Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6442. Aan Lord HollisGa naar voetnoot3). (K.A.)Si je pouvois vous expliquer le grand excès de joye dont ce pauvre peuple icy et toute la noblesse de l'Estat m'a accueilli, V.E. auroit peu de peine à juger de l'extreme oppression qu'ils ont soufferte. Nous en avions sceu parfois quelque chose à Paris, mais ce qu'on ne cesse de m'en conter icy est si avant d'audelà, qu'il y a de quoy s'estonner de ce que la pluspart du monde n'ayt abandonné la principauté, pour fuir la derniere vexation de ce chasteau, soubs lequel il n'y avoit personne dans la ville ou le païs qui pust dormir en seureté, et toute ceste insolence fondée sur le grand esloignement de la cour, à laquelle on scavoit bien qu'il n'y avoit point d'apparence d'aller porter tous les jours des nouvelles plaintes, comme on pourroit bien faire de Paris à S.t Germain Enfin, Monsieur, apres un si rude esclavage je vous supplie de considerer pour quel Moïse liberateur je passe icy. Il est certain que si | |
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j'avois à vivre autant que les acclamations de ces bonnes gens me le souhaittent, je deviendrois inutile terrae pondus, et encor plus incapable de donner de la jalousie à de bons maris que Madame l'ambassadriceGa naar voetnoot1) ne me l'a voulu juger il y a desjà longtemps. Je travaille cependant à remettre en bon estat une infinité de choses que ces derniers desordres ont mis dans une dangereuse confusion, en quoy mon peu de capacité ne trouve pas peu de peine. Mais, avec l'aide de Dieu, j'en viendray à bout, et puis, apres avoir establi et bien instruit M. Milet, que j'attens au premier jour, j'iray achever la coursse qui me reste dans la Franche Comté, d'ou ayant trouvé le Rhin à Basle sequar amnem comitem vers cette malheureuse mer, où je suis si marri de sçavoir que deux puissances maritimes faisans profession de la mesme verité Chrestienne vont se deschirer au gré de leurs enemis communs. Il y aura des coups donnez et receuz, Monsieur, et à diverses reprises - car c'est toute une autre escrime que celle de par terre - tandis que V.E. et moy dirons sur le rivage que le diable emporte le menteur. Je finis volontiers dans ce sage refrain, quand il est question de vous asseurer et à la noble Madame Holles, dont la memoire me sera tousjours en veneration, que je suis de passion ..... A Orange, le 6 May 1665. Si Madame Holles me voyoit marcher icy à la teste d'une grande suitte de gens avec ma garde de sept ou huict mousquettons devant moy fort majestueusement, je ne sçay si elle oseroit me prendre pour si petit compagnon qu'elle m'a cognu à Paris. |
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