Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6779. S. Chieze. (L.B.)aant.Je vous souhaitte à la Haye, mais je vous crois encor à Londres, contre les apparences de vostre lettre du 10 Decembre que j'ay leuë dix fois avec joye et admiration. Les affaires, les complimens, les incertitudes de cour et celle de la saison auront bien peu à mon advis vous arrester quinze jours plus tard que la Noel du viel stile. Ainsy sans hesiter j'adresse encor celle cy a Londres, pour vous dire que je ne doute pas que le bon exemple des Anglois n'opere sur les Espagnolz et que par conclusion ces Messieurs ne facent un acte de justice. Il est malaisé, comme vous a dit Mons.r le conte de Molina, qu'ils le facent à deniers comptans, mais j'espere qu'ils donneront dans quelque expedient. Je n'ay pas encor ouvert la bouche sur celluy de l'Amerique, car il faut premierement avoir fixé la somme et fait mouveoir toutes les puissances amies, affin de mettre ces Messieurs à l'estroite, et les obliger à prendre party apres qu'ils auront recognu la debte, et c'est à quoy je butte precisemment, affin qu'à la venue de M.r de Beverning on puisse parler de bonne facon. Le mal est que j'ay à faire à un commissaire infirme, et qui n'a besoin d'aucun pretexte pour tirer les conferences en longueur. Outre qu'ils ont icy une maniere d'agir qui peut naturellement jetter les affaires à l'eternité. Le moindre memoire, le moindre papier qu'on presente, la moindre demy proposition qu'on face à un commissaire, il en fait rapport au Conseil d'Estat, ce Conseil fait sa consulte, cette consulte monte à la Reyne qui fait descendre son decret quant il plait à Dieu, et à Don Pedro Fernandez, secretaire du despeche universel. Me voicy dans le cas, et M.r le marquis de la Fuente ayant donné compte à la Reyne de la teneur des traittez sur lesquels est fondée la debte de S.A., avec le calcul que, pour gaigner tems, je luy avois dressé des sommes pretendues tant en capitaux qu'interestz, nous attendons le decret de S.M. pour aller avant. Je viens dans ce moment de voir D. Pedro Fernandez qui m'a dit l'avoir remis à D. Diego de la Torre, secretaire d'estat. Je verray demain matin celluy cy. Et voila en quoy consiste l'habileté d'un envoyez de solliciter sans mercy, ny mesures, et je deffie tout ce qu'il y a de ministres estrangers dans Madrid de faire par jour plus de chemin que moy, graces à mes quatre mules orangeoises. A quoy si vous joignez l'intervention d'un grand Roy amy, et les offices extraordinaires d'un ambassadeur d'un puissant estat, je cours risque de sortir d'icy sans qu'il y ayt de ma santé en predicament d'un tres habile negociateur. On parle desja de prendre à la charge de S.M. la debte de Madame d'Isenguien, et je ne doute pas qu'à bras ouvertz on ne remette S.A. dans la possession de ce qui luy manque en Bourgongne. Il n'y a que les longueurs de ce subir y baxar qui gastent tout, et comme j'ay tousjours dit, il n'y a autre chose à craindre, sinon qu'on pousse nostre affaire audela des conjonctures favorables, et que cependant la France n'enleve la Bourgongne, et qu'une guerre | |
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n'espuise les expediens. Et c'est à cella que j'ay besoin de la vigueur d'un ambassadeur qui coupe le noeud Gordien. J'attens M.r de Beverning comme le Messie, et sur le demy ordre qu'il m'en a donné je luy ay à demi arresté une maison qui est veritablement pour un homme seul et sans une femme le plus delicieux appartement de Madrid. Il suffit de dire que c'est la maison du feu baron de VattevilleGa naar voetnoot1). J'attens à toute heure de recevoir l'advis de son arrivée à Bilbao ..... A Madrid, le 7 Janvier 1671. |
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