga naar voetnoot2). Nous ignorons si l'objection de Ch. PerraultGa naar voetnoot3), savoir qu'un aimant placé fort près a, par sa vertu attractive, plus d'action que la terre sur une aiguille de boussole et que, si la pesanteur était une attraction, l'influence d'une grosse pierre devrait donc pouvoir prévaloir de la même façon, a fait une profonde impression sur l'assemblée. Nous laisserons au lecteur de décider s'il y a, oui ou non, comme le soutiennent Roberval et Mariotte, des ‘cercles de logique’ dans certains raisonnements de Huygens qui, tout en cherchant une explication rationnelleGa naar voetnoot4), s'appuie aussi immédiatement sur l'expérience, laquelle enseigne par exempleGa naar voetnoot5) qu'il y a du mouvement circulaire dans le monde.
On remarquera, déjà dans la Pièce I de 1668, l'énoncé: ‘gravitatem sequi quantitatem materiae cohaerentis in quolibet corpore’ que Newton allait bientôt préciser par l'introduction de la ‘masse’ soumise à une ‘force’Ga naar voetnoot6). Dans le mémoire de 1669Ga naar voetnoot7) Huygens dit que suivant sa théorie ‘le poids de chaque corps suit precisement la quantité de la matiere qui entre dans sa composition’Ga naar voetnoot8). Voyez encore sur Huygens et Newton les p. 278 et 310 qui précèdentGa naar voetnoot9). |
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