Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6192. Aan D'AcostaGa naar voetnoot1). (H.A.)S.A. la Princesse Douariere m'ayant faict l'honneur de vouloir sçavoir si je ne jugeois que le Sieur Chieze, qui vous rend la presente, seroit personne propre à recevoir de vous les informations dont vous avez tousjours souhaitté de vous pouvoir descharger avant mourir, je n'ay point eu de peine à concourrir en cela avec le sentiment que desjà elle m'avoit tesmoignée d'en avoir. J'accompagne de ce mot l'authorisation qu'il vous exhibera sur le subject dont il s'agit pour vous dire, que vous trouverez en luy tout ce qui se pourroit souhaitter de capacité, d'honneur et de loyauté en un bon subject envers son Prince naturel. A quoy se joignant ce particulier de la religion, que j'apprens que vous avez specifié, sans que j'en sache bien la cause, je pense qu'il ne restera aucune chose qui vous rende scrupuleux de vous ouvrir audit Sieur Chieze de tout ce que le coeur vous dira devoir estre deposité entre les mains d'un bon maistre, par un vieux et fidele serviteur. S'il eust pleu à Dieu que ceste fascheuse affaire d'Orange qui me tient accroché jusques à present en ceste cour, eust pû estre terminée de meilleure heure, vous m'eussiez veu en personne dans cest employ avec Monsieur le comte de Dona, mais on trouve qu'il importe, que j'acheve icy et à Orange ce qui est de la moitié de ma commission, pour au retour me rendre en vos quartiers, et m'y acquitter des ordres que j'ay receus pour cest effect. J'espere, Monsieur, que je ne m'y trouveray point frustré du desir que j'ay tousjours eu de vous y rencontrer en ceste vigueur de corps et d'esprit dont j'apprens avec joye que vous jouïssez jusques à present. Ledit Sieur Chieze a tousjours esté icy avec moy, et je puis vous | |
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dire avec verité, que je ne me passe pas volontiers de si bonne compagnie. C'est ce qui m'oblige de vous recommander de l'expedier le plus promptement que vous pourrez, comme en effect je n'estime pas qu'il aura subject, qui doibve l'obliger de faire long sejour pardelà, ne doubtant pas que vous n'ayez desjà de bons indices et inventaires prests à luy mettre en main, et pour les advis que vous prendrez la peine de luy communiquer de bouche, il a la plume assez bonne et prompte, pour recueillir les choses à mesure que vous vous souviendrez de les luy representer. Pour la depense qu'il aura à faire on a trouvé bon que les moyens luy en soyent fournis pardelà par le thresorier de S.A. à qui cela sera alloué sur ses comptes ainsi qu'il appartient. Je prie Dieu de vous continuer longtemps la mesme grace qu'il vous a tant faict durer, et demeure d'entiere affection ..... A Paris, 3 Dec. 1663. |
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