Oeuvres complètes. Tome XIX. Mécanique théorique et physique 1666-1695
(1937)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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Traite de la lvmiere.Où sont expliquées Les causes de ce qui luy arrive Dans la reflexion, & dans la refraction.
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Préface.I'escrivis ce Traité pendant mon sejour en France, il y a 12 ans; & je le communiquay en l'année 1678 aux personnes sçavantes, qui composoient alors l'Academie Royale des Sciences, à la quelle le Roy m'avoit fait l'honneur de m'appellerGa naar voetnoot1). Plusieurs de ce corps, qui sont encore en vie, pourront se souvenir d'avoir este presents quand j'en fis la lecture, & mieux que les autres, ceux d'entre eux qui s'appliquoient particulierement à l'étude des Mathematiques; des quels je ne puis plus citer que les Celebres Messieurs, Cassini, Romer, & De la HireGa naar voetnoot2). Et quoyque du depuis j'y aye corrigé & changé plusieurs endroits; les copies que j'en fis faire dés ce temps là, pourroient servir de preuve, que je n'y ay pourtant rien adjouté, si ce n'est des conjectures touchant la formation du Cristal d'Islande, & une nouvelle remarque sur la refraction du Cristal de RocheGa naar voetnoot3). J'ay voulu raporter ces particularitez pour faire connoitre depuis quand j'ay medité les choses que je publie maintenant, & non pas pour deroger au merite de ceux, qui, sans avoir rien vû de ce que j'avois escrit, peuvent s'estre rencontrez à traiter des matieres semblables: comme il est arrivé effectivement à deux Excellents Geometres, Meisseurs Newton & Leibnits, à l'egard du Probleme de la figure des verres pour assembler les rayons, lors qu'une des surfaces est donnéeGa naar voetnoot4). | |
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On pourra demander pourquoy j'ay tant tardé à mettre au jour cet Ouvrage. La raison est que je l'avois escrit assez negligemment en la Langue où on le voitGa naar voetnoot5), avec intention de le traduire en LatinGa naar voetnoot6), faisant ainsi pour avoir plus d'attention aux choses. Apres quoy je me proposois de le donner ensemble avec un autre Traité de Dioptrique, ouj'explique les effets des Telescopes, & ce qui apartient de plus à cette ScienceGa naar voetnoot7). Mais le plaisir de la nouveauté ayant cesse, j'ay differé de temps à autre d'executer ce dessein, & je ne scay pas quand j'aurois encore pû en venir à bout, estant souvent diverti, ou par des affaires, ou par quelque nouvelle étude. Ce que considerant, j'ay en fin jugé qu'il valoit mieux de faire paroitre cet escrit tel qu'il est, que de le laisser courir risque, en attendant plus longtemps, de demeurer perdu. On y verra de ces sortes de demonstrations, qui ne produisent pas une certitude aussi grande que celles de Geometrie, & qui mesme en different beaucoup, puisque au lieu que les Geometres prouvent leurs Propositions par des Principes certains & incontestables, icy les Principes se verisient par les conclusions qu'on en tire; la nature de ces choses ne souffrant pas que cela se fasse autrement. Il est possible toutefois d'y arriver à un degré de vraisemblance, qui bien fouvent ne cede guere à une evidence entiere. Sçavoir lors que les choses, qu'on a demontrées par ces Principes supposez, se raportent parfaitement aux phenomenes que l'experience a fait remarquer; sur tout quand il y en a grand nombre, & encore principalement quand on se forme & prevoit des phenomenes nouveaux, qui doivent suivre des hypotheses qu'on employe, & qu'on trouve qu'en cela l'effet repond à nostre attente. Que si toutes ces preuves de la vraisemblance se rencontrent dans ce que je me suis proposé de traiter, comme | |
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il me semble qu'elles font, ce doit estre une bien grande confirmation du succès de ma recherche, & il se peut malaisement que les choses ne soient à peu pres comme je les represente. Je veux donc croire que ceux qui aiment à connoitre les Causes, & qui sçavent admirer la merveille de la Lumiere, trouveront quelque satisfaction dans ces diverses speculations qui la regardent, & dans la nouvelle explication de son insigne proprieté, qui fait le principal fondement de la construction de nos yeux, & de ces grandes inventions qui en étendent si fort l'usage. J'espere aussi qu'il y en aura, qui en suivant ces commencements, penetreront plus avant toute cette matiere que je n'ay sçû faire, puisqu'il s'en faut beaucoup qu'elle ne soit epuisée. Cela paroit par les endroits que j'ay marquez, où je laisse des difficultez sans les resoudre; & encore plus par les choses que je n'ay point touchées du tout, comme sont les Corps Luisants de plusieurs sortes, & tout ce qui regarde les Couleurs; en quoy personne jusqu'icy ne peut se vanter d'avoir reussiGa naar voetnoot8). Enfin il reste bien plus à chercher touchant la nature de la Lumiere, que je ne pretens d'en avoir decouvert, & je devray beaucoup de retour à celuy qui pourra suppleër à ce qui me manque icy de connoissance.
A la Haye. Le 8 Jan. 1690. |
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