Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6916. Aan prins Willem IIIGa naar voetnoot2). (K.A.)aant.Ce sera icy la derniere importunité que j'oseray donner à V.A. sur le sujet de ce present à Bruxelles. Il m'est venu en teste, qu'il pourroit y avoir moyen de gaigner temps et de sauver ceste depense en argent à V.A. et que parmis sa propre vaisselle il se pourroit trouver quelque piece de peu d'usage et applicable a telle occasion. J'y ay donc fait peser, entre autres choses, les quatre pieces de vermeil doré dont la liste va cy joincte, toutes bien un peu enviellies, mais toutes se pouvant recolorer, à la maniere des orfebvres, en sorte qu'elles paroissent toutes neufves. Brechtel a mis à costé de chascune le prix qu'elles peuvent valoir à peu près. La derniere, qui a esté le present de la baronnie de Herstal, revient à peu moins du prix que V.A. a ordonné pour ce present, et est une grande ovale de belle apparence. La premiere est de manufacture allemande de bas alloy, donnée au baptesme de Monseign.r le Prince, pere de V.A., par le Roy de Boheme, piece legere en son espece, et où il faudroit encor de la reparation pour quelques soixante francs. La 2e, venue du quartier d'Arnhem, est encor moindre et faudroit que la redorure de l'aiguiere coustast 120 francs. La 3e est de manufacture françoise, et d'autant meilleure, mais excedant la valeur determinée par V.A. d'entre 5 et 600 francs, à quoy, peut estre, elle ne s'entendra pas. C'est icy pour l'espargne de la boursse; si c'est que V.A. ne la veut pas considerer, mon advis seroit, qu'un bassin et aiguiere simple de vermeil doré, et sans ces histoire figureés - qui emportent un tiers de la somme - montant au prix de V.A., seroit bien le present le plus aggreable au donataire, et digne du donateurGa naar voetnoot3). J'attendray finalement ce qu'il plaira à V.A. de m'en commander, sans plus luy en rompre la teste. | |
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Il sera plus que temps, s'il plaist à V.A., que le commandement au chasteau d'Orange soit soulagé de quelque chose d'approchant au project que nous en avons formé. J'apprehende cependant tousjours, que si la negociation qu'en suitte des ordres de V.A. on a entamé avec le procureur du comte d'AuvergneGa naar voetnoot1), ne s'acheve pas, il viendra à bout de son dessein, qui est de se faire vuider le chasteau par force, et qu'enfin cela pourra attirer la demolition de ce qui reste encor de ceste maison, qui, en effect, seroit un grand malheur pour V.A. et son Estat, dans lequel le respect et la justice ne seroit jamais bien absolue, si la force du chasteau, quelconque elle puisse estre, venoit à manquer. Depuis l'absence de V.A. on persecute icy les heritiers de feu le S.r de S.t AnnelandGa naar voetnoot2) par arrests de leurs personnes et seellements de leurs maisons et meubles. Mesmes en est on venu si avant, que M. le raedpensionnaire FagelGa naar voetnoot3), trouvant le Conseil d'Estat et la Generalité mesme trop portée à la justice, et à vouloir entendre les griefs desdicts heritiers, avant que de les condamner et executer pour la somme de six a sept millions, a posé et procuré, que la Hollande separant ses interests d'avec les autres Provinces, poursuive l'execution à outrance pour sa portion; chose, que tout le monde decrie comme non seulement inouie, mais aussi directement repugnante à l'Union des Provinces, parmi lesquelles il fut hier dit à l'assemblée de Hollande, qu'il y en a qui disent, que si ce desordre est mis en train, ils prendront par le collet tous recepveurs et financiers d'Hollande qui viendront à passer par leurs quartiers. Tant y a que par ce conflict ces maisons oppressées, dont celle de mon beaufils faict une cinquiesme part, se trouvent occupées d'une foule de huissiers et messagers de deux divers partis. Qui est chose qui proprement ne touche pas les interessez, mais telle en sa nature et en sa consequence, que les plus sensez jugent, que si V.A. se trouvoit icy, il seroit temps qu'en vertu de l'authorité qui luy est deferée, elle y mist le holà, comme en telles altercations des Provinces entre elles nous avons veu les Princes gouverneurs travailler souvent et au grand bien de l'Estat. Pour l'interest desdits particuliers, qu'on a dessein de ruiner de fonds en comble par provision, pour apres cela les entendre plaindre et plaider en chemise, n'estant question que d'entendre en peu de jours leurs griefs, contre la bestise de ceux de la Chambre des comptes, les grossieres erreurs desquels le Conseil d'Estat a observé et publié en partie tout hautement, tous les gens de droit soustiennent que ce seroit à V.A. comme chef de la justice, à ne souffrir pas qu'elle leur fust deniée. Mais le malheur est, que les plus urgentes occupations de V.A. nous la tienent esloignée, et cependant le juste et l'innocent patit dessous une barbarie dont il n'y a homme de mon aage ou païs, qui se souvient d'avoir veu la pareille. A la Haye, ce 21e Oct. 1673. |
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