Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6795. S. ChiezeGa naar voetnoot2). (L.B.)aant.Je ne scay pas, Monsieur, si suivant vostre pronostic cette lettre vous trouvera de retour à la Haye, ou s'il faudra qu'elle aille encor vous chercher à Londres. Quoy qu'il en soit, je souhaitte qu'elle ne soit pas si longtems en chemin que l'a esté la vostre du 26 Mars que je n'ay receu que le 9 de ce mois. Vous aurez veu du despuis par mes precedentes du 18 Mars et 15 AvrilGa naar voetnoot3), combien vigoureusement Mons.r de Beverning poussoit l'affaire de S.A., et vous serez surpris d'apprendre par celle cy que toute cette vigueur jointe aux fortes sollicitations de l'Angleterre n'a produit pour encor qu'un grand silence du costé de ces gens icy, qui estudient apparemment quelque meschante raison pour pallier envers M.rs les Estatz et le public leur injuste procedé. Ils ont fait entendre à M. l'ambassadeur par la bouche du connestable et du secretaire d'estat, que S.M. avoit des contrepretensions envers S.A. Et comme cella est chimerique, n'y ayant dans les traittez de Munster et de la Haye la moindre clause de reserve du costé de S.M., ils n'osent pas en dire davantage, de peur de se descrier par un procedé si ridicule, et d'irriter faute de preuves les puissances qui s'interessent si serieusement pour S.A. Mais comme d'un autre costé leur silence passeroit pour mespris, je crains, suivant la pensée de Mons.r l'ambassadeur, qu'ils ne meditent quelque response qui, mettant dans le doute Messieurs les Estatz ou du moins servant de pretexte à ceux d'entre eux qui ne sont pas bien intentionnez pour S.A., n'embarrasse son affaire. Et c'est par cette raison que M.r l'ambassadeur est d'avis de laisser dormir ces gens icy, plustost que de les presser extremement pour une response, se contentant pour ne leur faire pas craindre quelque arrierepensée, d'envoyer de tems à autre son secretaire aux ministres, et de faire de diligence ordinaire pour demander response aux divers memoires qu'il a presentez à la Reyne. Il me semble, Monsieur, que je vous en ay envoyé copie avec celle du memorial de M.r de Godolphin, et je vous envoyerois presentement celle de la forte lettre que M.r de Beverning escrivit il y a quelque tems au marquis de la Fuente, si je ne | |
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vous croyois maintenant pres de S.A. à qui j'ay adressé toutes ces copies. Tout mon chagrin a esté de voir M.r de Godolphin hors d'estat de pousser sa pointe, comme il avoit resolu, car approprié, comme il dit, au genie de cette cour, et intime amy du comte de Peñeranda, il auroit avec sa douceur insinué les mesmes choses qu'il a esté bon que M.r l'ambassadeur dit con superciglio. Mais ce second acteur m'a manqué au besoin par une maladie qui ne finira pas si tost apparemment. Enfin, Monsieur, on n'est que trop esclaircy que ces gens icy ne fairont jamais rien par amitié; il est certain aussy que la crainte peut tout sur leur esprit, et pourveu que la conjoncture presente ne lie les mains à Mess.rs les Estatz, si sur le rapport de M.r de Beverning, et suivant l'opinion qu'il a, ils se mettent en chemin de faire justice à S.A., alors le ministre d'Espaigne pourra sortir de son proffond sommeil, et surtout si l'Angleterre fait quelque demonstration de son costé. Autrement il n'y a rien à esperer icy, et ce triste succez pourra bien vous faire tracer la devise dont vous me flattez. Le corps est bien, graces au ciel, la volonté encor meilleure, mais, ou les geants ne peuvent atteindre, un pygmée comme moy, totus moduli bipedalis, ne peut que jetter son bonnet. - J'ay fait voir à M.r l'ambassadeur l'article de vostre lettre qui le regarde; il prettend, dit il, estre à LockhorstGa naar voetnoot1) assez à tems pour vous y recevoir, resolu de partir d'icy le 8e de Juin. Don Emanuel de Lira, envoyé extraordinaire de cette Couronne vers Mess.rs les Estatz, partit d'icy Samedy, 9e de ce mois, avec sa petite Espagnolete, fille de Don Diego de la Torre, secretaire d'estat. Il est tres galant homme et les caresses qui luy seront faites par S.A. porteront coup icy sans doute. Madrit, le 13 May 1671. |
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