6377. Aan H. de Lionne. (H.A.)
Le sujet de nostre conversation d'hier au matin me porte à vous faire souvenir, qu'il est de la substance de nostre affaire, qu'il plaise au Roy de faire remettre à tels officiers de S.A. mon Maistre que je designeray le chasteau et la principauté d'Orange, ensemble tous les canons, armes, et munitions de guerre que les officiers de S.M.té y ont trouvées et receues par inventaire, en suitte de quoy aussi vous sçavez, Monsieur, qu'il est juste et raisonnable que l'on fasse reparer soit en effect, ou bien par argent les deteriorations qui pour-roient estre arrivées à la maison et ses dependances, et tout cela pour estre compris dans les ordres que le Roy aura aggreable de faire depescher pour l'evacuation, n'estant point à presumer de la grande generosité de S.M.té qu'elle vueille souffrir que le Prince mineur reçoive aucune perte ou prejudice de sa part. - Ce qu'il vous pleut me dire de l'exception proposée par M. le commandeur de Gaut pour sauver ces belles cinquante pistoles, comme si de mon sceu et mesme en ma presence il auroit esté concerté que S.A. retireroit ces meubles hors de ses mains en payant ce qui est à elle, est plus surprenant que chose du monde, n'y ayant jamais eu aucune conversation entre ledit Sieur commandeur et moy, qui ne me souvien qu'à peine de sa physionomie, Outre que c'est une incongruité assez estrange de dire que de par le Roy on luy auroit faict present du bien du Prince d'Orange. Mesme, Monsieur, quand quelque chose de tel se seroit passé, soubs pretexte des arrests que vous sçavez, S.M.té vient elle pas de les casser et annuller avec tout ce qui s'en est ensuivi, et est il permis d'eluder ainsi ses ordres? En voyci trop pour cinquante pistoles, mais l'affront est sensible et la consequence dangereuse. Je vous supplie
tres-humblement d'y faire les reflexions que vostre grande prudence vous dictera, et de me croire tousjours ..... 25 Dec. 64.