Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684

N^o 2278.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
18 et 20 septembre 1682.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2277.

Staveren le 18 Septembre 1682.

Estant encore a Dieren d'ou je suis venu icy hier je receus la vostre du 13^e. et vous remercie des informations que vous me donnez. Il n'y a qu'une chose sur laquelle vous ne me repondez pas, c'est que je souhaittois de scavoir si vous aviez essayé encore vostre verre de 37. pieds et comment vous l'aviez trouvé. Il seroit estrange a mon avis qu'ayant paru meilleur que vostre bon de 23. pieds, lors que nous l'essayasines sur les affiches au de la du Vivier, il ne seroit pas de mesme en l'employant aux astres. Je vous prie de l'esprouver encore une fois et de m'en dire quelque chose de certain. Ces trois Planetes les uns si près des autres devroyent vous y convier.

Je suis bien faschè d'apprendre que ce verre d'Angleterre est si peu transparent, il faut voir s'il n'y aura pas moyen d'en avoir du meilleur par le moyen de van Alsen qui va de Paris en Angleterre s'il n'y est desja. Je lui escris pour cela.

Meester qui est party d'icy ce matin pour Naerden par Harderwyck a veu vostre machine Planispherique et en est fort satisfait, je serois bien fasché de ne

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la point voir avant que vous l'emportiez, et espere que vostre voyage traisnera jusques à mon retour qui selon toute apparence pourtant ne sera que vers la fin d'Octobre ou le commencement de Novembre.

Ce seroit une tres bonne affaire si vous pouviez sauver une partie considerable de vostre Pension et rester en ce Pays icy ou je croy que vous pourriez esperer une santé plus ferme. Ce qu'il y auroit le plus a craindre en ce cas la seroit a mon avis une guerre laquelle en l'estat ou sont les affaires on a tousjours sujet d'apprehender. Mesme le voyage que va faire le Roy selon que l'on mande donne a penser icy, quoyque d'áutres le veuillent faire passer pour une grimace.

Le 20. Sept. 1682.

Me trouvant esveillé ce matin a 4. heures je suis sorty de mon lict pour voir la conjonction des trois Planetes superieures, que j'ay veues dans cette situation du costé d'Orient. Vous dites dans vostre lettre que la nuit qui precedera le 22^e vous attendez la conjonction de Saturne et de Mars. Mais qu'est ce proprement



que vous appellez conjonction? et de combien pres faut il que ces Planetes s'approchent pour pouvoir dire qu'elles sont dans la conjonction? Quand est ce que sera le veritable tems de la conjonction que l'on appelle Grande?

Vous dites aussi que ces conjonctions ne reviennent pas en plusjeurs centaines d'années, et l'Ambassadeur Citters dit, qu'elle arrive presentement pour la quatriesme fois depuis la Creation; mais je vous prie de me dire un peu au juste combien il y en a eu. Ce que vous dites de cette grande rareté là ne s'accorde pas aussi avec ce qu'il me souvient d'avoir leû dans Keplerus d'une conjonction grande qu'il avoit observée de son temps, qui n'est pas fort eloigné du nostre.

Il me semble que la Comete ne paroist plus icy, et pourtant la Gazette marque bien des lieux ou on la voit, ce semble, encore. Keplerus adjouste aussi au dit lieu, que vers le temps de cette Grande conjonction dont il parle tout le monde estoit dans l'attente d'une Comete, comme aussi il en parut une^a).

a) Dinsdag 22 Sept. vers les 5 heures du matin. le Frere de St. Annelant observa.




l'angle en ♄ estoit a peu pres droit il ne scavoit pas bien s'il estoit plus petit ou plus grand que droit, mais penchoit plus a le croire avoir vu plus grand. La distance ♃ ♄ estoit environ quadruple de ♄ ♂. [Chr. Huygens]