Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

[p. 420]

N^o 1728.
Christiaan Huygens à F.W. de Nulandt.
26 avril 1669.

La lettre a été publiée par F.W. de Nulandt dans ses ‘Elementa Physica’¹⁾.
Elle est la réponse au No. 1705. F.W. de Nulandt y répondit par le No. 1736.

Extrait de la lettre de Monsieur Christiaen Huygens.

Paris 26. Avril 1669.

Pour ce qui est de vos remarques sur les Principes de Monsieur Des Cartes, je croy que la partie qu'on en peut combattre, avec plus d'utilitè est la Physique. Car la dispute touchant les Idees & de l'existence de Dieu par la voye qu'a pris Monsieur Des Cartes est tres-obscure à mon avis, & l'on ne sçauroit rien dire de convaincant en ces matieres. Mais je verray avec plaisir vos preuves que vous promettez touchant l'infini, & le centre esgalla²⁾ Circonference.

Je suis bien de vostre opinion, en ce que vous ne voulez pas que la duretè se puisse separer de la nature du corps. Et Monsieur Des Cartes en soutenant le contraire, & ne faisant consister le corps que dans l'entendue³⁾, j'ay toujours conçeu que ce que j'entens par le vuide en⁴⁾ la mesme chose que ce qu'il dit estre corps.

En ce qu'il a escrit du mouvement il est certain qu'il s'est aucunement contraint

1) Cet ouvrage, très rare, se trouve à Gotha dans la Bibliothèque Ducale et porte le titre:
Elementa Physica, sive Nova Philosophiae Principia, ubi Cartesianorum Principiorum falsitas ostenditur ipsiusque errores ac Paralogismi ad oculum demonstrantur ac refutantur. A Francisco Wilhelmo Libero Barone de Nulandt Ordinis Sancti Joannis Hyerosolimitani Equite, Commendatario in Rotweil, Insulae Gaulitanae Proprincipe, Regiae Majestatis Hispaniarum nec non Serenissimi Electoris Brandeburgici Vice Tribuno, Domino in Winterberg, &c. Hagae-Comitis, Ex Officina Levyn van Dyck, m.dc.lxix. in-12^o.
On y trouve cette lettre à la fin de la ‘Praefatio’.

2) Lisez: esgal a la

3) Lisez: estendue.

4) Lisez: est.

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pour eviter que sa Philosophie ne fut pas condamné a Rome pour avoir supposé la Terre mobile, ce que paroist par une de ses Lettres au Pere Mersenne. Cependant cette matiere du mouvement est tres-difficile a expliquer, & je ne m'y suis pas encore entierement satisfaict quoy que je l'aye fort estudiée; & trouvè beaucoup de nouvelles verités auparavant inconnuës comme entre autres ce⁵⁾ regles de percussion quand les corps se rencontrent, que j'ay données dernierement dans le Journal des sçavants⁶⁾. Je seray bien aise de sçavoir quelles estoient les vostres que vous promettez.

Ce que vous dites contre le mouvement Circulaire c'est a dire de la tendence du centre, me paroist fort Paradoxe car a ce que j'ay pu comprendre, c'est la nature du mouvement mesme, qui fait que les corps s'eloignent du centre par la Circulation & non pas la figure du canal ou autre accident comme vous dites. Et je vous prie de me dire, si ce que vous adjutez, touchant un canal figurè en sorte qu'un corps qui est portè dedans circulairement s'approche avec rapiditè du centre, est une chose que vous ayez exprimentée.

Je vous baise les mains, & suis sans reserve, &c.

5) Lisez: ces.

6) Consultez la pièce N^o. 1716.