Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens6917. Aan prins Willem III4). (K.A.)Dans l'incertitude où nous sommes en quel endroit et avec quelle seureté | |
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nos postes pourront atteindre V.A., je ne puis laisser de me decharger de ces pacquets, y en ayant un, adressé à quelque clercq de la secretairie, où on me dit qu'il y a des lettres de M. le comte de Waldeck1). Dans celle d'Orange V.A. verra, comme les choses y sont encor assez en mesme estat. Le S.r de Lubieres m'escrit en particulier que jusques à present toutes les menaces contre le chasteau sont vaines, le comte de Grignan2), qu'on disoit avoir ordre de l'attaquer passant par Orange en personne, ayant donné à connoistre, qu'il n'avoit receu aucun ordre là dessus du Roy, depuis la lettre de M. de Louvoy3), et qu'au contraire il s'en alloit en Provence pour visiter, par ordre du Roy, les places maritimes de ceste province, et pourveoir à la seureté de ces costes. Ce n'est pas pourtant qu'on puisse s'endormir là dessus, parce que d'autres ordres pourroyent soudainement arriver sur les plaintes et instances qui sont faictes journellement au Roy par le comte d'Auvergne4) et le cardinal de Bouillon5), auxquels il tarde d'estre absolument maistres du chasteau, pour ainsy gouverner Orange à leur poste. Pour detourner celà, on est après à faire comprendre à la comtesse d'Auvergne6), que mieux luy vault de recevoir nettement les quartiers de la ferme d'Orange à Paris, que de faire exiger le revenu par ses agens, en quoy faisant elle ne jouïroit que malaysement de 30000 £ par an, à cause de plusieurs embaras et fraix qu'elle rencontreroit en ceste perception. Le mesme S.r de Lubieres auroit bien envie de se rendre aupres d'elle pour ce subject, comme tousjours ces Messieurs sont aspres apres des envoys et commissions, mais pour eviter ceste depense, un sçavant sujet de V.A. et de la religion, servant d'apothicaire à Monsieur frere du Roy7) à Paris8), y travaille avec zele pour le bien de sa patrie et l'interest de V.A., et avec apparence de succès. Si cela reuscit, s'ensuivra que tout le gouvernement demeurera à V.A., que le chasteau continuera de maintenir son autorité et, ce qui est de plus important, que les archives qui s'y gardent seront sauvées de la main estrangere, d'où Dieu sçait quand on pourroit jamais les retirer. Cependant il vous faict mal au coeur de veoir V.A. obligée d'aller mettre un revenu de 44900 livres entre les mains de l'occupateur, sans tenir d'où se dedomager par represaille. Car pour ce marquisat de Berghe, dont le revenu est presque tout absumé en hypotheques, personne de nous n'en comprend les mysteres, et entretemps9) nous craignons tousjours, que si on void V.A. disposer des charges qui en dependent, on n'en fasse tout autant à Orange qui seroit tout gaster. A la Haye, ce 25e Octob. 1673. |
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