Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6581. DrapierGa naar voetnoot5). (K.A.)Je vous prie d'excuser la hardiesse que j'ay prins de vous escrire ce petit mot de lettre, mais elle est excusable, puisque c'est pour un bon sujet, et puis d'ailleurs que j'ay eu le bien et l'honneur de vous faire un petit compliment en latin dans ma troisiesme classe, lorsque vous esties à Orange, et qu'il vous pleut escouter deux epigrammes declamees par deux jeunes gentilshommes de madite classe, en sorte qu'estant sorti vous dites à la troupe qui vous suivoit: Voila un homme qui parle bien latin, ainsi qu'il me fut raporté par Monsieur de Chambrun et plusieurs conseillers du Parlement. Je vous ay donc fay ces lignes pour vous rafraichir la memoire des bonnes intentions et bonnes inclinations que j'ay eu pour vous, et surtont pour Son Altesse d'Orange, comme je l'ay tousjours fay paroistre dans les troubles de l'Estat aussi bien | |
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que dans la paix. Et pour mieux confirmer ceste verité, c'est qu'ayant jetté les yeux sur les princes et monarques du siecle, je n'en voids point de si genereux, et de si bien eslevé en toute sorte de vertus qui apartiennent à un monarque. C'est pourquoy l'ayant choisi par dessus touts autres, je vous prie de l'asseurer de mes tres humbles services, qui sont de faire entrer tous les ans dans ses coffres dix ou douze mille pistoles, voire vingt ou trente mille si l'on double, ou si l'on triple le travail à tirer l'or et l'argent des metaux par imitation de la nature, que Dieu m'a donné apres plusieurs erreurs ceste annee cy. Si Monsieur Milet, gouverneur de l'Estat et principauté d'Orange, est chargé de tirer des preuves de ma proposition, j'en rendray des tres asseurees en temps et lieu. Et en cas que Son Altesse n'en soit pas curieuse, je vous prie de communiquer une affaire si importante à Son Altesse de Brandebourg, ou à quelque autre prince qui en soit digneGa naar voetnoot1), et de faire en sorte qu'approchant d'estre sexagenaire je n'emporte pas un si rare secret dans le tombeau, mais faites en sorte que moy ou les miens en puissent profiter avant que de mourir, quoy faisant vous obligeres infinement celuy qui se dit ..... D'Orange, ce 22e de Septembre 1666. |
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