Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6378. Prinses Amalia van Oranje. (H.A.)J'ay reçeu vostre longue depesche du 17e en response a la mienne de l'lle de ce moisGa naar voetnoot1); a laquelle je vous diray que je croy m'estre assez expliquée pour vous faire voir ce qui m'a forcée a faire ce que j'ay faict pour Beauregard, et que vous auréz asséz compris que je n'ay consideré en tout que la seule intercession du Roy, sans laquelle je n'aurois eu garde de me laisser aller | |
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a une action si contraire a mes sentimens. Avant que d'en venir la, j'ay bien et meurement consideré, debattu, et balancé tout ce que vous me dites sur ce sujet, et pardela, comme je vous ay dit par madite depesche, par laquelle vous auréz bien compris aussi que je n'ay eu autre intention ni d'autre but que d'obliger le Roy seul, sans aucun esgard a Beauregard, estimant beaucoup plus genereux et obligeant, et mesme utile, de faire a la consideration seule de Sa Maj.té et a sa priere, ce que nous avons desja faict en partie, et aurions encore, sans doute, esté obligéz de faire en tout, par une amnestie generale. Le restablissement dans ses charges ne vous doibt point mettre en peine, car il s'en est creu privé, quoyqu'a nostre esgard il ne l'ayt point esté, de sorte que nous luy avons pu d'autant plustost accorder, et au reste nous nous reservons absolument les clauses et les restrictions de ses commissions et provisions, les changements, augmentations, et diminutions de ses instructions, et generalement les reglements desdites charges, comme les Princes se le sont tousjours reservéz, a quoy M. Destrades n'a aussi rien trouvé a redire, et par consequent que nous pourrons tousjours disposer des deniers de la ferme comme il nous plaira, que vous pourréz aussi continuer de recevoir jusques a autre ordre, en vertu de l'ordonnance que j'en ay donnée aux fermiers, sur quoy on aura temps de deliberer et resoudre pour quand vous travailleréz au restablissement des affaires a Orange; ne voyant pas aussi pourquoy vous ne luy pourréz pas dire les choses que vous auriéz a luy representer pour l'exhorter a son devoir et a sa fidelité, pourveu que ce soit en termes qui ne fassent point croire au Roy, et a ses protecteurs que nous ne luy tenons pas ce que nous luy avons accordé a la consideration seule de Sa Maj.té, sans luy celer cependant ses fautes et ses crimes, que M.r Destrades aussi a creu que nous ne devions pas laisser d'exaggerer, m'ayant mesme asseurée que le Roy prendroit la peine de lire les petites observations que j'ay faictes sur son impertinent escrit, et que l'obligation qu'il m'auroit, seroit d'autant plus grande que les crimes de son autheur seroient exposéz et verifiéz, ce que vous estes plus capable de faire que nul autre, m'en estant aussi remise a vous, et particulierement aussi au passage, ou il pose hardiment qu'il tient sa charge a tiltre onereux, que nous avons bien remarqué, mais que vous refuteréz aisement. Vous avéz donc fort bien faict, et selon mon intention de traicter au long le chapitre de l'apologiste a M. de Lionne, qui vous a bien confirmé ce qu'on m'avoit asseuré ici, que c'est la bigotterie affectée qui faict joüer tous ces ressorts en sa faveur, d'ou vous pouvéz conclurre si sans relascher a son esgard nous aurions pu venir a bout de l'affaire principale. J'ay bien aussi ouï dire qu'on peut abuser des lettres de cachet. Mais en ce cas ici j'ay suject d'estre asseurée qu'on ne l'a pas faict, puisqu'un ambassadeur s'en est meslé hautement au nom du Roy son Maistre, lequel d'ailleurs vient de me remercier obligeamment par une lettre de sa mainGa naar voetnoot1). Dieu soit loüé qu'enfin nous commençons a voir la porte ouverte pour rentrer en nostre bien, ayant veu avec satisfaction les particularitéz de vostre audience, et la maniere dont le Roy s'est expliqué. Il est vray, qu'au snject de la garantie, que vous avéz tres-bien faict de demander, j'eusse esté bien aise qu'entre nos adversaires vous n'eussiéz point nommé la Maison | |
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de Longueville, mais eussiéz simplement usé du mot general de pretendans. Il nous reste presentement a songer a quelque personne capable, pour commander dans la place, et a regler vos instructions selon lesquelles vous auréz a agir quand vous y seréz arrivé, a quoy on va travailler pour l'ordinaire prochain, le temps estant trop court pour le faire par cettuy-ci, puisqu'il faut revoir et examiner ce qui a esté faict ci devant sur ce sujet. J'espere cependant que vos prochaines me diront le jugement de M. l'ambassadeur d'Angleterre sur toute cette affaire, de laquelle j'ay avis certain qu'a la cour du Roy son Maistre on se met fort pen en peine, quelque mention qu'on en fasse, estant respondu a celuy que j'y emploie, qu'il ne faut pas maintenant rompre la teste au Roy de France, par ou vous pouvez donc bien juger, s'il n'est pas temps que nous en fassions une fin nous mesme. Je n'ay pas meilleure response sur la lettre que j'ay escritte a M. le chancelier touchant nostre argent, qui a promis que je l'aurois a la huictaine, et cependant a dit de bouche par avance, qu'il ne sçavoit pas si en la conjoncture presente une telle proposition seroit compatible avec les demandes que le Roy estoit obligé de faire au Parlement, appellant tousjours nostre debte une vieille debte. Vous jugeréz par la quelle response vous pouvéz aussi attendre aux deux lettres que vous avéz bien faict d'escrire sur ce sujet, dont vous m'avéz envoié copie. Les lettres de Sylvius font voir que chascun tasche presentement de faire le bon valet et de rentre en grace. Vous feréz tres bien de luy faire sçavoir par l'addresse dont vous vous estes servijusques ici ce que vous me marquéz, et a vostre arrivée a Orange il en verra les preuves. ..... A la Haye, ce 25 Decemb. 1664. |
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