Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

[p. 134]

N^o 1593.
Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens.
22 juillet 1667.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.

A Paris ce 22 Jul. 1667.

Ie n'ay rien receu par le dernier ordinaire et n'ayant pas de quoy vous entretenir je vous envoie seulement cette enclose pour Mon Pere, que le bon Abbè de Villeloin¹⁾ m'a apportée avec un nouueau livre de sa façon, qui est une version en vers françois²⁾ des Catalectes de Scaliger³⁾, aussi pauvre qu'il y en eut jamais. I'envoieray ce livre par la premiere occasion, qui pourroit bien estre celle du depart de Monsieur van Beuningen et je voudrois bien scavoir si le Signor Padre trouve bon que je hazarde en mesme temps le portrait de Ludovicus XIV. Ie ne scay si je vous ay mandè ou au frere de Moggershill que le Roy à acheptè tout le cabinet dudit abbè, et qu'il est ceans sous la garde de Monsieur de Carcavy. Il en a eu 27 mil livres qui n'est pas tant qu'il luy a coustè mais il semble qu'il a eu plus a faire d'argent que d'estampes.

Souvenez vous de l'attestation⁴⁾.

A Monsieur

Monsieur L. Hugens chez

Monsieur de Zulichem &c.

A

la Haye.

1) Michel de Marolles, abbé de Villeloin, fils du capitaine Claude de Marolles, naquit à Marolles le 22 juillet 1600 et mourut, le 6 mars 1681, à Paris. Déjà en 1619 abbé de Baugerais, il entra à Paris dans une société de savants illustres et obtint en 1626 l'abbaye de Villeloin, qui rapportait six mille livres de rente. Il s'y composa, à partir de 1644, une belle et unique collection de 123000 planches de plus de 6000 maîtres, en 400 grands et 120 petits volumes, dont il publia un catalogue en 1666; il fut contraint de les vendre à Louis XIV. Depuis, il se sit une seconde collection, dont le catalogue parut en 1672. Il a écrit plusieurs ouvrages, surtout des traductions des anciens.

2) Catalectes ou pièces choisies des anciens poètes latins, depuis Ennius et Varron jusqu'au siècle de l'Empereur Constantin; traduits en vers par l'Abbé de Marolles. Paris. 1667. in-8^o.
Edition assez rare, aux frais de l'auteur, ‘pour faire de petits presens à ses amis, qu'il honorait parfaitement’.

3) Catalecta Virgilii & aliorum Poëtarum Latinorum veterum Poematia. Cum Commentariis Josephi Scaligeri Jvl. Caes. Fil. Lvgdvni Batavorum, Apud Ioannem Maire. 1617. in-8^o.

4) Consultez la Lettre N^o. 1594.