Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6033. Aan J. SauzinGa naar voetnoot3). (H.A.)aant.Ma derniere fut du 26e Janv.rGa naar voetnoot4); la dessus je n'ay point encor veu vostre response, mais bien vos despesches du 31 Janv.r et 7e du courantGa naar voetnoot5). Par la premiere j'ay esté bien edifié de veoir comme on s'est prudemment avisé de respondre à M. de Bezons ainsi qu'il appartient à subjects et officiers loyaux, qui ne peuvent agir que par la volonté de leur Maistre. Dans la grande response apologetique de M. de Beauregard il y a bien des choses frivoles, et qu'il ne vault pas la peine de refuter. Pour les belles protestations d'obeïssance qu'il y mesle, et sur lesquelles il encherit encor bien par les lettres qu'il escrit au S.r de Martinon son ami, j'ay dit à cestuy ci qu'elles ne font que le rendre plus odieux, tant que les effects n'y respondent point, mesme que je ne fay aucun cas de ce qu'il luy a envoyé icy la lettre de M. de Bezons toute close, pour faire veoir qu'il renonce, comme il dit, à toute autre protection que celle de son Prince, si en mesme temps je n'apprens qu'effectivement et sans reserve il leve tous les embaras, au moyen desquels vous verrez par l'escrit cy joint que les fermiers protestent ne pouvoir jouïr des revenus de la ferme, et en suitte refusent de satisfaire aux ordonnances de la Tutele. Ledit Sieur de Martinon qui paroist homme de bien, ne feint point d'advouër qu'on a raison de pretendre une obeïssance absolue de ses officiers, et me promet de tousjours y exhorter son ami, comme je sçay qu'il a desjà beaucoup faict par le passé. Nous verrons quel en sera l'effect. En general il faut que je vous dise que les officiers qui se font cercher et recercher où il n'est question que de seconder les intentions du Maistre, qui, au fonds, n'a aucunement besoin de leur adveu, usent en cela d'une politique, où un jour ils pourront trouver que la prudence a beaucoup manqué. J'ay souvent faict sonner ceste corde pour | |
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leur bien; ipsi viderint. Cependant, comme dit tres-bien M. de Lubieres, les fermiers attendent trop à se prevaloir des moyens qu'ils ont en main; et sur ce que j'en ay dit au S.r AlibertGa naar voetnoot1) il s'est chargé d'ordonner à ses gens pardelà de passer outre sans plus heziter. Pour ce qui regarde M. le commandeur de Gaut, je travaille aussi à faire cesser les obstacles qui nous pourroyent nuire de son costé, sur ce qu'encor depuis peu en une longue audience que j'ay eue du Roy, S.M. m'a rasseuré de nouveau qu'elle n'entend point qu'on se mesle de nos domaines. J'espere qu'en bref nous sortirons de tout' affaire d'une maniere ou d'autre, et n'aurons plus subject de nous travailler de tant d'escriture. Je m'estonne comme vous ne prevoyez pas cela tant que vous estes, et qu'alors ceux qui auront le mieux agi en recevront le plus de gré et de reconnoissance. Vous avez receu la petite ordonnance que par mesdites dernieres du 26o Janv.rGa naar voetnoot2) je vous ay envoyé pour les reparations necessaires aux isles dans le Rhosne; en voyci une autre pour celles du four bannal d'OrpierreGa naar voetnoot3), et pour le payement d'une année de pension deue aux cordeliers, à ce que me mande M. de LubieresGa naar voetnoot4). S'il y a quelques autres choses dans lesquelles à petits fraix on puisse prevenir grand degast, vous ferez bien de m'envoyer un memoire des plus pressées, pour y faire pourveoir; les depenses de plus de consideration pourront estre remises jusqu'à mon arrivée pardelà. - Ne vous mettez pas en peine du payement de vos gages et du rembourssement des fraix dont vous parlez; dès que nous disposerons du revenu sans embaras ce sera le premier de mes soings. Il me semble que M. de Lubieres m'a faict pareille semonce par le passé, et personne n'y perdra rien. - Il se trouve que le certificat par lequel M. de Beauregard a voulu faire paroistre la mesintelligence qui seroit entre luy et M. Sylvius, n'est qu'un extraict des conclusions prinses par cestuyci sur le subject de ses comptes, comme je m'en estoy bien doubté, n'en ayant prins connoissance que presentement à vostre instance. Vous trouverez cy joinct copie d'une lettre que le Sr. de la Pise m'a escritte sur la fin dè l'an passéGa naar voetnoot5), comme aussi copie d'une deduction qu'autrefois il a faicte pour soustenir le juspatronat de S.A. en l'abbaye de S.t André de Ramieres. J'ay trouvé qu'il importe que vous soyez muni de l'une et l'autre piece, et qu'en suitte vous fassiez entendre a ces dames, que venant sur les lieux, j'auray soin de leur interest et de leur faire rendre justice. J'apprens de la Haye à mon grand regret la perte qu'on y a faicte du pauvre M. VialGa naar voetnoot6), que S.A. Madame sentira fort, comme faict encore plus M. de Montieres qui est icy. Dieu l'a voulu, et ne sert d'en murmurer. Je le prie de vous conserver en santée heureuse et prospere ......... A Paris, 22e Febvrier 1663. Postdate du 23e. Tout presentement et devant le depart de l'ordinaire vient de m'arriver vostre pacquet du 14e de ce moisGa naar voetnoot7), aveq l'enclose pour S.A. Madame, à qui je l'envoye ce jourdhuy mesme. Vous raisonnez tres-bien sur l'escrit du S.r de Beauregard. Desjà le beau texte de sa lettre au Roy d'Angleterre avoit esté illustré de mes commentaires assez conformes à la substance des vostres. Vous | |
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n'estes pas les seuls pardelà qui avez gousté ma lettre du 26e Janv.r; le propre ami du S.r de Beauregard icy l'a jugée si salutaire tant pour luy que pour d'autres, qu'il seroit à propos de la faire imprimer. J'espere que ceux qui ont esté curieux d'en avoir des copies s'en voudront servir pour le bien des affaires de S.A. et le leur propre. Je vous rendray bon compte de ce qui me viendra de la Haye pour vostre consolation, et en escris en bons termes. - Je m'en vay faire communiquer au S.r Alibert ce que vous me mandez de l'estat où ils sont pour la perception de la pluspart de la ferme. Il est bien raisonnable qu'en suitte ils satisfassent à des ordonnances que j'ay par devers moy, et je l'en presseray comme il l'appartient. - Je vous ay dit par le passé que S.A. estoit content de faire fournir quelque chose de son costé pour la rançon de ces prisonniers d'Avignon, et M. Alibert m'avoit asseuré qu'il en alloit faire faire autant de son costé. Je ne sçay donc à quoy il tient que cela ne s'acheve. En attendant, voyci une ordonnance de cinquante escus pour subvenir à leurs necessitez presentes dont j'ay grand pitié. Vous en pourrez tenir un petit compte à part, pour en respondre de temps et lieu, et en donnerez vostre quitance aux fermiers, sans en faire bruict. Je m'asseure que Mad. la Princesse aggreera bien ceste charité, et d'encor plus s'il en sera besoin. Vous ferez par avance la distribution de cecy avec le secret et discretion requise. |
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