Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6020. Aan J. Sauzin. (H.A.)Apres avoir beaucoup attendu des nouvelles de l'estat de vostre santé, qu'il me semble que vous eussiez pû me faire sçavoir de temps à autre, j'ay esté bien ayse de vous veoir resuscité, par vostre lettre du 12e de ce mois, et plus encor par celle du 17eGa naar voetnoot2) de ce que ne vous plaignant plus de rien vous semblez avoir resolu de nous tenir encor compagnie au monde pour quelque temps. Je prie Dieu qu'il soit long, pour le bien de vostre famille, et nommément pour le service de vostre bon Maistre que je m'asseure que vous voudrez continuer d'affectionner comme vous debvez, et comme nous devons tant que nous sommes. Au reste j'ay eu de la peine à comprendre pourquoy durant vostre maladie on n'a pas achevé un' affaire que des le 13 Decembre de l'an passé on me manda avoir esté resolue, et n'avoir plus besoing que d'estre resumée et signée le lendemain, comme M. de Beauregard mesme me le fit confirmer par le S.r de MartinonGa naar voetnoot3) son amy en ceste ville. Il arrive assez souvent à la Haye que quelqu'un du Conseil se trouve obligé de garder le lict ou la maison, mais que pour cela les affaires de S.A. demeurent reculées ou l'execution de ses ordres suspendue, c'est de quoy nous n'avons jamais ouy | |
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parler. Et d'autant plus est ce que je m'estonne à raison de quoy M. de Beauregard a voulu s'absenter d'où il n'y avoit que ce que dessus à faire, soubs pretexte de je ne sçay quelle indisposition ou de luy mesme ou de Mad.e sa femme, dont ni l'une ni l'autre ne le pouvoit empescher de faire confirmer de sa part ce qu'il avoit desjà aydé à resoudre, ni de signer l'arrest jusque dans son lict. Aussi peu comprens-je que c'est qu'a voulu dire le S.r advocat Sylvius en sortant devant que cest arrest fut couché et en estat d'estre signé, comme me marquez toutes ces belles circonstances par vosdites deux depesches. Comptez moy pour rien. Monsieur, à qui on a tant faict de protestations contraires, comme aussi j'en ay rendu un compte tres-fidele où je debvois. Je souffre qu'on me trompe, mais y a il quelqu'un pardelà qui ose se jouer au Maistre de mesme qu'au valet? Certes un jour ils auront à se souvenir que ce valet les a mieux traicté qu'ils n'ont voulu meriter, et que tres-impudemment ils auront donné subject à ce Maistre de se ressentir de leur conduitte. Publiez hardiment ce que je vous dis, et ne manquez pas d'y adjouster qu'au fonds c'est s'abuser lourdement de presupposer que S.A. Mad. en la qualité qu'elle agit, croye que l'effect ou l'execution de ses ordonnances depende en aucune sorte des enregistremens d'Orange. Tout cela ne sert que d'espreuve de ce que chascun a dans le coeur, et à la parfin chascun sera jugé selon ses oeuvres. Pour des belles paroles de ce païs là j'ay apprins à ne m'y fier plus jamais. Je trouve un rapport assez manifeste à tout ce que dessus en ce que vous estes mandé par M. Bezons pour luy aller rendre raison des radiations faictes au compte de M. de Beauregard. Il faut pourtant veoir ce que cestuyci respondra sur ce qu'on a sagement resolu de luy demander, sçavoir, s'il persiste aux fins de ladite lettre. S'il dit qu'ouy, contre la teneur de tant de protestations, il restera à S.A. de prendre ses mesures. Mais quoyque je me trouve abusé en diverses bonnes opinions que j'ay euës de luy, je veux encor esperer ceste unique fois en sa faveur, qu'il sera plus sage, et vous, Monsieur, de vostre costé plus advisé que d'aller exposer les affaires de vostre Prince à une autre judicature que la siene, sans un ordre; en attente duquel vous ne sçauriez avoir de la peine à vous excuser de ne pouvoir obeïr qu'à un maistre à la fois. Pour nos fermiers puisque la mainlevée par eux requise a esté decretée en Hollande et, graces à Dieu, interinéeGa naar voetnoot1) à Orange, qu'ils n'auront plus qu'à satisfaire aux ordonnances qui leur viendront de temps à autre selon le bon plaisir de S.A. Mad. et l'exigence des affaires, jusques à ce qu'il soit plus amplement pourveu à tout, en voyci une petite pour la depense que vous dites estre necessaire aux isles sur la RhoneGa naar voetnoot2); je vous recommande de la faire mesnager tant qu'il sera possible, parce que S.A. a besoin de ses revenus, ......... le 26e Janv.r 1663. P[ost] d[ate] en billet apartGa naar voetnoot3). Je vien de monstrer tout ce que vous m'escrivez, M. de Lubieres et vous, | |
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au S.r de Martinon, qui en demeure aussi estonné que moy, ne sachant comment accorder ces procedez, qu'il deteste ouvertement, avec ce que son amy luy a tant protesté au contraire, et luy à moy par son ordre. Il m'asseure de n'avoir rien eu de sa main d'un ordinaire ou deux, et me prie de faire avoir copie à Beauregard de ma presente lettre, à quoy je desire que vous ne manquiez point, non plus qu'à la communiquer à quiconque vous le demandera. |
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