Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6913. Aan S. ChiezeGa naar voetnoot2). (K.A.)Vostre derniere du 13e Sept. m'a porté le dernier de vos tonos, et je suis fort content que ce soit le dernier, jugeant de plus en plus, à quel point de bestialité ces mi-Africains sont parvenus. Qui a jamais ouy nommer un villancico - que je pourroy nommer une gigue ou vaudeville - al santissimo Sacramento? Et puis, au lieu d'un motet ou piece d'eglise des plus graves, aller faire rouler cela sur un fa, la la la la. Quel diable a tourné l'esprit de ces nepveux de Seneque, de Lucain et de tant d'autres lumieres de l'antiquité? Mais ce bel air me faict souvenir de ce qu'un jour des soldats mendians du chasteau d'Anvers me conjurerent de les venir veoir le lendemain dancer la sarabande devant le santissimo avec les espées nues etc. Est ce enfin que les choses estimées les plus venerables sont changées in histrioniam? Je ne scay, si Mess.rs Chieze et PetitGa naar voetnoot3) ensemble pourroyent maintenir tels ordres de [la] S.te Eglise. Sed haec missa faciamus. J'attendray bien plus avidement vos Calderonneries, où asseurement il se doibt trouver d'excellentes choses. De liste d'autres livres, je ne sçauroy vous en envoyer; je me rapporte à ce que vous mesmes jugerez digne de passer la mer, pour nous divertir. N'oubliez pas de vous faire peindre de cap en pied en habit espagnol, comme asseurément vous le portez; il nous tarde de voir la copie d'un embiadillo de ceste taille, mais bien plus de reveoir l'original. Je ne voy pas, quand ce pourra estre, mais bien, que desormais perfricuerunt frontem, et n'ont plus aucune honte de vous tromper de paroles vaines. Ce qui se pretexte de la liquidation à faire, n'est qu'un amusement de rien; elle est prou faicte, et ne reste que de veoir ce qui est deu et ce qui a este payé, ce que vous sçavez aussi bien que nous. Le language que vous dites qu'il faut tenir à D. EmanuelGa naar voetnoot4) est la meilleure dose que puissions nous appliquer. Mais parmi tant d'allées et venues, sorties et retours de campagne, et la presse immense d'affaires qui en resultent, cela et beaucoup d'autres choses se different ou negligent. Voilà maintenant S.A. prest de monter à cheval avec los hidalgos, quod bene vertat; j'ay beaucoup à penser sur tout cela. Je prens plaisir à veoir que nostre dernier victorieux combat naval est estimé pardelà comme il doibt, et m'estonne cependant, si vos ministres anglois et françois ne s'estudieront encor à masquer ce succez de leurs faussetez ordinaires; jamais n'ont ils eu plus besoin de la dexterité de leurs fourbes gazettiers, ut populo placeant. Vous aurez sceu la | |
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belle et glorieuse prise de NaerdenGa naar voetnoot1), poste des plus avantageux de tout le pais, et que nostre petit cousin Zuerius, que vous avez connu officier, et est a present Seign.r d'OirschotGa naar voetnoot2), le fameux village, n'a pas mal rencontré, comme ces jours passéz se trouvant à Maestricht pour affaires, des François luy dirent qu'en effet par mer nous nous estions assez bien acquittez, mais que par terre mal, et que c'estoyent eux qui estoyent venu nous y apprendre à faire la guerre. Il est vray, dit-il, mais aussi nous vous avons appris quelque chose, qui est de rendre une ville tres-bien fortifiée, munie de trois mil hommes et ne manquant de rien, en quatre jours en presence d'une armée de 15000 hommes. Je revien encor à mes moutons, sive tres capellos, et vous demande le choix de quelque tres-bonne guitarre. La SmithGa naar voetnoot3) m'avoit accommodé long-temps de la siene, avec promesse - voyez ma belle attente - de me la laisser apres sa mort, mais en la retirant m'a faict souvenir du brave connestable Bertrand de GuesclinGa naar voetnoot4), qui à cheval et sur le point de se battre en duel authorisé, se trouvant consolé de par une dame, qui luy fit dire qu'il eust courage, qu'asseurément il en sortiroit victorieux, respondit à l'envoyé: Allez, follet, il n'est moult subtil, qui en femme se fie. Ergo, une guitarre, si vous pretendez m'estre le bienvenu. Pourquoy ne m'avez vous jamais voulu dire quel jugement on faict des pieces que je vous ay envoyées des fa la la de ma façon. Certes, ut pro captu lectoris habent etc. je fay estat que de part et d'autre nous nous estimons egalement, et que m'en chault? ..... A la Haye, ce 3e Octob. 1673. |
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