Oeuvres complètes. Tome IX. Correspondance 1685-1690

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N^o 2446.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
11 novembre 1686.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2442.

A la Haye ce 11 Nov. 1686.

Quoyque j'espere de vous revoir dans peu de jours je ne laisseray pas de vous escrire encore cellecy pour satisfaire a ce que j'ay promis, qui est de vous solliciter d'interceder pour un homme en une chose qui vous regarde si peu que je ne veux pas seulement la proposer icy, mais apres que je n'auray plus rien a vous dire. Puis que je ne vous ay rien mandè touchant le verre que m'a laissè SGravesande s'il est bon ou mauvais, vous vous douterez bien que je n'en ay pas fait l'epreuve et que je l'ay voulu differer afin que vous y fussiez present. C'est la une des raisons. L'autre est qu'il ne m'est pas aisè de faire seul cet essay ou il faut l'attirail que vous scavez. Ces jours passez un homme qui se disoit parent du libraire Waesberghe d'Amsterdam m'apporta le dessein d'un grand verre objectif de 100 pieds representè par un cercle de 8 pouces de diametre avec des mots escrits autour en Allemand et en François, qui marquoient cette longueur de 100 pieds car il y avoit 150 palmi d'Italie. Il y avoit un autre cercle de 3½ pouces pour la grandeur de l'oculaire. Il demandoit, si je sçavois quelqu'un en ce païs qui pust fournir de tels verres pour un telescope, a quoy je respondis que non. que j'en scavois faire, mais non pas pour d'autres. Je luy indiquay en suite Hartsoecker et Campani. Je doute aucunement si la demande ne venoit pas de Hevelius, par ce que je scay que Waesberghe a correspondence avec luy, et a cause de l'inscription Allemande, mais ce n'est qu'une legere conjecture.

Je vois que dans vostre derniere vous racontez ce que vous avez vu au moulin de cuivre. Je trouve comme vous qu'on en pourroit profiter si on avoit encore besoin de grandes formes, mais il me deplait qu'ils n'en ont que du cuivre rouge, qui est plus mol, et par consequent moins propre a bien doucir les verres. Je scay qu'autre fois nous en avons fait essay. Le meilleur serait sans doute le fer fondu, et qui conserveroit mieux sa figure. Mais d'ou vient qu'ils ne travaillent pas en cuivre jaune puis qu'ils ont une fonderie? Mr. Tschirnhaus m'escrit¹⁾ qu'au lieu de sa demeure on fait de ce cuivre jaune, et qu'il en a fait faire un miroir concave de 3 aunes de diametre et qui fait tout le mesme effect que le grand de Villette que j'ay vu a Paris. Je ne comprens pas pourtant comment il l'a pu faire battre s'il est

1) Voir la Lettre N^o. 2444.

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assez epais, pour ne se pas dejetter par son propre poids. Le mesme m'a envoiè un livre de sa façon dont le titre est Medecina mentis et corporis, et qu'il dedie au Roy de France qui a bien besoin de l'un et de l'autre.

L'homme qui se recommande a ses bonnes graces est mon tailleur Anglois de nation qui voudroit estre tailleur de Mr. le Prince qui a quitè celuy qu'il avoit, ce qui vous sera fort aisè a luy procurer. Je vous en escris non pour autre fin que pour pouvoir dire que je l'ay fait et que si on vous le demandoit vous puissiez dire la mesme chose. Il s'appelle Mr. Raylay.