Oeuvres complètes. Tome III. Correspondance 1660-1661
(1890)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 865.
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dont je n'ay pas retenu le nom, qui me monstra la lettre que vous lui aviez escrite, et s'offrit a vous envoyer celle-cy. Je vous suis infiniment obligè Monsieur de ce que pendant vostre voyage vous vous estes souuenu de moy, et m'avez quelquesfois honorè de vos lettres, car l'on m'a assurè qu'outre celle du 9 Avril escrite de DanzicGa naar voetnoot2), vous m'en aviez adresse encore uneGa naar voetnoot3) auparavant, la quelle ne m'a pas estè rendue. Cette autre dont je parle me fut envoyée a Londres, ou j'ay fait un sejour de 2 mois. Apres avoir vû tous vos Illustres de Paris, j'avois envie d'apprendre ce que faisoient ceux d'outremer, ou je connoissois aussi quelques personnes sçavantes, que l'on disoit avoir instituè une nouuelle academie, pour l'avancement de la Philosophie naturelle. J'ay trouvè en effect plusieurs habiles gens et qui prennent fort a coeur cette nouuelle institution, a la quelle ils cherchent quelque fonds certain, et cependant contribuent eux mesmes pour avoir de quoy faire des experiences en toute matières. Entre autres ils ont de grands desseins pour perfectionner d'avantage les lunettes d'approche, et d'en faire de plus longues que jusqu'icy. Ils en avoyent de 31 pieds, mais qui ne faisoient pas tant d'effect que les mienes de 22, car nous les comparames ensemble. C'est pourquoy ils ont estè bien aises que je leur aie enseignè tout ce que je scay dans la pratique de cet art; avec quoy ils esperent d'en produire bientost de 60 et 80 pieds. Vous ne me mandez pas si vous avez eu avec vous le verre que vous avez de ma façonGa naar voetnoot4), et si vous l'avez comparè avec ceux de Monsieur Hevelius, qui sans doute en a aussi de fort excellents. Pour ce qui est de la magnificence et beautè de ces instrumens pour les observations celestes, quoyque j'en aye estè tres persuadè il y a longtemps, je suis pourtant fort aise de le veoir confirmer par une personne aussi connoissante que vous, et je n'auray pas peu de questions a vous faire touchant tout cela quand j'auray le bonheur de vous revoir icy. Si le chemin n'estoit pas si extremement long, je vous assure que j'aurois tres grande envie d'aller rendre à Monsieur Hevelius la visite que vous dites que je luy dois. Cependant je reverre de loin son grand scavoir et industrie, qu'il accompagne d'autres belles vertus, ainsi que vous le scavez par [vue?]Ga naar voetnoot5) et je me croy heureux d'avoir quelque part dans son estime. En retournant, si vous passez a Danzic, n'oubliez pas je vous prie de luy faire mes tres humbles recommandations. Je ne sçay si vous aurez encore estè avec luy le 3 May, pour observer ensemble la conjonction de Mercure avecq le ☉, je la vis a Londres avec quelques autres au logis du bon faiseur de lunettes appellè Reeves, et ce fut justement le jour du couronnement du Roy. Les nuees nous empescherent de la considerer tout | |
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du long, et n'eusmes qu'une demie heure de temps, a sçavoir depuis hora 1½ jusqu'a hora 2. quelques autres qui avoient aussi fait des preparations n'en virent rien. Mais les nostres n'estoient pas telles que je les souhaittois, car nous regardames seulement le disque du soleil a travers le telescope, sans le faire venir dans une chambre obscure, parce que dans ledit logis il n'y en avoit point qui y fut propre. Voicy dans ce bilietGa naar voetnoot6) ce que nous en avons veu, et si vous avez quid rectius istis, je vous prie que je voye combien j'ay failly, car ne croyez pas que je donne cette observation pour tres exacte. Que je sache aussi s'il vous plait ce que vous auez remarquè de la comete du mois de Febrier. l'on m'a dit que Monsieur Hevelius en a fait diverses observationsGa naar voetnoot7). Je croy que CecheliusGa naar voetnoot8) luy aura communiquè la siene. En France personne n'a pu veoir cet astre. En Angleterre j'ay ouy parler d'une observation de Parelie que Monsieur Hevelius auroit faite, ou il y avoit 7 soleils. Rien au monde me seroit plus agréable que d'en pouuoir avoir quelque exacte description, comme sans doute il en a faites. Je suis de tout mon coeur
Vostre tres humble et tres obeissant serviteur Chr. Huygens de Zulichem.
Je ne manqueray pas de faire vos baisemains a Monsieur Hudde quand je le verray icy ou a Amsterdam. Il me semble que vous me priez d'en faire autant à Monsieur Heinsius ce qui sera donc par lettres, car il y a plus d'un mois desia qu'il est en Suede. |
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