Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6448. Lord HollisGa naar voetnoot4). (H.A.)aant.J'ay receu avec une tres grande joye celle de laquelle il vous a plu m'honorer; de me voir tousjours dans vostre souvenir ne scauroit que m'en donner une tres-sensible, et qui a esté beaucoup augmentée en apprenant que vous en recevez aussi la ou vous estes; je la vous sonhaitte toute entiere et la et en tout autre lieu, et vous veux asseurer que personne n'y prendra jamais | |
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plus grande part que moy, et que je n'omettray jamais aucune occasion pour y pouvoir contribuer tout mon possible. J'ay veu M. Milet vostre gouverneur qui me fit l'honneur de venir chez moy en passant par icy; je le trouve un tres-honneste homme, bien sage, bien moderé, que quand le Roy vous auroit laissé le choix tout libre, vous ne scauriez avoir mieux choisi; il n'y a que cela à y dire, que vous ne pouviez pas y mettre un de la religion, bien que vous l'eussiez voulu, mais de l'autre costé ce que vous avez tousjours tres prudemment consideré est de grand poix, sc[avoir] qu'il est bon de r'entrer dans le sien, comme l'on peut, et cela principalement quand celuy qui s'en est saisi et qui vous empesche est le plus fort. Ma femme vous baise bien humblement les mains, vous rend tres humbles graces de vostre obligeant souvenir, et dit qu'elle auroit esté toute ravie de vous avoir veu en ceste pompe, entourée de vos gardes, et accompagné de ce grand cortege, ou neantmoins vous ne luy auriez pas donné tant de peur, comme de vous veoir en la Hollande estant vostre prisonniere, ce qu'il faut qu'elle soit, vous scavez, par accord si elle y est menée. Mais helas, sans raillerie, Dieu vueille qu'il n'y ait pas, sinon des prisonnieres, au moins des prisonniers de costé et d'autre et de Hollande en Angleterre, et d'Angleterre en Hollande bientostGa naar voetnoot1), ou plustost je voudrois qu'ils fussent tous prisonniers et point de tuez ou morts. Car s'ils ne sont desjà aux prises, ils n'en sont pas loing, les deux flottes estants en mer, et s'estants allez chercher l'une l'autre depuis quatre ou cincq jours qui sont [les] dernieres nouvelles que nous en avons eues, de sorte qu'il y a apparence que beaucoup de sang sera bientost respandu, et qui pis est, tout sang protestant, ce qu'ils n'ont pas besoing de se tirer eux mesmes, ayants tant d'ennemis qui ne demandent autre chose, et comme auparavant je disois, le diable emporte le menteur, je dis maintenant, le diable emporte celuy qui en est cause, et encore celuy qui n'en est pas marri; cependant je diray aussi que tous Anglois et Hollandois ne sont pas ennemis, car si je ne me trompe bien fort, vous me faictes et me ferez tousjours l'honneur de me croire ce que je suis veritablement, et en sincerité et avec toute sorte d'affection, c'est ..... A Paris, ce 1r de Juin 1665. |
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