Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6485. Aan MiletGa naar voetnoot4). (K.A.)Si on m'a faict justice, vous aurez souvent esté importuné de mes recommandations depuis mon arrivée en ce pais, ce que j'ay creu suffire tant que j'ay manqué de matiere de vous entretenir. Pour ceste fois icy, ayant veu que vous avez un peu remis à nous dire vos sentimens sur ce qui vous a esté | |
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proposé touchant le renforcement du chasteau, je ne puis m'empecher de vous rememorer la reflexion que nous avons souvent faict ensemble sur ce pan de muraille qui est pardessus le toict du corps de garde. Je me suis faict donner le modelle de la maison, que nous avons ici, tres-joli et tres-juste, et me semble qu'on ne peut jamais estre bien à repos, tant que ce mauvais endroict n'est affermi comme il doibt, ce qui se peut si aysement et sans donner ombrage, en bastissant là un logement non seulement pour les soldats, de quoy on a besoin, mais aussi pour le commis, car en mesme temps je voudrois abattre ceste vilaine avance où il loge à present, et qui defigure toute la cour. Je croy que vous vous souvenez bien aussi de l'invention, au moyen de laquelle nous pourrions doucement parvenir à nous munir d'encor un second pont à levis; s'il ne vous en reste point de memoire, je seray bien ayse de vous la rafraischir par occasion. Le menage que vous voyez que nous avons faict en ce qui est de la garnison, est de l'advis de M. le comte de Dona, avec lequel j'en avois beaucoup raisonné à Copet. Il y a de la correspondance entre vous deux; voyez comment vous pourrez vous instruire de part et d'autre. Il est vray [que] les debtes que feu les Seign.rs Princes ont laissé à S.A., et les grandissimes malheurs qui vienent de l'accabler de tous costez par les inoudations dont vous aurez entendu parler, nous portent de plus en plus à la necessité de l'espargne, et nous font fort souhaitter de veoir arriver quelqu'argent de ce miserable Orange, où nous en avons tant envoyé; mais cela ne peut pas tousjours nous dispenser de ce qui se pourroit trouver d'absolument necessaire et inevitable. La muraille dont je vien de parler, me semble aussi de ce nombre et peut estre plus que la force de la garnison, n'y ayant, à mon advis, qu'à se tenir clos et couvert, et surtout à ne manquer point d'intelligence au quartier. [Au] besoin il y aura tousjours moyen de soudainement renforcer sa garnison pour quelques jours, la ville ne manquant pas de gens affidez et assez aguerris, pour rendre service au Prince en telle occurrence ..... A la Haye, ce 17e Dec. 1665. La nouvelle enceinte de muraille que vous souliez proposer ne seroit pas mauvaise, pour enfermer ainsi le chasteau dans la ville, qui à present est ouverte, mais je me represente là dessus, que pour cela le bastiment dont je vien de parler ne laisse pas d'estre necessaire, parce que, comme la ville - ainsi que j'ay dit - peut vous fournir des gens affidez au besoin, elle ne manque pas de l'autre costé de mauvais subjects, qui conspirans ensemble seroyent seuls capables de vous faire un mauvais tour. Ce sont icy mes imaginations, quibus utere mecum, nisi quid tu, docte Trebati. |
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