Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6850. S. ChiezeGa naar voetnoot2). (L.B.)Il y a longtems, Monsieur, que je ne me suis pas donné l'honneur de vous escrire, et je n'aurois pas le courage de le faire presentement, si la promotion de S.A. ne me faisoit revenir en quelque maniere de l'estourdissement, ou m'avoit mis la prise de tant de places, et l'asseurance qu'on nous donnoit icy, qu'avec la prise d'Amsterdam, qu'on supposoit infallible, la Hollande suivroit bientost le destin des provinces d'Overisel, de Gueldres et d'Utrecht; il semble par les avis du dernier courrier, que les choses prendront un meilleur trajet, et si, comme quelques uns se persuadent, l'armée d'Angleterre n'est paru sur voz costes qu'a bonne intention, et que les troupes de l'Allemaigne soyent bientost sur les bords du Rhein, celles de France pourroient bien prendre le chemin de la retraite, et les bons Hollandois demeurer consolez de voir que les malheurs presens de leur patrie leur ont produit un liberateur pour l'avenir, en ouvrant les yeux, et le souvenir à ceux du gouvernement, et aux peuples. La nouvelle de l'eslevation de S.A. en toutes les charges de ses predecesseurs arriva icy huit jours avant les lettres de l'ordinaire par un exprez du comte de Monterey, et me fut donnée en mesme tems par le comte de Peneranda, lorsque personne n'en savoit encor rien. Je ne doute pas que cette nouvelle consideration ne face aller icy plus viste l'affaire de S.A. Lorsque les Generalles seront un peu moins brouillées, et si le succez pouvoit flechir l'Angleterre à la paix, tout iroit à souhait. Les propositions qu'elle fait nous paroissent icy plus exorbitantes et extraordinaires que celles de la France, et à moins qu'il naisse quelque jalousie entre les deux Roys liguez, je ne vois pas de quelle maniere on pourra les contenter tous deux. | |
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Je commence à desesperer de pouvoir trouver vostre Salinas, ne me restant autre diligence à faire que celle de faire visiter les registres de la bibliotheque de l'Escurial, mais il faut pour cella l'occasion de quelque homme entendu. J'en prieray M.r l'ambassadeur PaetzGa naar voetnoot1) ou quelcun de sa suitte, lorsqu'il en faira le voyage. Ce ministre m'a fait beaucoup d'amitié, et tesmoigne beaucoup de bonne volonté pour S.A., de laquelle il se loue doublement, s'esprenant (?)Ga naar voetnoot2) que par sa prudence, et par un premier coup d'essay de la charge de stadhouder, ce Prince fait taire los abotinados de Rotterdam. Je prie Dieu, Monsieur, qu'il conserve vostre personne, et toute vostre famille parmy tant de desordres, et qu'il me face la grace de vous revoir tous en santé, et le pays en repos. A Madrit, le 4 Aoust 1672. |
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