No 1824.
Christiaan Huygens à [du Hamel?].
4 février 1671.
La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
A la Haye ce 4 Fevrier 1671.
Monsieur
Je vous rends graces tres humbles des observations que vous m'avez fait avoirGa naar voetnoot1) de nos voiageursGa naar voetnoot2). Il est vray qu'elles ne respondent nullement a ce que j'en avois attendu, mais elles ne me font point desesperer pour cela de l'utilitè des Pendules sur mer, puisque le mauvais succes de cette fois, a ce que je puis juger, procede plus de la nonchalance des observateurs que du deffaut des Horologes. Je ne scaurois croire si non que l'agitation de la mer ait abbatu Monsieur Richer peu accoustumé a cette fatigue, ou bien que l'air marin fasse generalement quelque mauvaise impression sur l'esprit des gens, car sans cela je ne puis concevoir pourquoy il a si mal a propos, et sans raison, abandonnè l'essay pour lequel il estoit envoyè. Il scavoit premierement, ou devoit scavoir, qu'en adjoutant un peu de plomb aux contrepoids durant la tempeste, cela pouvoit empescher les horologes de s'arrester, en donnant aux pendules des vibrations un peu plus amples. Mais ne l'ayant pas fait, ne devoit il pas, lors que l'une des deux s'arrestoit, avoir soin de la remettre en mouvement et l'accorder sur l'autre au lieu d'attendre, comme il a fait, 10 ou 12 heures apres, que cellecy s'arrestast aussi? L'on a 2 horologes pour eviter cet inconvenient; parce que ne pouvant guere arriver qu'elles s'arrestent toutes deux en mesme temps, il est aisè de faire en sorte qu'il y en reste tousjours une en mouvement. Et l'on peut bien prendre cette peine pendant que dure la grande emotion de la mer, car en d'autres temps on a assez eu d'experiences que les horologes ne s'arrestent point, ayant mesme resistè plus d'une fois aux plus grandes tempestes. Mais supposè que dans ces mouvements extraordinaires il n'y
eust pas moien de les empescher de s'arrester ni l'une ni l'autre, encore ne faloit il pas pour cela abandonner les observations qui se pouvoient faire dans la suite du voiage et au retour; et il y a un article exprès dans les instructions que j'ay donnees, ou j'ay montrèGa naar voetnoot3) comment on se peut servir utilement des horologes, mesme apres que par quelque hazard elles ont discontinuè toutes d'aller.
Mais je vois que, bien loin d'y avoir egard, on les a si entierement negligees, apres le deuxieme accident arrivè qu'on les a laissè se gaster et ruiner, faute de mettre un peu d'huile aux genoux qui les tiennent attachées. Car Monsieur Richer