Oeuvres complètes. Tome XVIII. L'horloge à pendule 1666-1695
(1934)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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Huygens, Roemer et Leibniz horlogers.
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Avertissement.Le titre sous lequel nous rassemblons les quelques Pièces éparses sur l'horlogerie qui suivent sert à indiquer que cet art ne peut être nettement séparé ni de l'astronomie pratique ni de la géométrie ou de la mécanique théorique. On aurait certainement tort de le juger indigne d'un philosophe: comparez à ce sujet les p. 32-33, ainsi que le cinquième alinéa de la p. 482. Les noms de Roemer et de Leibniz se trouvent dans la Fig. 101 de la Pièce I: voir la note 1 de la p. 605. Nous avons dit un mot sur Roemer horloger dans la note sur I. Thuret de la p. 505. Il est vrai qu'en cet endroit il ne s'agissait pas d'horloges; il y était question de planétaires mus à la main. Mais les planétaires sont plus anciens que les horloges à roues dentées: le fameux planétaire géocentrique d'Archimède a sans doute existé et l'horloge à roues dentées provient peut-être du planétaire (voir cependant la note 3 de la p. 37 du T. XVII); en effet, toute horloge n'est-elle pas, vu la périodicité de son mouvement, une image de l'univers? ne peut-on pas dire que l'aiguille des heures et celle des minutes, telles que nous les voyons dans l'horloge de Coster (T. XVII, p. 14, Fig. 1) et dans celles qui nous sont familières, représentent le soleil et la lune parcourant les douze signes du zodiaque? Aucune comparaison n'est plus familière aux philosophes du dix-huitième siècle que celle, bien grossière évidemment, du monde avec une horloge. Dans les Remarques sur l'ouvrage de Sully de 1717, citées dans la note 2 de la p. 502 qui précède, Leib- | |||||||||
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niz appelle le poids ou le ressort moteur de l'horloge son ‘premier Mobile’Ga naar voetnoot1): c'est le πρῶτον ϰινοῦν, plutôt que le πρῶτον ϰινούμενον, d'AristoteGa naar voetnoot2).
Comme Huygens, Roemer (1655-1710) s'intéressait surtout aux horloges en sa qualité d'astronome. Il fit usage toute sa vie des horloges à pendule de Huygens. Nous reproduisons ici [Fig. 99 et 100] une partie des Tables I et II de 1704Ga naar voetnoot3) de la ‘Basis Astronomiae’ de 1735 de P. Horrebow, disciple de RoemerGa naar voetnoot4). Dans son Ch. III (‘De horologiis observatoriis’) Horrebow écrit (p. 24), après avoir cité Tycho Brahé sur la nécessiité d'observations fort exactes: ‘Indicat his verbis Brahaeus, sese non unum in finem adeo prolixe de hoc negotio agere; ego vero verba ipsius eum tantum in finem profero, ut gaudeant hujus aetatis homines, dudum istas difficultates per Christianum Hugenium, qui ad horologia perpendiculum feliciter applicuit, sublatas esse, qui proinde horologia ad eam, quam assequi suo tempore non potuit Tycho, motûs aequabilitatem perduxit: ut vere dici queat, Divino huic horologiorum Hugenianorum invento, coelestium motuum aemulo, omnem RoemerianoramGa naar voetnoot5) rectascensionum fidem & certitudinem inniti. Proindeque nobis semper Author erat, suasorque, ut omni ope ista horologia, tanquam potissimam observatorii partem, mensurarumque animam, conservaremus, & caute tractaremus’ ... ‘forte non opus est monere, non alia in observatorium Astronomicum admittenda esse horologia, quam Hugeniana, quorum perpendiculum tripedale singulis oscillationibus minuta secunda temporis indicet, atque ultra perpendiculum horizontis sex, septem vel octo pollices excurrat’Ga naar voetnoot6). | |||||||||
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[Fig. 99.]
[Fig. 100.]
Ce passage fait voir clairement qu'à Copenhague on était bien convaincu que les horloges à pendule sont de Huygens; comparez la note 9 de la p. 11 du T. XVII, et les p. 59-66 et 88-91 du présent TomeGa naar voetnoot7). | |||||||||
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Dans les Fig. 99 et 100 on voit le poids curseur (p. 32, 338-347 et 429-432 qui précèdent). La verge du pendule est apparemment cylindrique: nous avons déjà dit à la p. 19 que la verge plate de l'horloge de Leiden (Fig. 12) nous semble dater de plus tard.
Observons en passant que Horrebow représente dans son ouvrage la ‘Turris Astronomica Hauniensis’ de 1642 dont nous avons parlé à la p. 18 qui précède.
Roemer, pendant son séjour à Paris, se posa la question de savoir quelle doit être la forme des dents pour que deux roues situées dans un même plan s'engrènent le mieux possible, c.à.d. sans sauts ni accotements. Le discours qu'il fit en 1675 à l'Académie sur ce sujetGa naar voetnoot1) n'a pas été conservé. Selon lui, les dents doivent avoir une forme épicycloïdale, comme Ph. de la Hire le dit aussi dans son ‘Traité des épicycloïdes & de leurs usages dans les Mécaniques’ de 1695Ga naar voetnoot2). En effet, Leibniz écrit en janvier 1698 à Jean BernoulliGa naar voetnoot3): ‘Dominus la Hirius ipse, quod non satis mirari possum, | |||||||||
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Epicycloidum usum ad figuras dentium sibi tribuere videtur in peculiari de iis dissertatione, cum tamen certum sit inventum esse Roemeri Dani; nam eram Parisiis eo tempore quo is invenit, remque non tantum ab ipso Roemero, sed & Hugenio intellexi’. La Partie A de la Pièce II qui suit confirme l'affirmation de Leibniz en ce qui concerne Roemer. Il n'en résulte pas que de la Hire ne puisse avoir eu, également vers 1675, la même pensée indépendamment de luiGa naar voetnoot4). Leibniz ajoute: ‘Roemerum qui in Dania agit Regi aestimatus, miror sibi sua non vindicare’. Toutefois les figures de Huygens ne démontrent pas que parmi les constructions proposées par Roemer il y en avait d'identiques à celles de de la Hire. Roemer s'est apparemment servi tant de l'épicycloïde ordinaire (A. § 2) que de l'épicycloïde raccourcie (A. § 1), tandis que de la Hire ne se sert que de l'épicycloïde ordinaire. L'application faite dans la Fig. 107 de l'épicycloïde ordinaire ne ressemble à aucune figure de de la Hire. Voir cependant aux p. 609-610 les trois derniers alinéas de la note 2 de la p. 607 qui suit. Nous avons déjà dit (note 2 de la p. 400) que Huygens ne s'est occupé des épicycloïdes qu'après Roemer, qui paraît donc avoir attiré son attention sur ces lignes. Il est vrai que les ἐπίϰυϰλοι des astronomes grecs étaient connus à tout-le-monde (comparez la fin de la note 4). Notons que Huygens n'a cherché - ou du moins n'a accompli -, comme de la Hire, que la rectification et la quadrature de l'épicycloïde ordinaire. | |||||||||
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La Pièce III - nous ne disons rien de la Pièce IV qui ne donne qu'un détail de construction - est une explication par Huygens du ‘maintaining power’ dans les horloges à ressort. La grande majorité des horloges n'étaient pas encore munies de ce dispositif (dû à un constructeur inconnu; comparez la dernière ligne de la p. 5 et les premières lignes de la p. 6 du T. XVII), comme le font voir les paroles suivantes de Leibniz dans les Remarques de ± 1715, citées aussi dans la note 1 de la p. 600: ‘Entre les Causes, qui changent la justesse de l'Horloge et de la Montre vulgaire, est aussi le Tems, qui se perd en les remontant, lorsqu'elles sont arrêtées pendant ce temps là, comme il arrive ordinairement; car le tems de la remonte n'est pas toujours le même: Mais des bonnes Pendules, et d'excellentes Montres ont ou peuvent avoir une construction, suivant laquelle elles continuent d'aller, pendant qu'on les remonte’. Comparez le deuxième alinéa de la p. 514 qui précède, ainsi que la note 1 de la p. 64 du T. XVII. |
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