Oeuvres complètes. Tome VII. Correspondance 1670-1675
(1897)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2022.
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parlè d'appliquer des ressorts spirales aux horloges, il faut qu'il se soit laisse persuader par luy que cela est vray, mais la veritè est qu'il n'en est rien. Je crois vous avoir dit que le moyen dont s'est servi Thuret pour persuader plus facilement Monsieur de Neurè, c'estoit de luy dire que je le decriois pour fol, qui est une mechante sinesse. Mais tout son procedè estrange est si injuste que quand j'y pense et que je considere d'un autre costè la bontè que font pour luy Monseigneur le duc de Chevreuse, Madame Colbert et d'autres personnes de cette qualitè et vertu je ne scaurois l'attribuer qu'a un principe de charitè qui s'estend a avoir mesme pitiè des mechants parce qu'ils sont miserables, car si ces mesmes personnes adjoutent quelque croiance au recit qu'on leur a fait de mon costè de la maniere que cette affaire s'est passée; (comme je veux esperer qu'ils font et je serois au desespoir s'il en estoit autrement) je scay bien qu'elles ne protegent pas Thuret en vertu du merite de sa cause. Ils ont estè informez comment nonobstant les obligations qu'il m'avoit de l'avoir employè 7 ou 8 ans durant de luy avoir donnè de l'instruction et de la pratique autant qu'il m'a estè possible en ce qui regarde les Pendules, et de m'estre adressè de mesme a luy cette fois pour le faire profiter de ma nouvelle invention; il a taschè au lieu d'en estre reconnoissant, de s'attribuer l'honneur de cette invention, et ce qui est pis de me faire passer pour plagiaire (car vous scavez Monsieur qu'il vous avoit desia persuadè, comme a beaucoup d'autres, que la chose luy appartenoit, et que je voulois me l'approprier). Et quand on scait tout cela il est aisè de juger qui de nous deux a tort dans cette rencontre. Pour revenir au project de lettre de Thuret je vous diray Monsieur qu'outre les faussetez que j'ay desià remarquees, il me deplait encore fort en ce qu'il commence par dire dans cet escrit pour justisiser du procedè qu'on l'accuse d'avoir tenu a mon egard, supposant par la qu'on l'a accusè a tort. C'estoit bien assez de dire qu'il escrit pour tascher de se justifier, et encore ne scay je pas comment il s'y prendra, [s'il est tenu]Ga naar voetnoot2) s'il faut qu'il ne dise rien que de vray. Cela fait qu'au lieu de reformer son projet je crois qu'il vaudroit mieux de l'obliger a suivre celuy que vous luy avez envoiè, et dont vous eustes la bontè de me dire le contenu a vostre dernier voiage. Il le peut sans se faire tort, et il n'en doit pas faire difficultè s'il veut que je reste satisfait. J'espere que ces personnes illustres qui daignent prendre connoissance de cette affaire, auront assez de bontè pour moy pour ne m'obliger point a accepter de composition que celle qui n'interessera pas mon honneur, et pour cela je les supplieray encore treshumblement de ne point vouloir qu'en consequence de la satisfaction que me donnera Thuret, je luy accorde quelque preference par dessus les autres gens de son mestier, comme Monsieur Perrault m'a dit qu'il avoit osè pretendre, parce que sans compter le tort que cela feroit a ces autres ouvriers, l'on ne manqueroit pas de l'interpreter a mon desavantage et comme une reconnoissance de sa juste pretension a l'invention. Je vous prieray Monsieur en finissant d'aider a máinte- | |
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nir mes interest aupres de Monseigneur Colbert et de l'assurer qu'apres tout je me remets entierement a ce qu'il luy plaira d'ordonner; ne pouvant assez le remercier de ce que par sa protection il m'a empeschè dans cette assaire de recevoir le plus sensible deplaisir qui pust jamais m'arriver. [Je vous demande pardon de l'importunité de cette longue lettre]Ga naar voetnoot3). Je vous demande pardon de la longueur importune de cette lettre et suis
Monsieur
Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Hugens de Zulichem. |
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