Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6394. F. van DohnaGa naar voetnoot1). (H.A.)Parmy diverses marques de vostre amitié j'estime beaucoup celle que vous venez de me donner, en m'advertissant de ce qui s'est dit à mon prejudice dans vostre conversation avec M.r [de Lionne]Ga naar voetnoot2), qu'il n'avoit tenu qu'a cent mille francs, lesquels si le Parlement de Paris eut peu fournir, Orange luy auroit esté remis, apres quoy vous pouriez juger en quel estat on auroit mis les affaires du Roy en ces quartiers de la bas, et s'il n'y alloit pas de la perte de deux ou trois provinces. Je vous prie de vous souvenir qu'on vous avoit dit la mesme chose il y a trois ans, sinon qu'on ne specifia pas la somme, et qu'on mit au lieu du Parlement de Paris feu M.r le duc d'OrleansGa naar voetnoot3), de quoy mesmes on disoit avoir un traitté signé. Une autre fois on m'accusoit d'avoir cabalé avec les Huguenots; enfin changeant de noms et de circonstances selon que pour les choses controuvées on manque de memoire, ou qu'on juge les apparences de ce qu'on veut faire croire plus approchantes de la vraysemblance. Je destruisis, Dieu mercy, la calomnie d'alors par un memoire que je fis tenir à M.r de Lionne, qui eut la bonte de [le] lire au Roy en presence de M. le Tellier. Sa Maj.té et ces M.rs y trouverent mon commerce avec les Huguenots, et ma participation aux troubles de la France si peu criminels, que M.r de Lionne fit responce de la part du Roy, que Sa Ma.té et eux se souvenoyent en effect des services que j'avois rendu en Languedoc et Provence en 1652Ga naar voetnoot4), que le Roy estoit persuadé du reste contenu audit memoire que vous avez veu, Monsieur, et avoit commandé à Monsieur le Tellier de m'entendre quand je voudrois sur le sujet de mes affaires particulieres, ce qui m'avoit esté interdit pendant cinq mois, comme vous scavez; je vous edifiay mesmes sur ce que je m'estois intrigué dans les troubles du voisinage, comme j'en avois informé S.A. lorsque la chose arriva, vous disant, que comme vous aviez eu part tant d'années durant aux plus importantes, et aux plus secretes affaires des deux derniers Princes d'Orange, vous scaviez que l'instruction des gouverneurs d'Orange portoit de ne se mesler en aucune façon dans les discensions du Royaume, mais que quand il falloit necessairement prendre party, ils prissent | |
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tousjours celuy du Roy; c'est ce que j'ay fait. Tant que les choses ne pericliterent point, je ne me meslay de rien, jusques à ce que les affaires vindrent au desespoir; celles de Provence estoyent en l'estat que chascun scait; le Languedoc, gouvernement de M. le duc d'Orleans suivit presques tout entier sans repugnance son gouverneur, oncle du Roy mineur. Alors la necessité des affaires requerroit un service que presques moy seul je pouvois rendre, c'estoit de disposer certain regiment de six cents hommes, à la verité presques tous Huguenots du Vivarests, destinez à autre chose, à suivre M. le duc de MercoeurGa naar voetnoot1), qui n'avoit presques que cela pour conquerir la Provence, comme il fit. Voila tout mon commerce avec les Huguenots, auxquels je ne me vanteray point d'avoir inspiré leur fidelité pour le service du Roy; ils ont leur S.t Paul, qui les reigle là dessus aussi bien que les exemples de leurs peres, dont les restes des massacres, et des supplices affermirent les trosnes de Henry III et de Henry IV, et firent en Languedoc en 1632 pour Louys XIII ce que chascun a veu; ainsi n'avoient ils pas besoing de ma persuasion pour faire ce qu'ils firent à Montauban, à la Rochelle, chez nous et ailleurs dans un temps ou ny le Roy, ny la Regence ne leurs faisoit ny tort ny violence. Pour ce qui est de feu M. le duc d'Orleans, son conseil establi dans le Languedoc, dont pas un n'estoit Huguenot sur ma parole, m'envoya le deffunt S.r de la Tour la Bafve, vieux maistre de camp, pour m'offrir de la part de leur maistre, de la Reine d'Angleterre, et de feue Mad.e la Princesse Royale d'Orange, à ce qu'il me dit, la confirmation de mon gouvernement jusques à la majorité du Prince, avec toutes sortes d'avantages dans le party, si seulement je voulois user de quelques legeres complaisances pour eux. Je luy respondis ce que je viens de dire de l'instruction des gouverneurs d'Orange, qui me lioit si fort que je serois obligé de donner sur le champ avis en cour de France de tout ce qu'il venoit de me dire, comme je fis de cela aussi bien que des trouppes que je donnay à Monsieur de Mercoeur; j'en ay de[s] lettres de remerciement et du Roy et de M. le cardinal Mazarin. Si quelque chose m'a pu faire soupçonner de changement, ce peut estre que je n'ay jamais pretendu recompense de pareils services, comme tout le monde faict et doibt faire, lorsqu'il les rend en desseing de servir le Roy, la ou moy je lé faisois purement pour obeir à mon Maistre, bien que j'eusse des lors, comme j'ay encor presentement, les plus respectueux desirs qu'il est possible pour le service de Sa Maj.té. Touchant le Parlement de Paris, voicy en saine conscience les premieres nouvelles que j'en ay, ne m'ayant de ma vie rien esté proposé de sa part que je me souvienne, moins m'a il demandé le chasteau d'Orange, qu'ame du monde ne m'a jamais demandé que le Roy. Je ne doibs point finir sans vous prier de vous souvenir de ce que vous respondit un jour M.r le Tellier dans la vielle cour de S.t Germain, en presence, si je m'en souviens, de M.r le marechal de Grammont, M.r Colbert, et autres personnes de haute importance, qu'il faloit advouer que ny Mess.rs les Princes d'Orange, ny leurs gouverneurs, ny mesme le comte de Dona n'avoyent jamais donné sujet de plainte au RoyGa naar voetnoot2). |
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