Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6914. Aan prins Willem III. (K.A.)aant.En suitte de l'honneur que me faict V.A. d'aggreer que je pense à quelque chose de plus propre à presenter à ce conseiller de Bruxelles, j'ay consideré, que n'ayans encor aucun veritable portraict de V.A. nous serons longtemps à en faire produire un bon, soit en miniature ou en huile, et plus longtemps encor à le faire copier en esmail, n'y ayant icy qu'un petit François nain et bossu qui en sache aucunement le mestier, que tout cela emportera une si bonne part de ce que V.A. destine à ce present, qu'à peine en restera il pour un peu mediocrement border ce portraict de pierrerie digne de partir de la main de V.A. Outre que dans la longueur du travail de tant de mains toute la grace et la nouveauté s'en ira perdue. Enfin me semble, si V.A. peut approuver que cest argent soit employé à quelque piece ou pieces de vaisselle, on en pourroit emplir un panier qui feroit bien plus d'esclat qu'un portraict garni de petits diamans, ou mesme qu'une bague seule, que tous les hommes n'ayment pas à porter. Il resteroit de veoir, si ce seroit un bassin et | |
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aiguyere d'argent blanc avec quelques deux souscouppes - dont l'usage est ordinaire en Brabant comme en Espagne - et quatre flambeaux, ou bien plustost un seul bassin et aiguiere de vermeil doré, ciselé aux armes de V.A. et d'un poids et grandeur eminente et convenable à celle du donateur. Je voy que les plus entendus enclinent à ce dernier. V.A. ordonnera, s'il vous plaist, à quoy je doibs me determiner, et à quel orfebvre m'adresser. Le plus grand maistre et le plus capable de tel ouvrage est le vieux Brechtel, et n'y en a point qui luy soit comparable, mais, comme je croy qu'il est encor en arriere de quelqu' argent au thresorier de V.A., je ne scay comment il y aura moyen de l'engager de nouveau, à moins que de luy faire taster à la main les asseurances de son payement, sans quoy mesme pas un des moindres ne s'y voudra resoudre dans le temps où nous sommes; comme en effect, sans compter la façon du travail, ils ne peuvent avoir la matiere qu'à beaux deniers comptans, de sorte que ce n'est proprement que de l'argent changé de forme et comme remonoyé. Par ce dernier ordinaire il est venu des lettres d'Orange que j'espere que V.A. aura eu loisir d'ouvrir. Elle sçait, que desormais on ne touche plus rien du revenu. Cependant la garnison, reduitte pieçà au nombre ordinaire, ne peut subsister de rien. Quelques officiers, encor des moins aysez, ont esté content de se saigner pour subvenir à la derniere necessité, et le ministre Chambrun mesme ne s'est pas voulu espargner d'y faire valoir son credit. Maintenant que tout cela vient à cesser, le S.r de Berckhoffer, comme vostre Alt.e verra dans sa lettre, avance un moyen de financer à credit, que tous nos Messieurs trouvent pratticable et le plus expedient par provision. Je joins icy le project d'une authorisation dont il auroit besoin pour cest effect. S'il plaist à V.A. de l'aggreer, ce sera s'exempter des importunitez de ce costé là pour quelque temps, quoyque peut estre la charge de ceste garnison ne durera guere à V.A., le procureur du prince d'AuvergneGa naar voetnoot1) travaillant sans cesse à faire envahir le chasteau afin de s'y enthroner à son ayse. Messieurs du Conseil ont desiré que j'eusse l'honneur en particulier de representer cecy à V.A., craignans que ses tres-grandes occupations luy donnent une aversion des lettres qu'ils se trouvent parfois obligez de luy escrire en corps, sachant bien d'ailleurs qu'elles ne peuvent contenir que des choses peu plaisantes, et auxquelles il est difficile d'absolument remedier. Nous en avons toutefois depesché deux de ceste année, du .....Ga naar voetnoot2) et .....Ga naar voetnoot2) sur lesquelles s'il n'est donné quelqu' ordre, je ne sçay, devant Dieu, comme il sera possible d'eviter la derniere confusion avec des suittes pour le regard de V.A. que je me represente avec un extreme soucy. Pour le premier compte de Noordwijck, il y a longtemps qu'il seroit clos et terminé, ne fust des nouveautez confuses qu'il s'est advisé d'y introduire que nous pensons ne pouvoir admettre sans prejudice de l'interest de la Maison, et tascherons de nous entendre et ajuster là dessus au plus tost. On va vuidant le reste des comptes à mesure qu'ils arrivent. Et ne manquerons nous pas de pousser ce qu'il peut y avoir de proces | |
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qui concernent V.A. et nommement ceux où V.A. se trouve acteur, et peut esperer avantage de l'issue. Ceux des particuliers indecis par devant ce Conseil sont assez poussez par les parties interessées, et font une bonne partie de nos occupations. Sur ce qui est du present dont dessus, j'attendray de la grace de V.A. qu'elle daigne me faire sçavoir sa volonté. Nous voudrions fort la sçavoir aussi sur le sujet des tiltres de V.A. à raison de ce qui s'en parle partout. J'ay assez vescu, pour n'ignorer pas, qu'en des choses de ceste nature le valet ne peut rien alterer sans ordre du maistre. A la Haye, ce 12e Oct. 1673. |
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