Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6780. S. Chieze. (L.B.)Je ne tiens nullement contre des lettres que le devoir et l'inclination m'obligent de vous escrire, mais suivant la reverence du pays pongo ençima de mi cabeza telles que vous avez la bonté de m'escrire, et je garde ces marques de vostre bienvueillance pour les archives de ma famille. Celle du 3e du mois passé y aura la bonne place, et je vous rens tres humbles graces de l'honneur que vous me faites de vous souvenir de moy, parmy les caresses de vostre domestique. Je ne doute pas que l'absence de l'illustre Don Christiano et la perte de la veuë de Mad.e de S.t AnnelantGa naar voetnoot2) n'ayent bien moderé vostre joye, et je ressens pour vous le dernier accident, puisque l'autre est reparable à toutes les fois qu'il vous plairra. Vous avez grande raison, Monsieur, de vous indigner contre les meschantes subtilitez et les lourdes defaites de ces gens icy. On me fait esperer qu'ils marcheront à l'avenir de bonne foy, et je leur preche en termes tres francs, et peu mesnage la necessité qu'il y a d'entretenir dans quelque confiance un Prince qui leur peut estre utile. Ils avouent cette verité, mais nous verrons dans peu de jours s'ils s'apliqueront comme il faut de pratiquer mes leçons, et demain on doit consulter le memorial que j'ay presenté à la Reyne dont j'envoyay il y a quelque heure le projet à S.A.S. Je vous envoyeray l'ordinaire prochain une copie en espagnol. Pour pousser encor plus les ministres à donner prompte satisfaction à S.A. je mettray en jeu Mess.rs les ambassadeurs d'AngleterreGa naar voetnoot3) qui me font esperer des merveilles. Je ne doute pas que, s'ils ne conviennent point avec cette Couronne, ils ne mettent parmy leurs griefz l'affaire de S.A. et le peu de cas qu'on aura fait icy de l'intercession du Roy leur maistre. Mais s'ils viennent à un traitté, je crains qu'ils ne nous laissent en arriere avec de simples offices, sans effect. J'ay tousjours creu que dans toute cette levée de boucliers de la France, et cette pretendue ligue qu'on suppose, les Anglois seront les plus fins; leur conduite presente est de donner des alarmes à cette cour et de la mettre en defiance, afin de les engager à s'unir avec eux à haut prix. Et mesmes ils font courir le bruit de l'accommodement de la France et de la Hollande, quoyqu'il y ayt peu d'apparence | |
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qu'une affaire de cette nature se fut conclue en peu d'heures. Enfin, Monsieur, je ne tiens ma veue fixe que du costé de la Hollande, car c'est dela, et de la consideration de S.A.S. que doit venir le salut de nostre pretension, et que chascun croit que la promotion de S.A. operera beaucoup. Et je n'en doute pas. Despuis cette nouvelle les ministres ont priz tout un autre ton, et le comte de Peñeranda me fit hyer les plus belles protestations du monde accompaignées de conseilz et admonitions dont pour l'establissement de sa fortune S.A. se devoit conduire pardela. Ils s'excusent tousjours de leur retardement sur celluy des responses du comte de Monterey, mais à cella je ne scaurois me tenir ou de leur rire au nez ou de leur dire les veritez llanamente..... Madrit, le 20 Janvier 1671. |
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